Quatre Franco-colombiennes écrivent une nouvelle page de l’histoire littéraire canadienne

Danielle Marcotte, lauréate du concours, auteure de huit ouvrages pour enfants. | Photo par Stéphanie Bourgeois

Écrire une histoire originale, inédite, « présentant des qualités littéraire évidentes », dans les limites de 150 mots, titre compris. C’était le défi lancé, à Winnipeg à l’hiver 2017, par les éditions du Blé, la plus ancienne maison d’édition de l’Ouest canadien. Elles l’ont relevé. Monique Genuist, Sylvie Mongeon, Danielle Marcotte et Lyne Gareau font partie des 62 lauréats dont les textes seront publiés cet automne dans BREF, un livre pensé et conçu afin de célébrer, par 150 nouvelles, le 150e anniversaire de la Confédération canadienne.

En avril 2017, à Winnipeg, au cours des festivités relatives à la journée du droit d’auteur, dans la maison de la célèbre écrivaine Gabrielle Roy, un artiste franco-manitobain, Bertrand Nayet, a une intuition. Il veut lancer un défi à tous les écrivains confirmés, en herbe, y compris les néophytes cachés dans le périmètre du Canada français hors Québec. Un collectif d’écrivains, mené par Charles Leblanc, est mis au parfum. L’idée devient un projet, puis un concours, pour écrire un livre. BREF, ce recueil de 150 nouvelles issues de l’encre de plusieurs dizaines de plumes à travers le Canada verra le jour à l’automne.

« Le plaisir d’écrire est à la source de ma participation au concours », confiait Sylvie Mongeon, professeure de français au Collège Éducacentre de Vancouver et à l’École de langues La Cité, dans une correspondance adressée à Danielle Marcotte le 18 août dernier. « J’écris quatre à huit heures, tous les jours », explique de son côté Danielle Marcotte. Retraitée, ancienne animatrice à Radio-Canada, auteure de huit livres, elle s’est spécialisée dans la littérature pour enfants. Monique Genuist a, quant à elle, écrit plusieurs romans, citons entre autres, L’Île au cotonnier et La petite musique du Clown. Enfin, Lyne Gareau était professeure de français à l’Université Capilano de Vancouver Nord, elle s’est lancée dans cette aventure, après avoir publié plusieurs nouvelles dans des magazines.

Photo de Les éditions du Blé

De l’Atlantique au Pacifique, à l’exception du Québec, plus de 80 francophones et francophiles, professionnels et amateurs, ont donc fait parvenir environ 200 nouvelles aux éditions du Blé, une floraison littéraire exhalant
les parfums des différentes sensibilités francophones des provinces et territoires à majorité anglophones. Un jury d’écrivains chevronnés a écumé ces oeuvres afin de sélectionner la crème de la crème, sous la direction de Charles Leblanc, comédien, poète et traducteur franco-manitobain. « Les quatre membres du jury ont lu les textes à l’aveugle, sans savoir qui les a écrits », souligne la directrice des éditions du Blé, Emmanuelle Rigaud. Au final, les quatre lauréates de la Colombie-Britannique sont sorties du lot. Elles ont chacune écrit trois nouvelles qui vont toutes paraître dans BREF.

« Il y a un dynamisme en Colombie-Britannique »
Quel est la clé de ce succès ? « Il y a un dynamisme littéraire en Colombie-Britannique », pense Émmanuelle Rigaud. Moi, « j’applique le conseil suivant [du poète et écrivain français, Nicolas Boileau] : cent fois sur le métier remettez votre ouvrage », susurre Danielle Marcotte. « La contrainte c’est d’être bref », avait prévenu Charles Leblanc dans une entrevue accordée le 8 décembre 2016 à Radio-Canada. Il avait vu juste. « Cela m’a semblé une gageure d’écrire une histoire si courte », raconte Monique Genuist. « Résumer en 150 mots une histoire que je portais en moi depuis déjà longtemps a été évidemment un défi stimulant, rétorque, Sylvie Mongeon. L’éventualité d’une publication et le regard attentif d’un comité de rédaction sur mes quelques mots ont donné un horizon aux heures passées devant mon ordinateur ».

Si, en Colombie-Britannique les lauréates sont des plumes connues et reconnues, dans d’autres contrées BREF permettrait à de nouveaux talents d’être sous les projecteurs : Ian Nelson en Saskatchewan, Aristote Kavungu en Ontario et Thibault Jacquot-Paratte en Nouvelle Écosse, entre autres. « Le projet a pour ambition de donner envie aux lecteurs qui ne lisent pas beaucoup et aux écrivains qui n’ont pas encore confiance en eux », rappelle Emmanuelle Rigaud. « On veut en outre rappeler à la mémoire des Britanno-colombiens : on est là, envoyez-nous vos textes ! », dit avec enthousiasme la directrice des éditions du Blé. Objectif en partie atteint. Lyne Gareau, a envoyé un manuscrit qui sera publié dans les eaux du mois de novembre, quelques jours avant ou après la parution de BREF en librairie et sur Internet. Francophones, francophiles, franco-colombiens, à vos plumes !