Un recours juridique à « huis clos » qui s’étire pour les services à l’emploi pour les francophones

Photo par Province of British Columbia / Flickr

« Les services actuels à l’emploi pour les francophones de la province sont évidemment incomparables avec ceux qui existaient depuis 1997. La qualité des services n’est plus la même, ce qui a, hélas, entraîné une baisse de clients francophones. En 2007, le Collège Éducacentre avait proposé 431 plans d’action afin de répondre aux demandes de ses clients francophones, alors que seuls 20 plans d’action ont été créés un an plus tard. Il en fut de même pour la Société francophone de Victoria; plus de 2 000 plans d’action ont été créés en 2007, pour seulement 650 en 2008 »¸ affirme d’entrée de jeu Robert Rothon, le directeur général de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).

Pour rappel, en 2008, le gouvernement Harper décidait de transférer les prestations de services à l’emploi au gouvernement de la Colombie-Britannique. Ce transfert de gestion avait pour objectif d’aider la province à combler un besoin croissant de travailleurs qualifiés, tant chez les anglophones que chez les francophones de la province. Pour répondre à ce besoin, la C.-B. a donc délégué ces prestations à des fournisseurs indépendants de services.

Or ce changement a entraîné, en 2011, la fermeture de cinq centres d’aide à l’emploi dans la province qui offraient des services en français. Les bureaux de Vancouver, Kelowna, Penticton et Prince George ont ainsi cessé de fournir des services aux francophones de ces régions, suite à la nouvelle gouvernance de Work BC, qui estimait que les coûts d’exploitation de ces bureaux étaient trop élevés.

En juin 2013, afin de contester les effets néfastes provoqués par cette passation de pouvoir, la FFCB a obtenu un financement de la part du Programme d’appui aux droits linguistiques, qui allait lui permettre de payer des avocats afin d’intenter un recours juridique contre le ministère des Ressources humaines et Développement des compétences Canada, (RHDCC).

Depuis, ce recours juridique semble être tombé dans l’oubli. Afin d’obtenir de nouvelles informations concernant l’évolution de ce recours, nous avons contacté Robert Rothon. Ce dernier indique que ce recours se poursuit, mais à huis clos. Il n’était donc pas possible pour lui de répondre à toutes nos questions, tout en affirmant cependant que l’affaire suivait son cours.

« En 2007, la FFCB a tenu des négociations avec la province car elle craignait que cette dernière ne tienne pas compte des droits des francophones de la Colombie-Britannique. La transition s’est faite en 2009 et, depuis, la FFCB a toujours tenté de répondre aux besoins des francophones en appliquant le système par et pour les francophones », souligne Robert Rothon.

Selon lui, la FFCB a souhaité remédier à ce problème et s’est assurée, en partenariat avec la province, de tout de même fournir des services aux francophones et de s’assurer de la qualité de ces derniers. « Notre souhait est de fournir davantage de services en français dans la province, tout en continuant de représenter nos membres », rajoute-t-il.

Dans la même veine, toujours selon la direction de la FFCB, les services en français doivent être fournis par des francophones, pour des francophones. Les services anglophones à l’emploi de la province ne devraient pas être sous-traités afin de fournir ce genre de services.

« Les services anglophones ne sont pas en mesure d’évaluer les candidats francophones. La province est dépassée et ne peut donc pas s’assurer du respect des clauses linguistiques », indique-t-on à la FFCB.

Pour M. Rothon, les services en français peuvent néanmoins être améliorés dans la province. Il faudra cependant qu’Ottawa s’empare du sujet avant que la province ne s’en occupe. « J’espère que l’on fera des progrès dans ce domaine en 2017. Nous posons la question de la contestation judiciaire à la ministre de Patrimoine canadien, Mme Mélanie Joly, à chaque fois que nous la rencontrons », soutient M. Rothon.

Notons, par ailleurs, que la contestation de la FFCB est soutenue par le Commissariat aux Langues Officielles, (CLO), qui ne cesse de faire des recommandations au gouvernement fédéral, chaque année. « Ottawa n’est cependant pas assez exigeant vis-à-vis de ce problème », conclut M. Rothon; ce qu’avait déjà déclaré l’ancienne directrice générale de la FFCB, Mme France-Emmanuelle Joly, en 2013, en dénonçant la dévolution des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et provincial entraînant des changements dans la qualité des services offerts.

Pendant ce temps, et à la suite de plusieurs années d’immobilisme, même si le recours juridique serait encore à l’ordre du jour, bien qu’à huis clos, les prestations des services à l’emploi pour les francophones en Colombie-Britannique semblent continuer de se dégrader à une vitesse alarmante.

2 opinions sur “Un recours juridique à « huis clos » qui s’étire pour les services à l’emploi pour les francophones

    • Malheureusement, #icicb #frcb n’ont pas jugé bon de vous donner un petit crédit. La collaboration entre media pourrait s’améliorer.

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