Une nouvelle voie de la littérature canadienne ?

Guillaume Morissette, écrivain québécois francophone

Le Vancouver Writers Festival présente l’événement Incite : une série de lectures qui ont lieu tous les seconds mercredis du mois, de janvier à mai, à la Bibliothèque publique de Vancouver. Le mercredi 28 février, c’est sous le titre Nouvelles voix de la CanLit que Guillaume Morissette est invité à venir présenter son travail, aux côtés de trois autres jeunes auteurs canadiens.

Guillaume Morissette est un écrivain québécois francophone, auteur de deux romans qu’il a choisi d’écrire en anglais. Le premier, New Tab, paru en 2014 chez Véhicule Press, finaliste pour le prix du premier roman Amazon.ca, a été traduit et publié en français sous le titre Nouvel Onglet aux Éditions du Boréal en 2016. The Original Face, paru en 2017 chez Véhicule Press devrait être traduit puis publié en 2019.

Quand on l’interroge sur le choix de sa langue d’écriture, l’auteur affirme qu’il « [fait] partie d’une génération de Québécois qui peut redéfinir ce que signifie être Québécois ». Pour lui, écrire principalement en anglais ne rend pas moins Québécois. Au contraire, il se sent « extrêmement Québécois quand [il] voyage ou [fait] des lectures à l’étranger ». D’ailleurs, plus l’auteur s’éloigne de Montréal, plus il trouve d’occasions de parler de sa ville natale à des inconnus. « Peut-être que c’est ma façon à moi d’être Québécois : être quelqu’un qui peut faire le pont entre deux cultures », songe-t-il.

La CanLit, c’est quoi ?

Originaire du Québec, résidant à Montréal et écrivant principalement en anglais, Guillaume Morissette est-il un représentant de la CanLit ? Si aujourd’hui ce terme recouvre la notion de « littérature canadienne » dont il est la contraction, il renvoie aussi initialement à la volonté portée par Pierre Trudeau dans les années 1960–1970 de promouvoir un Canada multiculturel, dans la langue et dans l’art.

Le premier livre de Guillaume Morissette, Nouvel Onglet, est « un roman semi-autobiographique qui suit une année dans la vie de Thomas, un francophone qui commence à habiter avec des colocs anglophones dans le Mile-End, à Montréal », résume l’auteur. Le roman a donc un ancrage géographique et culturel mais ne se revendique pas comme représentant de la CanLit. « En ce moment, la littérature canadienne est un peu en période de crise, observe l’auteur. Les lecteurs ont soif de diversité et de récits contemporains qui brassent le statu quo et reflètent réellement le monde d’aujourd’hui. Personnellement, je déteste le terme CanLit, qui me semble insipide et imprécis, mais je n’ai aucun problème à m’identifier comme auteur canadien », souligne le Québécois. Ainsi ses influences vont au-delà de la littérature canadienne et se situent « plus au niveau de la littérature contemporaine en général ».

L’influence de la culture numérique

Nouvel Onglet, comme l’évoque son titre, emprunte aussi à l’AltLit, la littérature alternative qui se nourrit de culture internet. Son personnage Thomas est un designer de jeux vidéo qui travaille pour un gros studio, « dans lequel il a l’impression d’être un rouage inutile dans une machine inhumaine », explique l’auteur. Là encore, il n’aime pas le terme d’AltLit et préfère parler de « littérature contemporaine ou de littérature inspirée de l’Internet ». Pour le Québécois, « toutes les étiquettes sont insuffisantes pour décrire un livre ».

En définitive, avant de s’arrêter à un catalogage, mieux vaut se plonger directement dans la lecture, ou bien aller découvrir Guillaume Morissette à la VPL.

Incite, mercredi 28 février à 19h30 à la Vancouver Public Library, salle Alice MacKay

 

La CanLit expliquée

La CanLit est née de subventions accordées par le gouvernement à des auteurs décrivant la spécificité de la vie dans les petites villes du pays, donnant un éclairage diversifié sur l’environnement particulier de chaque province du Canada. Les œuvres de la CanLit répondent ainsi à des codes littéraires dont le contenu trouve son pendant dans le mouvement pictural canadien. Dès la fin du 19e siècle, les peintres canadiens ont eu pour volonté de représenter la spécificité de leurs paysages et de se libérer des standards artistiques européens.