Nature et composition – un photographe se dévoile

Tout juste revenu d’un périple photographie de la côte ouest américaine au Mexique, Dominic Carbonneau, jeune photographe québécois qui ne cesse d’enchaîner les voyages et les prix de photographie.

Il invite les lecteurs à voyager depuis leurs écrans et raconte ses dernières péripéties.

Grand angle

Fraîchement sorti des bancs universitaires, une maîtrise en environnement en poche, le natif de Sherbrooke fait l’acquisition de MarVan Gaye, une camionnette qu’il transforme en roulotte en un mois à peine. Ayant gagné en notoriété tant pour ses paysages époustouflants du Canada, en terre Nunavik, que pour avoir capturé la beauté et la richesse du Népal, le talentueux photographe décide de se lancer dans la photographie sous-marine en Basse-Californie, au Mexique, à la recherche de deux splendeurs des océans, à la taille tout aussi spectaculaire : le requin-baleine et la baleine grise.

« Le plus souvent, j’étais en pagaie debout et, à quelques reprises, des baleines grises se sont approchées. Une est même passée à quelques mètres sous moi, c’était tellement impressionnant, la queue était aussi large que mon embarcation ! », raconte le photographe, ému.

Un angle très artistique et travaillé de la photo. | Photo par Dominic Carbonneau

Et ces géants de la nature sont difficiles à photographier car, outre leur statut d’espèces menacées, les eaux du Pacifique sont assez troubles, et même de très près avec caméra grand angle, la tâche reste difficile. D’autant plus quand on essaie d’être le plus respectueux possible de ses muses : « Je refuse d’utiliser un moteur pour mes approches. Lorsqu’on est sous l’eau on entend très bien les bateaux, même ceux au loin. Ça c’est avec des oreilles d’humains, je n’imagine même pas pour les baleines ! Ça fait partie de mes limites éthiques personnelles », confesse le photographe.

Activités de plein-air

En effet, l’aventurier québécois a été habitué dès son plus jeune âge à envisager la photographie centrée sur la faune : « Mon père faisait beaucoup de photo. Directeur du bureau des gardes-chasse à Sherbrooke jusqu’en 2004, il a même publié un guide pratique de photo pour les agents de la province », raconte Dominic. « J’ai fait beaucoup de photo de faune il y a quelques années. C’est un sujet qui nécessite beaucoup de temps et on revient souvent sans image », explique le Sherbrookois pour qui le paysage s’est alors imposé, simplement. « Ça se joint facilement à la pratique d’activités de plein-air. La photo devient alors un prétexte supplémentaire pour aller à l’extérieur courir, rouler, grimper ! », ajoute-t-il avec enthousiasme.

Inspiré dès le secondaire par le travail d’Art Wolfe, photographe engagé dans la protection des animaux sauvages et reconnu notamment pour sa série documentaire télévisée Travels to the Edge, Dominic
Carbonneau poursuit également un angle très artistique et travaillé de la photo : « J’apprécie toujours autant son approche de la photo plus près des beaux-arts », reconnaît-il.

Composition réfléchie

Car le photo-reportage nécessite bien plus qu’un téléphone dernier cri et un bon filtre, « La photo n’est pas une question de mégapixels, de netteté ou autres détails techniques. C’est d’abord beaucoup de travail, une bonne lumière, une composition réfléchie et de la créativité », précise Dominic Carbonneau, pour qui la photo est une forme de langage universel.

Profondément marqué par une exposition de Florian Schulz (photographe animalier allemand connu pour ses photos d’ours blancs, ndlr) sur l’Alaska, dans laquelle un petit clip vidéo tournait en boucle, montrant tout le travail en amont pour obtenir un simple cliché, le jeune photographe explique son admiration pour la photo concernée : « Ce cliché est pour moi un bon exemple d’une photo qui est bien composée et qui « parle ». C’est le meilleur compliment que l’on peut me faire. Une photo qui « parle », une que l’on peut accrocher au mur et, automatiquement, la personne qui la regarde peut comprendre quelque chose : les habitudes d’une espèce, le mode de vie de quelqu’un, un enjeu environnemental, les conséquences d’une catastrophe ».

Mais c’est pour une raison bien plus joyeuse qu’il continue de voyager, armé de son reflex :
« En plus de la vie sauvage, j’ai rencontré tellement d’autres voyageurs. Sur ces plages et en bonne compagnie, le rapport au temps est bien différent : on prend le temps. C’est d’ailleurs ce que les gens apprennent ces temps-ci en confinement, apprécier le temps qui coule lentement »,
conclut le photographe.

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