« Media Democracy Day » : Les médias au service du changement social

Illustration de Media Democracy Day

Le 18 novembre prochain aura lieu l’édition 2017 de Media Democracy Day à la Vancouver Public Library. Cette conférence, qui se tient tous les ans à Vancouver depuis 2001, est devenue un rendez-vous incontournable pour ceux qui s’intéressent aux médias alternatifs ou indépendants au Canada. Son but : réfléchir aux problèmes actuels du secteur médiatique et y apporter des solutions. La journée sera aussi l’occasion de partager différents points de vue sur la portée et le potentiel de l’espace numérique en tant que nouvel espace de communication.

Lors de Media Democracy Day, le public sera invité à partager ses idées sur le concept des médias comme moyens d’un engagement citoyen plus prononcé et au service du changement social, l’un des thèmes principaux de l’événement.

Les médias comme outils du changement social

Le rôle indispensable des médias dans la société tient au fait qu’ils contribuent au changement social et le soutiennent. Selon David Beers, l’un des organisateurs de l’événement, il faudrait « imaginer un monde sans médias » pour se rendre compte de leur véritable impact. « Comment les idées pertinentes pour améliorer notre société pourraient-elles être partagées ? », interroge-t-il.

L’organisateur considère les médias comme « essentiels au débat démocratique pour générer des changements sociaux positifs ». D’ailleurs, la première conférence de la journée s’intéressera au traitement médiatique des pratiques de changement social et environnemental. Un autre atelier se concentrera sur un problème social particulier : la sous-représentation de certaines communautés dans les médias. Il s’agit ici de mettre en lumière un problème sociétal jusque-là inaperçu, et de fournir une réflexion sur les solutions envisageables pour y remédier.

Les médias, plus importants que jamais

Au-delà de la prise en compte des problèmes sociaux, les médias revêtent un caractère particulièrement crucial dans le contexte actuel. Comme le souligne Caroline Brown, coordinatrice principale de l’événement, « la montée des fake news, le contexte politique, la bulle des médias sociaux et l’insécurité constante » sont des facteurs qui créent un climat dominé par des perspectives pessimistes.

David Beers, l’un des organisateurs de Media Democracy Day. | Photo de The Tyee

Les sentiments d’impuissance et d’anxiété de la population, générés par les informations, incitent à se désengager. Or, Caroline Brown est formelle à ce sujet : « Ce désengagement nuit non seulement à la démocratie, mais aussi à la ténacité des communautés ». Pour elle, Media Democracy Day permet de repenser la manière dont « les médias peuvent constituer un outil de stimulation de la citoyenneté […] et d’une sphère publique plus dynamique ».

Les médias alternatifs comme solution

Les médias indépendants, ou alternatifs, sont envisagés comme une solution pour participer plus activement au changement social. Pour David Beers, les médias alternatifs se distinguent des médias traditionnels en ce qu’ils ne dépendent pas des revenus liés à la publicité. « Les médias traditionnels n’ont pas les moyens de s’éloigner des commanditaires, ils ont tendance à refléter leurs idéologies et cela conduit à dénaturer la couverture médiatique », explique-t-il.

De leur côté, les médias indépendants essayent d’apporter de la diversité au paysage médiatique biaisé par les intérêts commerciaux. C’est précisément sur la reconstruction d’un environnement médiatique durable que portera l’une des tables rondes de Media Democracy Day, dans un contexte où règnent « les financements douteux et la perte de confiance du public ». Une autre discussion définira le ‘journalisme de solutions’ : « Il s’agit de l’utilisation globale des outils de communication pour répondre aux problèmes sociaux », indique d’ores et déjà Caroline Brown. Cela peut prendre diverses formes, dont les outils numériques, qu’il est nécessaire d’apprivoiser.

Le numérique a considérablement augmenté la vitesse de l’information et a décuplé les moyens de la livrer. Cependant, il est nécessaire d’apprendre à le maîtriser. Ce sera l’un des thèmes abordés avec, notamment, l’atelier « Campagnes d’engagement citoyen 101 » qui expliquera comment lancer efficacement une campagne pour promouvoir une cause. Le numérique pourrait ainsi être en passe de devenir un outil d’engagement citoyen, efficace et accessible au plus grand nombre.

Historique de l’événement

Media Democracy Day fut organisé pour la première fois par les membres de la Campagne pour la Presse et la liberté de diffusion (CPBF), créée en 1996 pour s’opposer à l’appropriation par Hollinger Inc. d’une grande partie de la presse canadienne. Le groupe voyait en cette prise de contrôle une menace pour la diversité de contenus dans les médias, puisqu’il n’y avait qu’un seul propriétaire. Devant la généralisation du phénomène, le groupe s’est réorganisé sous le nom de OpenMedia.ca pour traiter des problématiques médiatiques telles que la neutralité d’Internet, les droits d’auteurs ou encore la vie privée sur le Net.