De retour du marché

La saison printemps-été 2016 des marchés fermiers de Vancouver est maintenant chose du passé, et c’est sans grande surprise que l’on a constaté que l’été 2016 n’a pas été aussi généreux qu’en 2015. La température y ayant été pour quelque chose, le soleil ayant été plus timide. Rappelons que le Vancouver Farmers’ Market, qui organise des marchés fermiers depuis 1995, s’est donné comme mission de « transformer le système alimentaire mondial en organisant un réseau local de marchés durables et dynamiques pour notre communauté, notre économie et notre environnement » rien de moins !

Une saison moins achalandée pour les marchés extérieurs ? | Photo par Roland Tanglao

Une saison moins achalandée pour les marchés extérieurs ? | Photo par Roland Tanglao

Au début, ces marchés se tenaient à Trout Lake et dans le Westend, les samedis des mois d’été et au Wise Hall pendant l’hiver. Aujourd’hui, il y a 6 marchés de mai à octobre. Ce sont les dimanches à Kitsilano et Mount Pleasant, les mercredis devant la gare Pacific Central, les jeudissur la place du Queen Elisabeth Theatre, les samedis à Nelson Park et à Trout Lake. Deux autres marchés sont organisés du début novembre à la mi-mai, soit les samedis, au Nat Bailey Stadium et les dimanches à Hastings Park.

L’été 2016 a donc été décevant. Le soleil n’a pas été au rendez-vous avec la même ardeur qu’en 2015 et lorsqu’il fait mauvais temps les clients restent à la maison. De plus, vous vous souviendrez peut-être qu’à la fin du mois de mai, le Vancouver Farmers’ Market a choisi de quitter l’emplacement de la rue Mainland en tout début de saison, à cause d’un différend entre certains commerçants de Yaletown et leur Yaletown Business Improvement Association, et allait s’installer sur la place du Queen Elisabeth Theatre. À peine une douzaine des 900 membres du YBIA menaçaient l’association de poursuite légale alléguant dans leur avis de poursuite que cette dernière avait agi sans les consulter quand elle a autorisé la tenue d’un marché fermier les jeudis sur la rue Mainland, bloquant ainsi tous les espaces de stationnement en faveur de la clientèle à pied. Ce marché attirait plus de 4 000 visiteurs à tous les jeudis. Mais une fois rendus à leur nouvel emplacement au coin des rues Georgia et Hamilton sur la place du Queen Elisabeth Theatre, la circulation est tombée à une moyenne de 1 000 passants par jeudi. Yaletown c’était un des marchés les plus fréquentés, comparable en circulation à Trout Lake et Nelson Park !

Mais voilà, les dirigeants du Vancouver Farmers’ Markets sont des gens très accommodants. En effet rien ne les forçait à quitter l’emplacement de Yaletown. Personne ne le leur demandait. L’association ne les mettait pas en demeure de vider les lieux. Bien au contraire c’était à leur invitation qu’ils s’y étaient installés. Les mots « confrontation » et « tension » ne font pas partie de leur vocabulaire. Le Vancouver Farmers’ Market compte beaucoup sur le potentiel de développement de leur nouveau Downtown Market. En effet, cette partie de la ville accueille de vastes projets immobiliers dont le complexe de l’ancien immeuble de Postes Canada qui comptera 850 unités de logements locatifs en plus des quelque 600 logements locatifs bientôt disponibles une fois que les 3 tours adjacentes au Rogers Arena des frères Aquilini seront habitées, la construction éventuelle du Vancouver Art Gallery sans oublier le complexe Parq Vancouver situé entre le pont Cambie et BC Place qui abritera le nouveau Edgewater Casino, deux hôtels, des bureaux et commerces. Sans oublier tous les employés de bureau de ce quartier qui ont commencé à profiter du marché pour faire des courses d’appoint avant de rentrer à la maison.

Voyez-vous, la patience est une vertu essentielle chez les producteurs agricoles et on en sent l’influence sur la manière dont le Vancouver Farmers gère leur organisation. Ils savent qu’il faut prendre le temps voulu avant que ce qui a été semé donne une bonne récolte. C’est donc le chemin qu’ils suivent et, ma foi, il faut les admirer de procéder ainsi. Mais ils ont l’habitude. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, bien que leur objectif soit louable et qu’ils procurent des débouchés économiques importants pour les petits producteurs de fruits et légumes et autres produits de transformation de la région, nombreux sont ceux qui ne les veulent pas dans leur cour ! L’argument le plus fréquemment utilisé pour tenter de faire dérailler les marchés ? « Ils nous prennent des espaces de stationnement ! »

Alors que le Vancouver Farmers’ Market continue de grandir, l’histoire ne dit pas si la quarantaine d’espaces de stationnement libérés sur la rue Mainland ont compensé l’absence des 4 000 visiteurs disparus de la rue Mainland.