Le court-métrage tisse sa toile

VSFF célébrera les faiseurs d’histoires de court-métrage. | Photo de VSFF

« La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » Forrest Gump pourrait tout autant définir ainsi le court-métrage. Traverser l’écran en seulement quelques minutes d’inconnu et d’inattendu. Pour sa 7e édition, le Vancouver Short Film Festival (VSFF), célébrera les faiseurs d’histoires de court-métrage, les 27 et 28 janvier prochains au Vancity Theatre. Honorant ainsi la production cinématographique de la Colombie-Britannique, tout comme l’éclosion de nouveaux talents.

Vingt-huit films sélectionnés parmi 170 candidatures, 4 séances de projection aussi éclectiques qu’exigeantes sur 2 jours, et un peu plus de 12 000 dollars répartis entre 13 récompenses pour un festival reposant sur le bénévolat. Kristyn Stilling, co-directrice du festival et membre des programmateurs, livre l’envers du décor avec un sourire enthousiaste quant à la programmation.

Coup de projecteur

« Faites une liste de vos 3 films préférés, pourquoi ils vous restent en tête, vous poursuivent plusieurs jours après le visionnage. » Voilà ce que demande Kristyn aux programmateurs pour définir la sélection officielle, consciente de ce qui fait la différence pour le public. Un court-métrage n’excède pas les 20 à 30 minutes. Un laps de temps assez court pour surprendre par un style, un personnage, une histoire singulière, exposer de manière unique ce qui n’a pas encore été vu. VSFF met en lumière les talents de la province, afin de les faire connaître et reconnaître, par des rencontres. En plus des traditionnelles récompenses, le prix du Meilleur film étudiant et le prix de la Meilleure réalisatrice, rendent visibles et encouragent des minorités. Ce dernier est d’ailleurs parrainé à la demande de l’association Women in Film & Television.

Avoir un membre de l’équipe de tournage résidant, (non permanent), en Colombie-Britannique constitue l’unique critère pour postuler. Ouvrant ainsi le champ des possibles aux habitants de la province, Canadiens pour la majorité des sélectionnés, ou étrangers. Miguel Angel Quintero, réalisateur vénézuélien de 25 ans, à Vancouver depuis 3 ans pour poursuivre ses études de cinéma et une carrière, est honoré de sa sélection pour Ni tan bella, (pas si belle). Il précise : « quand tu rêves de faire des films, tu ne rêves pas de t’occuper de la lumière, tu veux écrire, réaliser, produire. Sur un film, tu observes et penses que tu voudrais faire ça différemment si tu en avais la chance. Comment raconter une histoire est ce qui m’intéresse le plus ».

Une vie de court-métrage

Les festivals sélectionnent rarement les films accessibles en ligne, VSFF fait exception. Initialement créé pour les étudiants, il permet aux professionnels d’établir des contacts. Choisir de diffuser un court-métrage directement en ligne, ou de passer au préalable par les festivals est une question d’intention. Miguel préfère les festivals : « Ce n’est pas ce que tu connais mais qui tu connais, plus tu participes aux festivals et plus tu obtiens de connexions. Une sélection officielle c’est comme un filtre pour les professionnels, ils font attention à toi quand ils voient plusieurs fois ton nom. » Participer au festival signifie alors beaucoup en matière de possibilités, surtout à Vancouver où la majorité des réalisateurs sélectionnés travaillent.

Kristyn Stilling, co-directrice du VSFF. | Photo de VSFF

Difficile de visionner les courts-métrages en dehors de ces deux moyens de diffusion. Au Vénézuela, bien qu’une carrière de réalisateur soit compliquée à imaginer, « ils soutiennent les réalisateurs de court-métrage en les diffusant dans les cinémas avant le film principal », indique Miguel. En Colombie-Britannique, le système américain domine l’industrie et utilise les compétences des professionnels comme une industrie de services cinématographiques. Difficile alors de l’intégrer en tant que réalisateur avec ses propres projets. Vouloir faire aboutir ses films demande d’investir de son argent et de son temps libre, mais avec la satisfaction d’avoir créé librement. « Si je disais à mes parents combien j’ai dépensé pour ce film, ils penseraient que c’est dingue juste pour un court-métrage », affirme Miguel. Ne cesser de filmer pour explorer sa créativité, et toujours présenter de nouvelles histoires au public. « Écris-le, filme-le, montre-le, et pense au prochain. » Une devise partagée par les réalisateurs.

Si Kristyn aime voir le public et les équipes de tournage assister ensemble aux projections, « la réaction du public et des proches ça change tout », Miguel assistera pour la première fois à la projection d’un de ses films sur grand écran. Ni tan bella, ou l’histoire de Blanche-Neige aujourd’hui accoudée à un bar. Pour la suite, le public est convié à la prochaine séance !

Vancouver Short Film Festival,

27 et 28 janvier, Vancity Theatre

www.vsff.com