Les petits fours

Après avoir joué, contre toute logique, à l’expert pendant le championnat du monde de football l’été dernier, aujourd’hui de nouveau, le vent en poupe, je décide, contre toute logique, de partir à l’aventure pour me lancer dans une autre expédition non moins audacieuse : devenir critique de cinéma ne serait-ce qu’une fois pour satisfaire un besoin pervers de notoriété. Du foot au ciné, il n’y a qu’un pas, long d’un pied, à franchir, ce que je m’apprête à faire résolument.

« Arrête ton cinéma » s’écrit un piéton à l’intention du maire qui passait par là à bicyclette le long d’une route qu’il avait réussi à interdire d’accès aux automobilistes non résidents du quartier.

Les films que je vous propose de commenter n’ont pas été projetés dans les grandes salles de cinéma de la ville et n’apparaissent nul part au programme du VIFF cuvée 2018 qui débute sous peu. Ils n’ont pas connu une grande distribution et ont échappé au succès qu’ils n’auraient sans doute jamais mérité. En fait, ces films seraient passés inaperçus si ce n’était de mon extrême perspicacité à les détecter pour leur manque de valeur. Ce ne sont pas, par conséquent, les tubes mais plutôt les petits fours du ciné actuel que je vous invite à découvrir en toute mauvaise foi.

Dans la catégorie film à déconseiller voici quelques navets qui méritent l’attention.

Touche pas à mon pot, de Marie-Jeanne Jeneséki, peut devenir un film culte au sein du regroupement des cultivateurs de cannabis. Un sujet d’actualité où de nombreux fermiers font le pari de réorienter leur récolte. En abandonnant la culture des choux, des carottes et des patates pour celle du cannabis avant le mois d’octobre, des agriculteurs en devenir, d’un bout à l’autre de ce pays non imaginaire, misent sur la légalisation du cannabis pour enfin faire fortune. Délaissent-ils la proie pour l’ombre ? Sans l’ombre d’un doute semble affirmer le réalisateur, avide consommateur de ce produit. La concurrence s’avère forte et déloyale. Le recyclage c’est bien beau mais tout peut partir en fumée. Un film qui plane au-dessus de tous les autres par sa médiocrité.

Bon baiser d’Arabie Saoudite : une œuvre minable qui, malgré de louables efforts, échoue lamentablement dans sa tentative de vous tenir éveillé. Histoire rocambolesque où, en essence, un prince héritier d’un royaume riche en pétrole tente de rehausser sa popularité, pas mal émoussée, aux dépens d’un grand pays nordique sans importance. Le gouvernement de ce dernier ne bronche pas face aux menaces du roquet moyenâgeux. Le prince aboie, la caravane passe. Un film puéril aux effets mal faits qui vous donne l’envie de bailler non pas aux corneilles mais aux faucons.

Le maire se fait la paire : « Arrête ton cinéma » s’écrit un piéton à l’intention du maire qui passait par là à bicyclette le long d’une route qu’il avait réussi à interdire d’accès aux automobilistes non résidents du quartier. L’édile poursuivit son chemin sans broncher. L’histoire en bref se révèle désolante mais pas compliquée. Sentant venir la fin prochaine de sa carrière, le maire d’une grande ville du bord du Pacifique convoque les scribes de la région pour leur dire sans ambages qu’il renonçait à se représenter aux prochaines élections municipales. Alléchée par la possibilité de se retrouver à la tête d’une grande métropole, une flopée de citoyens, composée principalement d’illustres inconnus, dont l’honnêteté n’a pas encore été testée, crut bon de convoiter le siège de bourgmestre laissé vacant. Le maire sortant, qui n’avait pas encore pris la porte, observant cette cohue, échappa un rictus qui en disait long sur son legs. De toute évidence cela lui faisait de belles jambes. À suivre, nous annonce la fin de ce film dont on saura en novembre s’il finit bien ou pas. J’avoue être resté sur ma faim.

La mauvaise Alena : En marge de tous les festivals arrive ce feuilleton tiré de la télé réalité. Nous suivons les rebondissements d’une discorde au sujet d’un désaccord sur une tentative d’accord. Cette série vous laisse un arrière-goût de putréfaction. Une bactérie américaine donc, menteuse comme un arracheur de dents, envenime régulièrement et à dessein la situation. Voulant crever l’abcès, le Canada, qui ne mâche pas ses mots face à ce fléau, ne peut faire autrement que d’en prendre plein les dents. Comble de malheur, le Yankee veut imposer une barrière tarifaire sur l’importation du dentifrice. Quel nerf ! s’exclame Carie qui venait de perdre son dentier. Tout comme elle, nous restons bouche bée en attendant le dénouement d’une situation qui, quitte à nous faire grincer des dents et perdre nos plombages, un jour ou l’autre devrait prendre fin. Un film à
épisodes projeté la nuit qui a failli me faire mourir d’ennui.

Après cet effort plus ou moins vaillant d’évaluation de films irritants, il est temps pour moi de jeter l’éponge et de pendre mon tablier de critique de cinéma. Que bien vous fasse.