Quand la jeunesse prend la parole

Photos de YWCA

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« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». La jeunesse du Grand-Vancouver illustre parfaitement cette citation de Corneille. Engagée, elle prendra la parole le 19 novembre lors d’une conférence intitulée YOUth : desconstructing the world around you ? L’occasion de percevoir le pouvoir des médias et ses répercussions sur la construction identitaire de la jeunesse.

Le collectif Strong Girls, Strong World de Vancouver, constitué de jeunes filles de 16 à 22 ans, organise cette 4e édition, soutenu par l’association à but non lucratif YWCA Metro Vancouver. Les membres du collectif, né il y a deux ans suite à la mise en place d’un programme national sur l’égalité des sexes, s’adresseront directement à la jeunesse. Près de 70 jeunes déjà inscrits, soit le double de l’édition précédente, participeront à la conférence. Les jeunes parlent aux jeunes.

La prise de conscience des inégalités au quotidien

« Enfant, j’ai toujours eu conscience des différences, je remarquais certains détails, je posais beaucoup de questions. Jeune on ne comprend pas bien ce qu’est le sexisme, le racisme », dit Serene Mitchell, 17 ans, membre du comité de la conférence. Son histoire illustre le sentiment de beaucoup de jeunes filles. D’origine asiatique, sa différence aux yeux des autres s’exprime différemment : son sexe, sa couleur, son âge. Ces détails, dispersés dans la vie quotidienne et dans les médias, ne le sont plus pour ceux et celles qui en souffrent. La différence de traitement selon le sexe, la normalisation des stéréotypes par les médias, autant de discriminations qui heurtent quand on ne se reconnaît pas dans la norme.

Peggy Chen, coordonnatrice de projet engagement jeunesse au sein du YWCA, explique que si les femmes sont une minorité, devant très souvent en faire plus pour obtenir la même chose que les hommes, ce groupe est loin d’être homogène, impliquant pour chaque groupe des luttes pour faire valoir ses droits. La sexualisation dans les médias influence grandement, notamment les jeunes filles dans leur rapport à elles-mêmes, sur leurs relations, leur santé.

La parole comme première étape de l’engagement

Bien qu’ils ne soient pas conviés, les parents reconnaissent l’importance pour leurs enfants d’avoir un espace d’expression totalement libre, condition indispensable de cette conférence. Venir parler de discrimination devant d’autres personnes, c’est déjà s’engager et prendre position. Décortiquer les médias pour comprendre comment ils construisent et véhiculent les idées, aiguiser son esprit critique pour mieux comprendre le monde, voilà ce que propose de faire la jeunesse pour elle-même.

Quatre ateliers seront proposés, quatre thèmes choisis par les jeunes après une longue réflexion :
les représentations dans les médias, le traitement des questions de genre et d’orientation sexuelle avec les communautés LGBTQ, les relations amoureuses, les réseaux sociaux et leur impact sur la santé mentale. Peggy explique : « Tellement de sujets ont émergé, il y a un besoin de parler ». Les thèmes devaient être suffisamment rassembleurs et concis pour être organisés en ateliers de 45 minutes. Ainsi, un sujet comme le féminisme a paru trop vaste, d’autres ont déjà été traités. Le but étant de s’ancrer dans la réalité de la jeunesse, comme avec les relations amoureuses face aux médias et aux réseaux sociaux. Hazel, jeune philippine de 15 ans arrivée il y a deux ans à Vancouver, participera à la conférence. Curieuse et bénévole dans de nombreuses associations communautaires, elle apprécie cet espace de discussion offrant la possibilité de faire entendre sa voix. Elle explique : « Étant au lycée, on vit dans le monde de l’école, c’est dur de prendre de la hauteur sur certains sujets par manque de connaissances et d’expérience ». Elle reconnaît aussi l’importance d’être en contact avec différentes communautés pour mieux comprendre la société et agir.

Semer les graines de l’engagement et du changement

L’action menée par la jeunesse et pour la jeunesse s’inscrit dans un processus de dialogue et d’éducation pour susciter l’engagement et les changements de demain. Hazel perçoit son jeune âge comme un manque dans le regard des adultes, « ayant moins de 18 ans, je me sens parfois sous-estimée ». Un stéréotype de plus à combattre alors qu’il existe une vraie envie de changer les choses. Consciente de l’impact des médias, Serene souhaite un réel changement. Pour elle, ils véhiculent de fausses images de la réalité. Les identités sont multiples et ne peuvent se définir à travers un seul angle. « C’est très perturbant de projeter des images aux gens qui ne reflètent pas la réalité, ça affecte les minorités » non représentées.

Une satisfaction dans ce dispositif éducatif, c’est la présence de garçons, bien qu’ils soient encore trop peu nombreux. Peggy indique : « l’inégalité des sexes est perçue comme un problème concernant les femmes, alors que chacun a sa part. Même si c’est difficile d’impliquer les garçons, c’est important qu’ils soient là ». Les graines semées vont germer, c’est certain. Serene, passionnée par le sujet de l’égalité des sexes, se sent déjà une responsabilité dans les changements à venir pour la société, elle veut « contribuer à faire la différence ». Qui a dit que la jeunesse ne s’engageait pas !

YOUth (a conference): Deconstructing the World  Around You ?
Le 19 novembre, de 9 h 30 à 15 h 30
Hootsuite HQ, 5 East 8th Avenue, Vancouver

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