Le Mexique veut un autre tourisme

La ville de Puebla au Mexique. | Photo par Pascal Guillon

Le Mexique a reçu 35 millions de touristes l’an dernier mais il ambitionne d’en accueillir 50 millions par année d’ici 2021. Ce secteur apporte déjà 20 milliards de dollars annuellement à ce pays, mais les autorités espèrent que d’ici 3 ans, le tourisme sera une source de devises plus importante que les envois d’argent des Mexicains établis à l’étranger. Pour atteindre ces objectifs, le secteur doit faire des gros efforts de diversification en ce qui concerne les marchés visés et les destinations proposées.

La ville d’Oaxaca au Mexique. |  Photo par Pascal Guillon

Les touristes étrangers viennent au Mexique de deux principaux pays, les États Unis et le Canada. Cette année, plus de 2 millions de Canadiens choisiront des vacances mexicaines, ce qui est un nombre remarquable vu la population de notre pays. La Grande-Bretagne arrive en troisième position, suivie de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne. Ensuite, viennent plusieurs pays latino-américains, notamment le Brésil, la Colombie et l’Argentine. Le secrétariat fédéral mexicain du tourisme continue ses efforts de marketing dans ces marchés, mais se tourne également vers l’Asie. Des séminaires sont organisés pour aider les acteurs du secteur touristique à accueillir des touristes chinois. Des accords entre la ville de Mexico et Pékin visent à augmenter grandement les échanges entre les deux pays dans les années à venir.

Encore faut-il diversifier l’offre touristique car la plage ne convient pas à tout le monde. Pour l’instant, les touristes étrangers viennent surtout pour les plages. La ville balnéaire de Cancun reçoit à elle seule plus de 4 millions de touristes étrangers. Sur plusieurs kilomètres, des centaines d’hôtels, en rangs d’oignons le long de la plage, accueillent un flot incessant de visiteurs qui se fichent éperdument du Mexique et de sa culture. Ils sont là parce que les forfaits à bas prix leur permettent de s’acheter une semaine de soleil pas cher. Les hôteliers ont compris qu’il suffisait de beaucoup d’alcool bas de gamme pour satisfaire le client. Pour ce qui est de l’exotisme, quelques mariachis suffiront. Au mieux, certains feront une excursion jusqu’aux ruines mayas de la région. Les autorités ne veulent pas décourager ceux qui ne viennent au Mexique que pour les bacchanales sur mer. Après tout, ça fait tourner la machine économique. Mais, finalement, ce n’est pas ce qu’il y a de plus rentable pour le pays car sur un forfait, par exemple, de 1000$, ce sont les compagnies aériennes et hôtelières (souvent étrangères) qui gardent la plus grosse part du gâteau. De plus, le gouvernement aimerait que la manne touristique soit mieux répandue à travers le pays.

Les autorités font donc des efforts pour rappeler aux étrangers que le Mexique a gardé les traces des grandes civilisations urbaines qui existaient bien avant l’arrivée des Espagnols. Elles tentent aussi d’intéresser les touristes à la capitale avec ses grands musées et ses bâtiments historiques dignes des grandes villes d’Europe. Tout autour de la capitale se trouvent des grandes villes dotées de cathédrales et autres bâtiments de pierre construits dès le 16e siècle, alors qu’à la même époque, la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre n’était qu’un ramassis de bicoques en rondins de bois.

La ville de Mexico pense recevoir un peu plus de 2 millions de touristes étrangers cette année, mais seulement 4 à 5% des visiteurs canadiens qui viennent au Mexique s’aventurent jusque dans la capitale. Ils sont encore moins nombreux à se rendre dans les autres vieilles villes coloniales de la région, comme Taxco, Cuernavaca, Puebla, Morelia ou Guanajuato. Plus au nord, une ville comme Guadalajara, aussi grande que Toronto mais beaucoup plus ancienne, peine à être visible sur les écrans radar touristiques. Mais cela commence à changer. Certaines villes coloniales, comme Merida, Oaxaca et Guanajuato réussissent à percer dans ce marché. Les autorités sont convaincues que ce n’est là qu’un début.