Faire de la différence une normalité

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Partir de son pays natal, sa ville d’origine, n’est jamais chose aisée. Plein de questions, et quelques doutes parfois, nous submergent. D’où l’importance selon moi de s’installer dans un endroit qui nous corresponde au mieux malgré les différences culturelles et même géographiques.

Avant de décoller pour Vancouver, de nombreuses personnes étaient intriguées par ce choix. Elles se demandaient ce qui m’avait poussé à choisir cette destination, moins réputée en France que certaines villes comme Montréal, Toronto ou même Ottawa. Au-delà de mon désir d’aventure et d’émancipation, mon premier objectif était de me fondre dans le moule de cette ville anglophone du Canada pour y apprendre la langue et les codes. Même si j’avais entendu parler de l’ouverture d’esprit de la ville, j’étais loin d’imaginer sur quoi j’allais tomber. À l’image des paysages sauvages et montagneux surplombants la ville, mais aussi des édifices du centre-ville, la population locale s’est avérée plurielle et contrastée. Peut-être étais-je face à la vraie définition du mot « multiculturel » et qu’enfin il prenait tout son sens.

Étant originaire de Paris, le fait de côtoyer les populations de différentes cultures ne m’était pas étranger. La seule chose qui m’a directement frappé, c’est peut-être la symbiose générale qui régnait au sein de Vancouver. Comme si la différence était une norme et que chacune de ses caractéristiques était acceptée sans contraintes, telle une force sur laquelle voulait s’appuyer un pays tout entier. Une sorte de révolution idéologique dépourvue de violence. Car l’atmosphère qui se dégage de la ville de Vancouver est bien un sentiment de sérénité, et le choc esthétique est chaque jour au rendez-vous.

Il est d’ailleurs par moments difficile de se sentir dans un pays d’Amérique du Nord tellement le melting pot est important. De plus, « l’identité nationale » et la fierté d’être Canadien ne semblent pas très exacerbées, au contraire des États-Unis par exemple. Cela peut sans doute se comprendre par le fait que presque un habitant sur deux n’est pas né à Vancouver. On y vit surtout (d’après les rencontres que j’ai pu faire) pour les avantages professionnels et le cadre de vie. Comme si la ville se cherchait malgré tout encore une identité, ce qui est souvent le cas dans des pays aussi jeunes que le Canada. Une caractéristique qui peut interpeller certaines personnes, dont la mienne, venant d’un continent à l’histoire plus marquée et présente au jour le jour.

Seulement, les Vancouvérois savent faire honneur à leur environnement et sont en avance sur ce point sur le continent européen. Ils sont très fiers de leur nature, la mettent en valeur et donc, la préservent en conséquence. Si on veut faire partie intégrante de la « Cité », il faut en respecter les codes. Malgré un coût de la vie assez cher, la population aime avoir un régime de vie sain. Pas étonnant de tomber sur un grand nombre de restaurants bio ou de voir des gens faisant leur footing dans les nombreux parcs de la ville. Sur les plages, devant les magasins, les terrasses, le tabac est par exemple prohibé. L’alcool ne possède également pas un crédit énorme et n’est pas toléré dans les lieux publics, a contrario par exemple du cannabis. Outre ces quelques règles « élémentaires », parfois en totale contradiction avec l’esprit latin, qu’il est difficile à renier pour un Français, Vancouver ne cache pas ses ambitions sur le plan écologique.

La moitié des trajets s’y effectue en vélo, à pied ou en transports en commun, et de nombreux projets sont en développement. L’avantage est réel et au-delà de respirer un air un peu plus frais qu’ailleurs, il permet également de se balader dans la rue sans avoir la peur de marcher dans une crotte de chien, comme il peut souvent arriver à Paris.