Ambiance vancouvéroise : «…comme une petite rivalité, de qui est plus francophone que l’autre »

 

« L’important c’est de n’être que de passage » Eugène Dabit

J’aime beaucoup cette citation qui illustre parfaitement mon chemin parcouru depuis mon arrivée au Canada il y a 18 mois.

En arrivant, avec un PVT (Permis-Vacances-Travail), il y a un an et demi, je voulais une nouvelle aventure, « voir autre chose » comme on dit… Mais je ne fuyais pas pour autant ma situation en France ! C’est un élément important qu’il faut comprendre et qui change l’expérience de l’immigration. Mon copain et moi avons (un peu) hésité à partir, une fois nos PVT en poche, tant il était difficile de mettre en péril le bel équilibre que nous avions.

Je ne suis arrivée à Vancouver qu’en mai dernier : « Oh tu étais à l’Est avant ? me demande-t-on. Non. J’ai passé l’été à Kelowna et l’hiver à Revelstoke. Oui c’est en Colombie-Britannique. »

En arrivant ici, j’ai dû faire face à beaucoup (trop ?) d’idées reçues, ancrées chez mes compatriotes : à quel endroit peut-on vivre en C.-B. sinon à Vancouver ? Y-a-t-il vraiment d’autres « villes » ?

Un peu désarçonnée, j’ai illustré que Vancouver n’est pas révélatrice de la Colombie-Britannique, et encore moins du Canada ! À mes yeux, cette douce ville est une bulle à part. Certes, les montagnes et l’océan, ces grands espaces qui font rêver, sont à portée d’yeux et de bus… mais il y a tellement plus !

J’ai eu un électrochoc en arrivant… Quelle belle ville, grande, verte et tellement agréable à vivre ! Mais le revers de la médaille est difficile : vivre ici se mérite, et il faut un statut et une réussite sociale exceptionnelle pour en jouir complètement !

Mais la diversité culturelle est omniprésente, quel bonheur ! En revanche, le communautarisme est là aussi et il y a, j’ai trouvé, trop peu de dialogues entre les communautés. Comme une « tolérance » sans interaction.

Souvenirs de voyage: la beauté des paysages.

Même entre francophones du monde, on n’arrive pas vraiment à accorder nos violons : comme une petite rivalité, de qui est plus francophone que l’autre. Je me suis alors réfugiée dans un cercle de connaissances restreint (et francophone !) où j’ai trouvé un semblant de place. Mais ce n’est à ce jour pas suffisant pour m’épanouir et penser à m’établir ici.

Mon expérience canadienne tire à sa fin, j’en sors épanouie, heureuse et fière de ce que j’ai vu et de mon évolution. Parcourir le sud de la C.-B. en long, en large et en travers a confirmé la beauté, l’étendue et la variété attendues des paysages. J’ai rencontré des amis, français, canadiens et australiens (pour la plupart !), je les reverrai c’est certain et nous avons partagé de belles aventures et de belles expéditions.

Je souhaite à quiconque de bouleverser l’ordre social établi (boulot, métro, dodo, mariage, maison, enfants) pour prendre un peu de hauteur et apprécier la chance que l’on a de pouvoir voler de nos propres ailes à travers les lacs et les forêts !

4 opinions sur “Ambiance vancouvéroise : «…comme une petite rivalité, de qui est plus francophone que l’autre »

  1. ” En arrivant ici, j’ai dû faire face à beaucoup (trop ?) d’idées reçues, ancrées chez mes compatriotes : à quel endroit peut-on vivre en C.-B. sinon à Vancouver ? Y-a-t-il vraiment d’autres « villes » ?
    Je ne suis arrivée à Vancouver qu’en mai dernier : « Oh tu étais à l’Est avant ? me demande-t-on. Non. J’ai passé l’été à Kelowna et l’hiver à Revelstoke. Oui c’est en Colombie-Britannique. »

    Madame, mais vous avez manqué LA grande ile dans le Pacifique, avec Victoria la capitale…

    • Bonjour Jacques,
      Je ne comprends pas ce que vous voulez dire…
      Je n’ai pas prétendu avoir balayé toute la Colombie-Britannique mais j’ai exposé les villes où j’ai habité. J’ai également mis en lumière les commentaires reçus à Vancouver en arrivant ; rien de plus, rien de moins.
      J’ai passé 18 mois en C.-B., toute une vie ne suffirait pas à connaître tout le territoire.

  2. “Comme une « tolérance » sans interaction.” fait écho à ma petite phrase à moi “une indifférence à la différence”.
    Il me semble aussi dur de vivre à Vancouver, je partage cela.

    Pourtant le voyage n’est peut-être pas simplement voyager, c’est parfois également l’absence, l’apprentissage d’une perte, sa re-connaissance… ici me manque les frottements, les élans, les détours, les cris échos aux chuchotements, l’ondulation des mouvements des corps parfois incohérents, les neiges brulantes…Ici, c’est ainsi, et c’est mon ailleurs.

    Je n’arriverais sans doute pas à y rester non plus. C’est sans doute car les vivants humains que nous sommes, nous ne sommes pas aussi “interchangeables “que cela. Le milieu compte, et l’interaction nous dépasse. Nous sommes libres me semble-t-il quand on se reconnaît liée.

    Alors volons au-dessus des habitudes, et prenons le temps de courir les crêtes de nos vies. Simplement chaque pas que l’homme fait ne “déconstruira” l’ordre établi que s’il réussit à dépasser l’expérience individuelle pour s’inscrire dans une histoire collective. Le voyage a cette beauté ambiguë de la solitude.

    Les montagnes ont cela de magique, elles savent apprendre à vivre au-delà de nos certitudes.

    Bon retour, et merci pour ce partage car il me semble très complexe d’écrire sur ce sujet.

    L.

    • Merci à vous L
      Je suis contente de trouver un peu d’écho dans ce que vous exprimez.

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