Força Vancouver !

Photo de Gloria Botelho

En Europe, les Portugais sont connus pour avoir une forte attache à leurs traditions et leur culture. Ils ont tendance à se regrouper en communauté lorsqu’ils vivent hors de leur pays, et portent fièrement leurs couleurs. Mais quid des Portugais ici ?

Gloria Botelho, fondatrice du site « Portugal in Vancouver », nous ouvre les portes de cet univers.

Née à Vancouver de parents portugais, Gloria n’a pas toujours été aussi attachée à ses racines. Voici quelques années, « tourmentée » par la légendaire crise identitaire de la trentaine, elle s’interroge sur ses origines et sur l’histoire de ses parents. Elle s’intéresse alors à sa filiation, cette culture que l’on s’attache bien souvent à rejeter plus jeune…

Un peuple chargé d’histoire

Comme les immigrés de sa génération, le père de Gloria est arrivé au Canada en quête d’une vie meilleure. Les années 1960 marquent l’exode des Portugais, opprimés par le régime dictatorial de l’Estado Novo (État nouveau, de 1933 à 1974) mené par António de Oliveira Salazar. À l’époque, ces migrants vers le Canada
viennent essentiellement des îles des Açores. Ils restent à l’Est, mais certains, comme monsieur Botelho, traversent le pays pour s’établir en Colombie-Britannique et surtout dans l’agglomération de Vancouver. À l’image de son père mécanicien, ces hommes sont principalement des ouvriers spécialisés dans le bâtiment, les travaux manuels, qui travaillent dur pour faire venir leurs épouses au Canada et fonder un foyer stable.

Après l’Ontario et le Québec, la Colombie-Britannique est troisième du podium avec 35 000 Canadiens-portugais, dont environ 20 000 dans la métropole de Vancouver. Aussi, s’il n’y a pas vraiment de quartier portugais ici, certains secteurs comme Commercial Drive reflètent cette diversité culturelle et abritent des institutions portugaises comme le club portugais de Vancouver et la paroisse Our lady of Fatima (ndrl Notre-Dame de Fatima, nom sous lequel est invoquée la Vierge Marie depuis ses apparitions à trois enfants en ce lieu).

Une forte empreinte religieuse et traditionnelle

Bien que le Portugal soit un État laïc, la religion catholique a toujours eu une place sacrée dans la vie des Portugais : ils pratiquent avec ferveur et assistent aux messes dominicales.

Le 4 juin 2017, jour du Seigneur et de la Pentecôte, troisième service à la paroisse et l’église n’en est pas moins bondée de pratiquants endimanchés. Les enfants courent autour du bâtiment, les adultes communient avant d’entamer la procession de la Vierge. Pendant ce temps, on s’affaire aux fourneaux, des bénévoles préparent des mets traditionnels pour accueillir les 300 convives. Commence la valse des plats, tandis que les hommes servent le vin, les femmes apportent les spécialités : ragoût de bœuf, « soupe du Saint-Esprit »
à base de bouillon de bœuf – pain et menthe, chorizo, « bifanas de porc » (sandwich) puis riz au lait. Le tout arrosé par la musique d’un orchestre et le spectacle de danseurs folkloriques…

Tel est le programme type des festas portugaises ! Mais pour que ce soit complet, il convient de préciser que ce genre de fête débute par un repas le samedi soir, jusqu’à minuit. Et comme le précise Gloria, ce type de célébration a lieu deux fois par mois pour des occasions diverses. « Celle du 17 et 18 juin, en l’honneur du Christ, sera bien plus conséquente… La salle de restauration s’étendra à l’extérieur pour accueillir davantage de participants et d’animations ! »

Festa do Espirito Santo, mai 2016. | Photo de Gloria Botelho

Une jeunesse sortant du cadre

Si cette génération a apporté ses traditions et ses valeurs, la descendance est moins tournée vers l’Église comme en témoigne l’âge des participants des festas. Les jeunes considèrent ces fêtes un peu ringardes, ils les laissent à leurs parents et préfèrent assister à des événements plus modernes et moins autocentrés sur la culture portugaise. En effet, les nouvelles générations sont plus enclines à la mixité culturelle. Sophia est d’ailleurs le trait d’union entre ces deux réalités, car la majorité de ses amis sont Canadiens, mais elle s’attache à transmettre son héritage culturel au plus grand nombre et à le faire perdurer.

Ceci étant, bon nombre de Portugais, toutes générations confondues, s’entendent pourtant pour une seconde religion : le football ! Ce sport fait la fierté de ses supporteurs qui se réunissent massivement. « Pour l’Euro 2016, tout Commercial était en fête à l’occasion de la victoire de l’équipe portugaise ! » se souvient Gloria.

Juin : mois de l’héritage culturel portugais

Chaque année, en juin, le Portugal est à l’honneur. En plus des festas, d’autres événements se dérouleront à Vancouver. Parmi eux, le 24 juin, le club de lectures européennes se réunira pour échanger autour de Voyage en Inde de l’auteur portugais Gonçalo M. Tavares.

Profitez aussi de l’occasion pour flâner dans le parc Stanley et découvrir la sculpture « Portugais Joe », saluant la relation ancestrale entre les communautés autochtones et portugaises de l’Ouest canadien.

Pour en savoir plus :

www.portugalinvancouver.ca

Lecture de Voyage en Inde le
24 juin de 16 h à 18 h, à l’Alliance française de Vancouver
(6161 rue Cambie)