Une magie venue de la Colombie

Extrait d’un spectacle de Camilo Dominquez. | Photo par Andrew Gerard

Dans les années 90, David Copperfield rendait la prestidigitation populaire. Il semblerait que le Colombien Camilo puisse être un digne successeur de l’Américain. Les 15, 16, 29 et 30 mars prochains, il présente son spectacle Magik Man, le dixième à seulement 30 ans. Portrait d’un magicien passionné depuis qu’il est en âge de tenir des cartes…

Chapeau haut-de-forme noir, costume sombre, regard étudié et intrigant ; pas de doute, le poster de Magik Man parle bel et bien d’un spectacle de magie. Cet art, Camilo Dominquez, natif de la Colombie, le vit depuis son enfance. S’il ne sait mettre le doigt sur le moment détonateur, il explique avoir eu des dispositions très jeune. Lui qui se décrit à la base comme le « clown de la maison », raconte s’être senti habité par un besoin de féérie depuis toujours. Rien de surprenant donc qu’à huit ans il décide d’intégrer le centre Escuela de Artes Magicas de Bogota, tenu par l’illusionniste Richard Sarmiento. Comme un chef qui donne des cours cuisine, une école de magie dévoile l’envers du décor : la dextérité, l’importance du langage non verbal, du rythme d’enchaînement, sans oublier les erreurs à ne pas commettre. “La plupart des classes consistaient d’une part à apprendre les aspects techniques d’un tour mais pas seulement, on apprenait aussi à pratiquer devant un public ». Il y passe le plus clair de son temps à apprendre du Maître. De son tout premier spectacle, il se souvient qu’il était « extrêmement nerveux et, à vrai dire, le tour n’a pas marché ! Mais le public ne s’en est pas rendu compte grâce à une improvisation ! »

Parmi les traits de caractère indispensables pour la pratique de cette discipline, il y a le perfectionnisme. « Il y avait un petit théâtre de 90 personnes, et tous les derniers jeudis du mois il y avait une représentation. J’ai tâché de participer à chacune d’elles. C’était le meilleur moyen de pratiquer et d’essayer les numéros” se rappelle-t-il. Il ajoute qu’il a toujours un jeu de cartes sur lui afin de pouvoir s’entraîner « tout le temps ! » C’est d’ailleurs son accessoire favori. « Je ne sais pourquoi, ça a toujours été ma préférence. J’ai le sentiment que tout le monde peut se sentir concerné. Nous avons tous joué aux cartes à un moment ou un autre et ils peuvent donc les battre, et jouer avec ! » Néanmoins, le spectacle intègre différents effets : l’illusion, la lecture des pensées (ou mentalisme), et les tours plus intimistes (close-up pour les initiés). Ceux-là encore ont sa préférence. « Pour moi, c’est la forme la plus pure parce qu’elle se déroule devant les yeux. Et on peut la faire n’importe où ! »

Sur l’évolution de sa carrière, il raconte avoir une base solide grâce à deux programmes d’étude en particulier. Il y a d’abord eu ses études de l’art de la scène à Victoria, où il déménage à 14 ans seulement. Il y étudie les techniques de lumière, de mise en scène, le marketing artistique, etc. Puis il y eut l’année d’échange au Theatre History Exchange Program de Londres. Il explique avoir passé une grande partie du temps sur les routes à assister à une multitude de spectacles. « Il y a toujours quelque chose à prendre, bon ou mauvais. Très souvent, quand j’assiste à une représentation, je ne peux m’en empêcher, ma démarche créative se déclenche et les idées me viennent ». Cette créativité, il la décrit comme foisonnante. Il travaille très souvent sur plusieurs projets à la fois. « C’est toujours très amusant pour moi. C’est un peu comme une aire de jeu et je peux construire ce que je veux. Je commence avec une feuille blanche et j’écris toutes mes idées. La plupart sont folles et donc il me faut imaginer comment les rendre réalisables. Si je n’y arrive pas, je les mets dans ma « boîte magique », ma boîte à idées, jusqu’à nouvel ordre. Et comment sais-je que le moment est opportun pour en ressortir une ? Aucune idée ! » Son idée la plus saugrenue ? « Un poisson vivant pour les besoins d’un show devant des biologistes marins ! » Quant à celle qui attend de sortir du chapeau ? « Un jour, je veux réussir à voler » répond-t-il. La création ne s’opère cependant jamais dans la douleur. « C’est toujours un ensemble d’émotions mais jamais de la colère. Au lieu de laisser la frustration prendre le dessus, j’accepte le défi. Parfois je remets juste à plus tard, parfois je prends une bière et comme sortie de nulle part, je trouve la solution ».

Concernant son spectacle Magik Man, Camilo se confie.

« C’est la sorte de show que j’ai toujours rêvé de monter. C’est le genre de magie qui est tellement forte dans sa simplicité. Vous en viendrez à croire que la magie existe » partage-t-il en guise d’invitation. Et sur le titre ? « Il faut venir pour comprendre ! La question que je souhaite poser est de savoir ce que représente la discipline de la magie pour chacun. Tout le monde a une réponse différente ! ».

Magik Man le spectacle, informations et billets sur le site www.camilothemagician.com

Une partie des bénéfices sera reversée à l’œuvre caritative Morquio B. Foundation