Hommage au Mozart noir

Photo de Early Music Vancouver

Comme tous les ans, le mois de février, aussi connu comme le Mois de l’histoire des Noirs, célébrera la diaspora africaine. Early Music Vancouver prendra part à la fête sur le volet musical avec la présentation du travail de Chevalier de Saint-Georges. Ce nom ne vous dit rien ? Sensibiliser le public à cet artiste à la carrière hors norme est justement l’un des mandats d’Early Music Vancouver. Portrait d’un virtuose à la peau foncée ayant surmonté tous les préjugés pour se hisser au niveau des plus grands…

Un parcours hors du commun

Chevalier de Saint-Georges a été le tout premier compositeur de musique classique d’origine africaine dont le nom est passé à la postérité. Né en 1745 (supposément en Guadeloupe), il participe à la Révolution française en s’engageant au sein de l’armée. Tour à tour militaire, escrimeur et musicien, il devient rapidement une figure de l’émancipation des esclaves de par le rang social et la renommée qu’il atteint.

Né d’une mère noire et d’un père blanc, riche propriétaire d’une plantation, Chevalier de Saint-Georges, bien que talentueux, doit une grande partie de son destin hors normes à la famille de son père. Cette dernière lui a permis de se démarquer dans les domaines militaires et musicaux en lui offrant une formation d’excellente qualité. Son maître d’armes et père spirituel, Monsieur de la Boëssière, aura également tenu un rôle clé en considérant son jeune protégé comme un homme libre et un affranchi à une époque où ce n’était pas aussi évident.

Portrait du Chevalier de Saint-George.

« Saint-Georges était un esprit inspiré dont l’histoire personnelle et les compositions sont relativement inconnues », explique Matthew White, directeur artistique de Early Music Vancouver. « Dans sa vie extraordinaire, il a ébloui la société parisienne et a été loué comme “Le Mozart noir” et, pourtant, deux cents ans plus tard, sa musique ne reçoit pas la reconnaissance qu’elle mérite. En l’honneur du Mois de l’histoire des Noirs, nous espérons que le public sera ravi de découvrir ces œuvres exquises, et que la qualité évidente de la musique de Saint-Georges suscitera des questions sur les raisons pour lesquelles sa musique n’est pas jouée plus souvent », explique le directeur artistique.

« Saint-Georges a reçu les plus importants hommages et éloges des plus grands compositeurs de l’époque et a dirigé le vénéré orchestre du “Concert des amateurs” en 1773. En 1775, il a même été considéré pour le poste de directeur musical à l’Opéra de Paris, mais ne l’a pas obtenu après que plusieurs dames de premier plan ont adressé des pétitions à Marie-Antoinette en déclarant que “leur honneur… et leur conscience les empêchaient de se soumettre aux ordres d’un mulâtre”. » Fort heureusement, les temps ont bien changé depuis…

Un spectacle servi par des artistes de talent

Les œuvres de Mozart et de Haydn partagent le programme pour établir des parallèles de qualité, de concept et de complexité dans l’œuvre de Saint-Georges. Plus précisément, le programme comportera deux ensembles de concertos de Saint-Georges, un concerto de Leclair et des symphonies de Mozart et de Haydn. D’ailleurs, la composition de Haydn est l’une des symphonies de Paris (numéro 85 « La Reine »), que Saint-Georges lui-même a dirigée lors de sa première mondiale en 1787.

Ce projet rassemblera l’Orchestre baroque du Pacifique, l’Orchestre baroque de Seattle, l’Orchestre baroque de Portland et aussi la Société Early Music of the Islands. Parmi les noms à retenir, l’invitée spéciale Monica Huggett, violoniste respectée et reconnue, rejoindra l’Orchestre baroque du Pacifique comme soliste pour deux des concertos.

Le rendez-vous est donné le 4 février à 20h au Vancouver Playhouse. Un moment incontournable autant pour les historiens que pour les mélomanes, pour un février tout en hommage. Avant le concert, Early Music Vancouver organisera une projection gratuite d’un documentaire canadien sur la vie de Saint-Georges, avec l’Orchestre baroque de Tafelmusik, à 18 h 30. La violoniste et ancienne directrice de l’Orchestre baroque de Seattle, Linda Melsted, sera la soliste de ce documentaire.