« Witness » : là où l’observateur est observé

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L’artiste allemand Bjöern Schülke présente Vision Machine #3. | Photo de New Media Gallery

Aujourd’hui, sans rien vous apprendre, nous sommes au cœur de la technologie. Continuellement, nous interagissons avec elle. Mais quelle est notre véritable relation avec celle-ci ? Dirigeons-nous la technologie ou s’agit-il plutôt de l’inverse qui se produit ? Pour réfléchir à cette question, la New Media Gallery vous invite à découvrir les différentes façons de percevoir la technologie avec sa nouvelle exposition Witness, présentée jusqu’au 6 novembre à New Westminster.

 

Cette exposition d’art contemporain – médias numériques et électroniques – illustre les espoirs et les craintes du processus d’une technologie. Cette dernière observe, capture et devient alors un témoin universel. Bien que l’exposition Witness présente des facettes de la technologie, il n’est aucunement nécessaire d’être un expert ou amateur des nouveaux médias pour apprécier ses installations.

« Nous ne mettons pas l’accent sur la technologie dans le propos, mais plutôt sur d’autres aspects comme la communication : cette connexion dans le monde qui nous entoure, à travers l’art contemporain et la théorie, scientifiquement, philosophiquement et en des termes psychologiques », souligne Sarah Joyce, directrice et conservatrice de la New Media Gallery.

Différentes visions

Les directeurs-conservateurs de la New Media Gallery, Sarah Joyce et Gordon Duggan, ont fait plusieurs démarches et recherches afin de dénicher des œuvres d’art uniques et connexes pour réaliser cette exposition qui se distingue.

« Nous examinons constamment l’art et les artistes. Nous le faisons par le biais des critiques et par des visites d’expositions. Parfois, il faut un certain temps à une œuvre d’art pour être présentée dans une galerie. Le processus de fabrication des expositions est souvent très long ! Nous laissons toujours les œuvres d’art parler d’elles-mêmes. Nous ne choisissons pas un thème pour l’illustrer par la suite avec l’art; c’est plutôt le contraire », affirme Sarah Joyce.

Au bout de leurs recherches, ils présentent finalement cinq œuvres d’art internationales, créées entre 1992 et 2016. Tout d’abord, celle de Rafael Lozano-Hemmer, Surface Tension, a été exposée dans le monde entier, et ce, dans certaines des plus prestigieuses institutions, depuis 1992. Cette œuvre met en référence l’utilisation des technologies de surveillance et du rôle des exactitudes d’un regard fixe militariste. Le plus récent travail de Adam Basanta Like A Truly Magical Moment a été créé seulement l’année dernière. Avec cette œuvre, « il s’amuse à tordre les codes ou en abuser de manière à créer une fissure dans notre compréhension de la technologie et de sa place dans notre vie ». L’exposition comprend de plus le provoquant travail de la Marseillaise France Cadet intitulé : Do Robotic Cats Dream of Electric Fish ? Une œuvre fascinante par Stanza (UK), The Agency at the End of Civilization 2014, présente un avenir parallèle qui combine les données du temps réel avec de faux récits. Et finalement, l’artiste allemand Bjöern Schülke présente Vision Machine #3 : un projet sensible caractérisé par sa conscience intérieure animée.

« Nous sommes ravis que cette exposition soit si populaire ! Elle semble être appréciée par les gens de tous âges et de milieux variés. Chaque œuvre explore différents types point de vue : la surveillance, la vue robotique, les villes surveillées, et la vision militaire. Mais les œuvres explorent aussi l’agitation, l’empathie et la paranoïa », rajoute Sarah Joyce.

Dans l’air du temps

Les arts médiatiques se définissent comme un ensemble d’explorations et de pratiques artistiques, dont les processus et les œuvres utilisent principalement les technologies numériques (vidéo, robotique, multimédia, interactif) pour la création et la diffusion. Il s’agit là d’un art de plus en plus pratiqué. L’artiste d’art contemporain Adam Basanta voit dans cette forme d’art l’occasion d’unir divers éléments techniques et de former des relations étranges pour créer un résultat très différent de ce à quoi la technologie est destinée, comme il a fait pour sa création.

Selon l’artiste, la réflexion proposée dans Witness est très importante en ce moment.
« La technologie est tout autour de nous, et devient lentement “invisible”. Nous cessons de remarquer que nous l’utilisons. Dans le même temps, nous sommes inondés de publicités et les forces du marché encouragent la consommation, et ce, sans être critique face à la technologie. Les œuvres d’art avec la technologie contestent en quelque sorte leur utilité, leur valeur économique, leur promesse d’un mode de vie radicalement amélioré à faible coût, cela est crucial pour une compréhension plus critique de la technologie et de la façon dont elle nous entortille », affirme Adam Basanta.

 

Witness

New Media Gallery,

Ville de New Westminster

Exposition jusqu’au 6 novembre

www.newmediagallery.ca