CSF 2019, un nouveau chef et du sang neuf

C’est une rentrée pleine de défis qui attendait les 6 200 élèves scolarisés dans les écoles du CSF. L’année passée n’avait déjà pas été des plus simples pour l’institution qui a changé de directeur général début août.

Michel Saint-Amant, le nouveau directeur général, prend la place de Bertrand Dupain qui avait annoncé en janvier dernier ne pas souhaiter renouveler son mandat après cinq ans à la tête de l’institution.
Il était en place depuis 2014 et se voit donc remplacé par une personne ayant 30 ans d’expérience dans l’éducation en milieu francophone minoritaire en Ontario. Diplômé de psychopédagogie, et possédant une maîtrise en administration de l’éducation, M. Saint-Amant a semble-t-il le profil pour prendre en main le CSF, même s’il n’a disposé que d’à peine plus d’un mois avant la rentrée.

Toute l’énergie du nouveau directeur a immédiatement trouvé à s’employer devant les défis constants auxquels fait face l’institution. En effet, le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter, de nouvelles écoles ouvrent cette année (à Golden et à Smithers) mais il manque toujours de nombreux enseignants et du personnel qualifié à tous les niveaux.

Michel Saint-Amant. | Photo de CSF

Pour cela, Monsieur Saint-Amant a immédiatement imprimé sa marque sur ce problème récurrent au CSF. En effet, une semaine avant la rentrée il manquait encore une trentaine d’enseignants à travers la province et près de 107 postes étaient à pourvoir au total, allant du bibliothécaire au directeur d’école. L’embauche a donc été accélérée sur le terrain directement avec les établissements (contre un processus plus centralisé auparavant) et devient désormais constant toute l’année (contre des périodes de recrutement limité dans le temps les années précédentes). Un programme a également été mis en place avec une université (non précisée mais il s’agit très probablement de SFU) pour créer un corps d’étudiants-maîtres qui pourra venir soutenir le CSF dans ses missions. Cette nouvelle façon de faire semble efficace : sur les 30 poste de professeurs vacants une semaine avant la rentrée, 19 ont trouvé preneurs à temps. Il est donc possible de considérer que la situation s’améliore par rapport à l’année précédente où, à la même période, c’était plus de 250 emplois qui n’avaient pas été pourvus.

Des écoles trop petites

La taille des écoles est elle aussi toujours un souci, surtout dans la région du Grand Vancouver. En un peu plus de 25 ans, le nombre d’élèves a plus que triplé. Il n’était à l’époque que de 2 000 enfants francophones scolarisés dans la province, contre plus de 6 000 aujourd’hui. Pourtant, on estime que ce nombre est encore sous-estimé par rapport aux besoins réels des francophones qui n’ont souvent pas d’autre choix que de scolariser leurs enfants dans des écoles anglophones, faute de place.

Un exemple qui revient fréquemment est celui de l’école Rose des Vents, prévue initialement pour 200 élèves, et qui en a accueilli plus de 350 l’année dernière. Pour faire face à cela, le nouveau directeur regarde du côté des terrains de la Couronne, dont certains avaient été attribués en concession perpétuelle à des institutions aujourd’hui disparues. Il se tourne également vers d’autres districts scolaires de façon à trouver des lieux destinés à accueillir cette population toujours croissante, tout en continuant à chercher des lieux à bâtir, construire ou acquérir.

En effet, outre le manque de place dans les écoles, l’un des principaux facteurs qui empêchent les élèves de recevoir une éducation en français se pose dans le transport scolaire, car la communauté francophone est une des plus éparpillées sur le territoire de la province qui, rappelons le, fait tout de même la taille de l’Égypte. Cela se traduit par de véritables « zones mortes » dans la province. Pour certains enfants, cela se traduit par plus de trois heures de transports quotidiens. Pour cela, le CSF ne dispose que de 190 bus scolaires, tout en étant le conseil scolaire de la province qui véhicule le plus grand nombre d’élèves. En conséquence, il recherche en permanence un moyen de sous-traiter une partie de ce transport « car les attentes précises des parents sont difficiles à concilier avec nos capacités » nous explique Michel Saint-Amant.

La Colombie-Britannique proche de l’Ontario

Interrogé sur les différences ou les similitudes qu’il y a avec l’Ontario, M. Saint-Amant considère que les défis sont sensiblement les mêmes, à une tout autre échelle cependant. En effet, si les élèves franco-ontariens sont près de 100 000 (soit presque 17 fois plus qu’en C.-B.) la population francophone est également plus diluée dans la province. « Depuis mon arrivée, j’ai entendu parler français plus fréquemment aux terrasses des cafés ou dans la rue qu’en Ontario »

Une énorme différence existe cependant sur le plan des systèmes d’éducation. S’il est unique chez nous, il n’en va pas de même en Ontario où cinq systèmes différents se partagent l’éducation : deux catholiques et deux publics (francophone et anglophone à chaque fois) ainsi qu’un système privé. Les différences s’arrêtent cependant là, car pour le reste, les défis sont exactement les mêmes : transport, taille des écoles, recrutement, ce qui fait que pour M Saint-Amant, « l’expérience que l’on a sur le terrain s’importe ou s’exporte très bien dans le reste du Canada »

Interrogé sur la méthode qu’il compte mettre en place, il explique qu’il doit avant tout en apprendre davantage sur les structures locales, analyser, élaborer et surtout « mettre en place une approche collaborative et fonctionnelle, tenir compte du passé et développer la confiance avec les politiques et l’administration ».