Se sentir chez soi, mode d’emploi

Comment se sentir chez soi ? Dans une ville où loyers et prix de l’immobilier atteignent des sommets vertigineux, cette question d’apparence anodine a de quoi faire grincer des dents. C’est tout l’enjeu du prochain Café philo organisé le 18 septembre par SFU. Les Vancouvérois sont-ils condamnés à être des étrangers dans leur propre ville ? Non, répond Jasmine Parmar, modératrice de la discussion.

« La maison est notre coin du monde. Elle (…) est notre premier univers » écrivit le philosophe français Bachelard. Au-delà de sa fonction première d’abri, elle représente notre relation aux autres. Loin d’être un acte banal, le choix d’un logement est un projet en soi et l’expression de notre individualité. Ce n’est pas le fruit du hasard si nous parlons volontiers de « notre intérieur » pour décrire nos pénates. Espace de l’intime par excellence, cette seconde peau ressemble à ses occupants jusqu’à se confondre avec eux. D’ailleurs, ne dit-on pas « fonder un foyer » ? Une maison digne de ce nom offre protection et refuge. « Quand vous ne vous sentez plus en sécurité ni accepté, une maison cesse d’en être une », précise Jasmine Parmar.

Selon Jasmine Parmar, modératrice du prochain café philo de SFU, se sentir chez soi est un état d’esprit. | Photo par Sylvie F, Flickr

Devenir propriétaire, ce vieux rêve

Symbole de réussite sociale et de stabilité, l’accès à la propriété est un désir très répandu. Traditionnellement, « les classes moyennes valorisaient la propriété parce que c’est un moyen d’assurer la sécurité de la famille et de constituer un patrimoine. Mais dans le contexte économique actuel, l’idée de placer toute ses économies dans un seul bien est angoissante, surtout si vous pouvez à peine vous le permettre », explique la modératrice.

Effectivement, devenir propriétaire a tout d’un vœu pieux dans une ville où le moindre pavillon se négocie à 2,6 millions de dollars en moyenne. Pour de nombreux Vancouvérois, même la location d’un appartement individuel est inconcevable. Ceux-là préféreront la colocation, voire un véhicule aménagé, parfois par dépit mais aussi bien souvent par choix.

D’après la modératrice, nos modes de vie ont évolué et il y a urgence à changer d’idéal :
« Notre société doit s’écarter du concept traditionnel de “maison” dans la mesure où certains d’entre nous ne pourront ou ne voudront jamais en posséder ». La vie sédentaire, très peu pour cette diplômée de SFU en physiologie biomédicale et kinésiologie. « J’ai constaté que je n’avais pas besoin d’une “maison” au sens classique du terme ; à partir du moment où j’ai ma valise et quelques effets personnels je peux m’installer n’importe où ! »

Où se trouve le cœur, là est la maison

Ainsi, la maison ne se limite pas aux quatre murs de votre demeure. « Il s’agit assurément d’un état d’esprit. Vous pouvez n’avoir aucune possession matérielle mais vous sentir chez vous juste parce que vous êtes dans un quartier particulier. »

Une mise en garde toutefois : si le sentiment d’appartenance à un lieu ne s’achète pas, il se cultive : « Je n’avais pas eu l’impression d’avoir un chez-moi depuis que j’ai quitté le domicile de mes parents à 18 ans. Ces douze dernières années, j’ai dû déménager pour le travail et les études et je me suis aperçue que je n’avais jamais fait l’effort de me créer une maison. C’est une chose sur laquelle je travaille maintenant », annonce Jasmine Parmar.

Home is where the heart is (« Où se trouve le cœur, là est la maison »), l’adage dit donc vrai. Au coin de la rue ou au-delà des océans, à chacun son chez-soi. « Je pense que cela s’adapte très bien à notre époque
moderne – la maison est partout où vous vous sentez vivant, ou en sécurité. »

Ses conseils pour les nouveaux arrivants et tous ceux qui se cherchent une maison bien loin de la leur ? « La clé est d’identifier les quelques objets ou rituels qui vous rappellent votre maison. Vous devez pouvoir apporter vos traditions avec vous, qu’elles soient culturelles ou non, pour ressentir ce sentiment de nostalgie. Pour moi, cela passe par la possibilité de savourer une tasse de thé au saut du lit ! »

What are the elements
that make a true home?

Café philo animé par Jasmine Parmar
Lundi 18 septembre à 19h
Bibliothèque de Burnaby (McGill branch)

https://www.sfu.ca/continuing-studies/events/2017/09/what-are-the-elements-that-make-a-true-home.html