« Aabiziingwashi » : le cinéma autochtone en tournée

La distribution de The Road Forward traitant du militantisme des Autochtones d’hier et d’aujourd’hui en C.-B.

Depuis le 16 janvier, et ce, jusqu’à la fin de l’année 2017, l’Office national du film du Canada (ONF) propose des projections de films réalisés par des autochtones dans le cadre d’une tournée appelée Aabiziingwashi. C’est l’occasion pour La Source de se pencher sur l’un des films à l’affiche, The Road Forward, de la réalisatrice Marie Clements. Une expérience interactive et interraciale représentant les valeurs d’un pays pluriel mais rassembleur.

Si ce mot en langue anichinabée aux allures d’onomatopée ne vous dit rien, le concept y étant lié, que l’on traduit par « Bien éveillé » en français, vous sera peut-être plus familier. Aabiziingwashi, c’est aussi le mot qui a été choisi pour désigner un événement cinématographique de 2017. Dans le cadre de cette année anniversaire où nous célébrons les 150 ans de la Confédération du Canada, l’État a décidé de promouvoir le cinéma autochtone.

Les œuvres attachées à cet événement sont produites par l’ONF. Cette agence fédérale, liée au ministère du Patrimoine, produit et distribue des œuvres audiovisuelles « distinctives, pertinentes et innovatrices ». Ce choix s’intègre dans le plan stratégique actuel de l’agence, qui est « en faveur de l’imagination, de la mobilisation et de la transformation ».

En faveur de la mobilisation

Le but de ce projet, outre de commémorer la naissance du Canada tel que nous le connaissons aujourd’hui, se résume à sensibiliser le public, tout comme à l’intéresser au Canada moderne vu depuis une position culturelle différente. « Nous souhaitons, avec cette initiative, susciter le dialogue, les échanges et contribuer à une meilleure compréhension des réalités vécues par les peuples autochtones du Canada », nous confie Élise Labbé pour l’ONF.

Les films proposés par cette agence, abordant des thèmes controversés tels que la colonisation, ont ainsi une intention à la fois réflexive et politique. C’est d’ailleurs à ces fins et dans un désir de rencontre et de partage entre les communautés, que des séances de débat sont organisées à la suite des projections. Madame Labbé nous avoue espérer que ces activités « seront propices aux rapprochements et au dialogue entre les autochtones et non-autochtones ». Cette commémoration souhaite tenir un rôle d’intermédiaire et renforcer les liens entre les communautés, dans une époque où le vivre-ensemble et la tolérance sont des valeurs à soutenir et célébrer.

Parmi les films présentés au cours de la tournée Aabiziingwashi, il y a notamment The Road Forward, un long-métrage multimédia, qui traite du militantisme des autochtones d’hier et d’aujourd’hui en Colombie-Britannique. Ce combat des indigènes est toujours d’actualité, car certaines discriminations demeurent, mais il est peut-être souvent ignoré ou méconnu. Ce film est à la fois un concert et un documentaire. D’une part, il expose, sur un écran comme toile de fond, des documents d’archives. D’autre part, il offre des artistes qui se produisent en direct. Cette expérience artistique est multiple : interactive par les différents supports et médias présents, et interraciale par le mélange de musiques et de chants traditionnels et contemporains qui s’y combinent. De cette manière, que l’on soit amateur d’histoire ou plutôt friand de performances musicales, aussi bien modernes qu’ethniques, chacun peut y trouver son compte.

Un brassage culturel et artistique

La composition plurielle The Road Forward découle de la découverte de plusieurs décennies de journaux et de photographies d’archives historiques dans les bureaux de la Native Brotherhood of British Columbia, l’organisation de Premières Nations la plus ancienne étant reconnue au Canada. Nous devons cette découverte à Marie Clements, journaliste et artiste de formation, et aujourd’hui réalisatrice, productrice et dramaturge à succès. Madame Clements est une métisse née à Vancouver, dont certaines œuvres ont été produites lors de grands festivals, comme c’est le cas de The Road Forward au PuSh International Performing Arts Festival en 2015. La réalisatrice est, par ses origines et les valeurs qu’elle véhicule dans son film, un bel exemple de ce que souhaite promouvoir l’ONF cette année. Son documentaire musical sera lancé ce printemps et promet d’éveiller… les consciences.