Regards croisés entre le Canada et le Vietnam en temps de COVID-19

Photo par longzijun, Flickr

Nous vivons une époque sans précédent où la santé publique mondiale est menacée. La pandémie de la
COVID-19 a fait le tour du monde et a touché presque tous les aspects de nos vies. J’ai été témoin de la façon dont la vie de mes amis et de ma famille a été affectée par la pandémie à bien des égards.

Étant donné que l’épidémie peut se propager rapidement et ne présenter des symptômes que très tard, il est difficile de savoir qui a été atteint par la maladie. Le Vietnam, d’où je viens, a adopté une position proactive et a ordonné une mise en quarantaine arrêtant le contact entre la plupart des personnes. L’ordonnance a imposé la distanciation sociale et l’utilisation de masques faciaux médicaux. Grâce aux mesures prises à un stade précoce et en étant proactif quant à la protection de la santé publique, le Vietnam (95 millions d’habitants) ne compte que 325 cas, avec 267 cas récupérés.

Ma famille au Vietnam a respecté les ordres de distanciation sociale, ce qui a entraîné des changements de style de vie intéressants. Ma sœur apprend en ligne depuis février, dès le début du pic d’infection par la COVID-19. Son parcours d’apprentissage n’a pas radicalement changé, mais ses camarades de classe et les événements sociaux à l’école lui manquent.

Tout le monde est censé avoir acheté des masques médicaux et un désinfectant pour les mains. Cependant, avoir suffisamment de fournitures pour la population dense de Hanoi n’est pas toujours possible. Les nouvelles et les comptes rendus personnels témoignent du fait que tous ne peuvent pas toujours mettre la main sur de telles fournitures car elles sont épuisées très rapidement. En plus de cela, certains magasins de fournitures médicales ont commencé à facturer plus que le prix du marché pour les masques et le désinfectant pour les mains, ce qui est une exploitation abusive et incroyablement contraire à l’éthique. En période de crise sanitaire et de difficultés financières, ce dont les gens ont le plus besoin, c’est de sympathie et de soutien, et non pas d’exploitation et de manipulation pour des gains personnels. Ce sont le soutien et la coopération des pairs qui nous unissent en tant que société moderne. Les tromperies n’apportent que la déstabilisation et la ségrégation à notre société.

Heureusement, le gouvernement du Vietnam a ouvert une enquête pour examiner la question. Avance rapide jusqu’en mai 2020, les fournitures sont réapprovisionnées et la plupart des gens peuvent acheter des masques médicaux pour être en mesure de sortir de chez eux et enfin pouvoir vaquer à leurs besoins.

Pendant ce temps, ma vie au Canada, éloignée de l’autre moitié du monde, a été stable avec une touche de peur de racisme. Le Canada a commencé la quarantaine un peu plus tard que le Vietnam, vers la fin mars. Mais c’est néanmoins une bonne mesure. La situation la plus étrange que j’ai observée jusqu’à présent a été l’épuisement des stocks de papier hygiénique. Les achats dictés par la panique pendant le pic de la pandémie sont survenus dans une forte vague qui a balayé presque tous les papiers hygiéniques et les produits de nettoyage. Les nouvelles ont même rapporté que certaines personnes ont commencé à en amasser, principalement, des quantités pour les revendre à des prix gonflés. De plus, certains citoyens harcèlent les gens (en majorité d’origine asiatique) portant des masques. C’est incroyablement étrange d’être harcelé pour avoir pris des mesures pour se protéger ainsi que les autres. En tant que communauté, nous devrions souligner les avantages de porter un masque au Canada, ce qui est déjà répandu au Vietnam.

La marée raciste contre la communauté asiatique a été poussée plus haut que jamais. Je crains de lire des nouvelles sur l’augmentation des crimes de haine contre toute personne d’origine asiatique. Le virus ne discrimine pas les races, ce que l’épidémie en Italie a prouvé. Dans tous les endroits où les voyageurs sont fréquents, une densité de population élevée peut être un point chaud d’infection.

En outre, il est illogique de blâmer les Asiatiques pour l’épidémie de la COVID-19, c’est extrêmement nuisible pour notre société et généralise une menace pour tous les descendants asiatiques, qui ont des antécédents patrimoniaux complexes. De nombreux membres des Premières Nations et les Canadiens d’origine asiatique ont été harcelés et agressés simplement en raison de leur origine, alors qu’ils n’ont aucun lien avec les points chauds d’infection. Nous avons vu de tout temps que le racisme nuit à notre société et ne mène pas à l’unification de tous les Canadiens. Il faut proclamer et répéter à chaque fois que nous devons en finir avec le racisme.

Un autre obstacle pendant la pandémie est notre économie et nos emplois. Les nouveaux diplômés et les chômeurs actuels ont du mal à trouver un emploi pour subvenir à leurs besoins au milieu d’une crise financière. Étant moi-même diplômé de l’université, je ressens une panique imminente pour trouver un emploi avec un salaire décent. Les chances sont toujours là, mais la concurrence est encore plus poussée. Un emploi auquel j’ai postulé a rassemblé plus de 1000 candidats, et le poste n’était que pour une personne. En période de turbulence, la flexibilité est indispensable pour joindre les deux bouts. Je suggère à tout le monde de considérer les services essentiels tels que la vente au détail, les soins de santé, etc. et d’offrir un coup de main si nécessaire.

Je suis reconnaissant que la situation se soit calmée grâce à la coopération de tous dans les mesures d’éloignement social. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a lancé la deuxième phase de la réouverture de l’économie. De nombreuses entreprises sont ouvertes au service, avec des règles de distanciation sociale supplémentaires. Tout ne sera pas restauré à l’époque pré-COVID-19, mais je suis heureux que nous nous rétablissions à un rythme incroyable.

Traduction par Barry Brisebois