Le sport féminin, une forme de politique

Photo par Lan Rasso

Comment le sport féminin peut-il faire avancer la place des femmes dans la société ? C’est le sujet qu’évoquera Homa Hoodfar, universitaire canado-iranienne emprisonnée 112 jours en Iran, lors d’une conférence organisée le 14 novembre à Coquitlam.

Homa Hoodfar.

Un grand sourire barre son visage. Ce 29 septembre 2016, Homa Hoodfar rentre dans le hall de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal. Elle ouvre les bras et serre ses proches contre elle. Les flashes des photographes crépitent. Des applaudissements résonnent. Homa Hoodfar vient de rentrer à la maison. Chez elle, à Montréal, où elle a longtemps enseigné la sociologie et l’anthropologie à l’Université Concordia. L’universitaire canado-iranienne vient depasser 112 jours de détention en Iran. Un procureur l’a accusée de « baigner dans des activités féministes ». Son incarcération a reporté au Canada le lancement de son ouvrage Women’s Sport as Politics in Muslim Contexts. Homa Hoodfar l’évoquera, le 14 novembre à Coquitlam. Elle est l’une des intervenantes d’une rencontre organisée par le Douglas College au centre culturel Evergreen, Intersections with Homa Hoodfar. Thème de l’événement : le sport féminin comme politique. Ou comment le sport peut faire progresser la place des femmes dans la société. Homa Hoodfar interviendra avec Jeanette Ashe, titulaire de la chaire du département de sciences politiques au Douglas College, et Adelia Paul, membre de la nation Haisla, étudiante en soins infirmiers dans l’établissement, membre de l’équipe universitaire de basket-ball pendant cinq ans et désormais coach assistante.

Derrière cette conférence, il y a un constat : le sport est un miroir. C’est « une institution sociale qui reflète les valeurs et les injustices d’une société », écrit Homa Hoodfar dans Women’s Sport as Politics in Muslim Contexts. Et il en va de la société civile comme du sport : les femmes y sont moins représentées que les hommes. Au Canada comme ailleurs. « Il n’y a pas la même reconnaissance » des femmes et des hommes dans le monde sportif, explique Lisa Smith, professeure de sociologie à Douglas College, coordinatrice de l’événement du 14 novembre. Cette donnée vaut pour les salaires ou la couverture
médiatique.

Alors, quelles solutions peut apporter le sport ? Il peut déjà permettre de servir de loupe. C’est un domaine universel, au centre de l’attention aux quatre coins du globe. La popularité du sport permet de mettre en lumière les problématiques que doivent affronter les femmes dans le monde. Comme au mois de septembre dernier, quand le combat des femmes iraniennes pour avoir accès aux stades lors de rencontres de football masculin a été médiatisé, par exemple.

Le sport pour mettre en avant des problématiques générales. Lisa Smith est convaincue de l’efficacité de cette méthode. « Les gens s’intéressent plus facilement, quand on fait un lien avec le sport, dit l’enseignante. C’est plus facile d’engager une conversation avec un public». Et inversement. Le sujet de la rencontre du 14 novembre lui a permis de s’intéresser davantage…au sport. Organiser cette rencontre a été « une belle occasion d’explorer un sujet que je ne connais pas et d’autres départements que je connais moins comme les sciences sportives ». Un avant-goût de l’objectif de cette rencontre : susciter l’échange.

Intersections with Homa Hoodfar. Le 14 novembre de 18h30 à 20h30 au centre culturel Evergreen de Coquitlam. Conférence avec échanges, puis réception jusqu’à 21 heures. Gratuit.

Renseignements et réservations : bit.ly/womensportpolitics.

112 jours de détention en Iran

Février 2016. Homa Hoodfar se rend en Iran. L’universitaire, qui s’intéresse beaucoup au genre et à la culture au Moyen-Orient, veut effectuer des travaux de recherche sur place et rendre visite à de la famille. Tout bascule au mois de mars, quand les autorités arrêtent Homa Hoodfar. D’abord libérée sous caution, elle est emprisonnée au mois de juin. Elle passera 112 jours dans la prison d’Evin, l’une des plus célèbres du pays, avant sa libération et son retour au Canada via Oman.