Bunya Koh, la légende oubliée

Cette année, le TAIWANfest : Kanpai, Japan ! a prévu dans sa programmation de faire redécouvrir l’œuvre de Bunya Koh. | Photo de TAIWANfest

Le TAIWANfest : Kanpai, Japan ! pose ses valises à Vancouver pendant la longue fin de semaine de la fête du Travail. C’est l’occasion pour les Taiwanais de célébrer l’influence que le Japon a exercé sur leur « belle île » pendant cinquante ans et notamment de redécouvrir un artiste nourri par leurs deux cultures.

Les marins portugais l’appelaient la isla formosa, la belle île, qui a donné son nom en français : Formose. De nos jours, nous la nommons Taïwan. Voilà une jolie anecdote à raconter aux dîners de familles, mais ce n’est pas tout. Cette petite île a beaucoup à dire, surtout à propos de sa culture plurielle. En effet, cédée au Japon par le traité de Shimonoseki en 1895, à la fin de la première guerre sino-japonaise, Taïwan est sous domination nipponne pendant 50 ans. À la suite de sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale, le Japon retournera Taïwan à la république de Chine, mais la petite île garde pour toujours son empreinte.

Durant ses années de domination, le Japon a fortement influencé la culture taïwanaise, notamment en introduisant la musique classique de l’Ouest. C’est pour fêter cette influence culturelle et artistique que le festival TAIWANfest : Kanpai, Japan ! aura lieu du 2 au 4 septembre à Vancouver. Le maestro Ken Hsieh dirigera l’orchestre métropolitain de Vancouver qui jouera les douces mélodies de Formosan Dance. Cette lettre d’amour à Taïwan est sortie de l’esprit d’un musicien de légende, Bunya Koh.

L’homme de la légende

Koh Bunya, légende de la musique, a longtemps été oublié de la postérité.

Jiang Wen-Ye est né à Taïwan en 1910. Le Japon occupant le territoire, il hérite de la nationalité japonaise par sa naissance. Et en japonais les caractères de son nom se prononcent Koh Bunya.

Il vit au Japon dès son adolescence. Ingénieur électricien, il étudie la musique et devient chanteur, puis baryton au Fujiwara Opera. C’est à cette époque qu’il commence à apprendre la composition musicale auprès des grands Kosaku Yamada et Kunihiko Hashimoto. Il n’est qu’au début de sa carrière de compositeur quand il propose sa Formosan Dance aux compétitions artistiques des Jeux olympiques d’été de Berlin. Sa création gagne une médaille et son talent est reconnu et publié en Europe, aux États-Unis et en Chine.

Dans les années qui suivent, il est le compositeur le plus joué au Japon. Mais tout change après la Seconde Guerre mondiale quand le Japon, défait, doit rendre Taïwan à la Chine. Koh Bunya perd alors sa nationalité japonaise. Il devient compositeur pour la République populaire de Chine et son nom disparaît de la scène musicale japonaise.

Dans la Chine communiste, ses liens culturels avec le Japon et son affinité esthétique avec l’Europe de l’Ouest le font passer pour un traître. Il est forcé de revoir son style et de l’adapter aux goûts du parti pour ne pas être expurgé. Malgré ses efforts, il sera une cible politique pendant de longues années, il connaîtra les camps de rééducation et une grande partie de son travail sera confisquée et oubliée. Il faut attendre 1978 pour que son honneur soit enfin restauré, mais encore de longues années pour que son œuvre soit redécouverte.

Ce n’est qu’un résumé de cette vie tumultueuse. Pour ceux qui voudraient en apprendre plus sur cette légende, l’historienne et biographe Mei Lian Liu donnera une conférence : Hope Talk : Forgotten Legend : Bunya Koh. Elle y présentera la vie du talentueux compositeur, de ses débuts remarqués à sa reconnaissance moderne, en passant par les sombres années de disgrâce. Aidée par des enregistrements audio de la cérémonie de remise de prix olympiques de 1936, elle fera revivre cet homme multiculturel et son amour pour la musique et sa terre natale.

 

Événements à ne pas manquer :
Symphony Concert Kanpai, Japan ! by Maestro Ken Hsieh & VMO

2 septembre 2017, 19 h,
Queen Elizabeth Theatre,
650 rue Hamilton, Vancouver


H
ope Talk : Forgotten Legend : Bunya Koh

3 septembre 2017, 13 h,

Annex, 823 rue Seymour, Vancouver