La C.-B., terre d’accueil francophone ?

Le 4 novembre 2017 s’est achevée la cinquième édition de la Semaine nationale de l’immigration francophone. Les journées étaient organisées autour du thème “Une langue, mille accents”, et étaient orchestrées par la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada en collaboration avec les Réseaux d’immigration francophone de chaque province. L’occasion de faire le point sur l’immigration francophone en Colombie-Britannique.

Plus de 300 000 nouveaux immigrants pour 2018 : c’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement canadien. Cela représente 10 000 personnes supplémentaires par rapport à 2017. Cet objectif ambitieux fait partie d’une plus large planification jusqu’en 2020. Qu’observe-t-on au niveau de l’immigration francophone en Colombie-Britannique ?

Montée du continent africain

Pour la toute première fois cette année, l’Afrique devient le deuxième continent à fournir le plus de nouveaux arrivants. Un chiffre record de 13,4% des immigrants sont désormais natifs de pays africains, avec en tête de liste le Nigéria, l’Egypte ou
encore le Cameroun.

Sur le terrain, Emmanuelle Archer, coordonnatrice du Réseau d’immigration francophone de la Colombie-Britannique, atteste de la place grandissante de ces populations: « La République démocratique du Congo et le Cameroun représentent une part de plus en plus importante dans l’immigration ».

L’Afrique pourrait constituer une réponse aux objectifs ambitieux du gouvernement canadien en termes d’immigration francophone. En effet, depuis 2003, le gouvernement fédéral vise à ce que 4,4% des immigrants qui s’établissent à l’extérieur du Québec soient d’expression
française.

Légère croissance de l’immigration francophone

En 2016, si l’immigration européenne en Colombie-Britannique a de façon générale enregistré une baisse avec un taux de 11,6%, contre 16,1% en 2006, l’immigration francophone, elle, se porte bien avec une croissance d’environ 72 000 nouveaux arrivants, Canadiens francophones et immigrants confondus.

« L’immigration francophone en Colombie-Britannique s’est grandement diversifiée ces dernières années. Nous rencontrons de plus en plus de nouveaux arrivants belges ou suisses francophones, ce qui était relativement rare il y a encore quelques années », observe Emmanuelle Archer.

Il faut dire que la province est attractive à de multiples niveaux: les perspectives d’emploi, la possibilité de parfaire son anglais, et un « environnement naturel exceptionnel qui allie des paysages spectaculaires avec un climat plus tempéré qu’ailleurs », constate la responsable.

La question du climat n’est pas anodine. Grâce aux températures hivernales clémentes de Vancouver, la ville est une destination privilégiée de « l’immigration secondaire », c’est-à-dire les immigrants qui se sont d’abord installés dans une autre province avant de déménager en Colombie-Britannique.

La responsable note par ailleurs « une augmentation marquée du nombre de réfugiés qui font appel aux services d’établissement francophones ».

Les défis des nouveaux arrivants francophones

Pour Emmanuelle Archer, les immigrants francophones se heurtent aux mêmes difficultés que la plupart des autres nouveaux arrivants, à savoir « l’intégration sur le marché du travail, la reconnaissance des diplômes étrangers, d’éventuelles barrières linguistiques dans un milieu majoritairement anglophone et, dans les grandes villes, la difficulté de trouver un logement à prix abordable ».

Par ailleurs, un défi propre aux nouvelles populations francophones est celui du rattachement à la francophonie locale et de l’accès aux informations et services en français. La communauté francophone étant dispersée et minoritaire, il n’est ainsi pas rare pour la responsable du Réseau d’immigration francophone « de rencontrer des immigrants qui vivent à Vancouver depuis cinq ans ou plus et qui n’ont jamais entendu parler de la Maison de la francophonie ou des services d’établissement francophones ».

Les services d’accueil sous pression

Dans ce contexte de croissance migratoire, des services fiables et compétents, ainsi qu’une bonne coordination, sont plus que jamais nécessaires si l’on veut accueillir au mieux la vague d’un million de nouveaux résidents sur les trois prochaines années que le fédéral espère.

Emmanuelle Archer prévient ainsi que « les organismes prestataires de services d’établissement devront se doter de ressources humaines et financières supplémentaires pour répondre à la demande ».

Si les services sont déjà beaucoup sollicités, « il faut toutefois souligner que tous les nouveaux arrivants ne passent pas nécessairement par les services et que ‘l’instantané’ de l’immigration francophone que l’on peut ainsi capturer ne reflète pas forcément toutes les évolutions démographiques qui se produisent à l’heure actuelle », avertit la coordonnatrice du Réseau.

Les services d’accueil doivent aussi être réactifs afin de s’adapter aux besoins des nouveaux arrivants. « Par exemple, si la pression du coût des loyers pousse de plus en plus d’immigrants à aller s’installer dans la Vallée du Fraser ou à Nanaimo plutôt qu’à Vancouver ou Victoria, la question d’envisager des services d’établissement décentralisés ou mobiles pourrait se poser », évoque Emmanuelle
Archer.

Enfin, il faudra aussi revoir la question de la capacité d’accueil au niveau des écoles francophones et des garderies, ou encore de l’accès aux services de santé en français.