The Cultch : Laboratoire d’expériences culturelles

Adele Noronha et Laara Sadiq dans Brothel #9 jusqu’au 27 novembre au Culture Lab. | Photo par Emily Cooper

Adele Noronha et Laara Sadiq dans Brothel #9 jusqu’au 27 novembre au Culture Lab. | Photo par Emily Cooper

Depuis 1973, The Cultch est l’un des centres culturels les plus variés et novateurs de Vancouver. Engagé à offrir un espace consacré à l’expérimentation artistique, l’organisation exploite trois salles théâtrales dont le Culture Lab, ou plus communément appelé le C-Lab.

Ce studio a été ajouté lors des rénovations qu’a connues The Cultch en 2008. Il s’agit d’un studio, construit en blocs de cendres des murs au plafond, qui possède les dernières technologies acoustiques et qui est ainsi réputé comme la meilleure salle « blackout » de toute la ville. Ses caractéristiques inhabituelles en font un lieu incontournable et remarqué de l’univers théâtral.

Pour un public participatif

Peter Poon, le directeur artistique de la pièce Caged Beats sur scène le 3 décembre 2016 au C-Lab, explique que : « là où le théâtre garde habituellement une certaine distance physique entre le public et les acteurs, la disposition scénique du C-Lab réduit cet espace de sorte à décupler les émotions, les tensions et intensifier l’expérience. C’est un vrai défi qui demande énormément de confiance de la part des acteurs. D’autre part, ce lieu où l’auditoire se retrouve confiné avec les acteurs sert aussi l’histoire même de la pièce. »

Caged Beats, le 3 décembre au Culture Lab. | Photo par Dramaonevan

Caged Beats, le 3 décembre au Culture Lab. | Photo par Dramaonevan

En effet, Caged Beats jouée par la compagnie Dramaonevan, est inspirée d’un épisode qui a eu lieu à Taiwan en 1986. La pièce, donnée en cantonais mais sous-titrée en anglais, raconte l’histoire de quatre mineurs coincés dans une mine à la suite d’une explosion de gaz. À l’article de la mort, ils tuent un de leurs compagnons qu’ils mangent au lieu de le maintenir en vie jusqu’à l’arrivée des secours. Dans un duel entre humanité et rationalité, le metteur en scène a choisi d’inclure le public en l’invitant à voter pour établir le verdict déterminant la destinée des personnages. L’auditoire – dans l’âge de raison – est donc omniprésent, aussi bien physiquement que scéniquement, étant lui-même confiné avec les quatre mineurs, face à son destin et à son propre jugement dans un effet miroir.

Autre histoire de destin dont est témoin le C-Lab est la pièce Brothel #9, présentée jusqu’au 27 novembre. Cette dernière raconte l’histoire de Rekha arrivée sur Calcutta pensant venir travailler dans une usine d’ampoules. En réalité, elle a été vendue à un souteneur par son propre beau-frère. Dans cette situation impossible, Rekha parvient à façonner son propre destin. Jouée par la troupe Touchstone, cette pièce fut lauréate du Dora Mavor Moore Award en 2011 et également finaliste pour les Governor General Awards de 2012.

Katrina Dunn, directrice de la pièce, relève aussi la rareté du lieu. « Le Culture Lab est parfait pour un auditoire et un spectacle intime. Le public se sent proche de l’histoire et en totale immersion dans celle-ci. »

D’autre part, elle explique que la neutralité des lieux sert la pièce ; le public, dans un décor aux murs noirs finalement démunis, n’a d’autre choix que de s’immerger intégralement dans la pièce. De plus, elle met en scène les personnages en train de cuisiner des mets indiens en direct lors de la pièce. En jouant avec diverses épices pour titiller les sens, Katrina Dunn propose ainsi une expérience visuelle et olfactive où l’auditoire peut « sentir » l’univers de la pièce.

The Cultch, par le biais du Culture Lab, offre donc une facette atypique du théâtre. Cette « boîte noire » invite le public à participer, de manière directe par son jugement ou de manière indirecte par les sens, à une expérience en immersion totale avec la scène, qui se veut multiculturelle.

Brothel #9, jusqu’au 27 novembre
Caged Beats, 3 décembre
www.thecultch.com