C’est en perdre les pédales

À l’annonce du confinement, j’ai été saisie de la même pensée que des millions de personnes dans le monde qui partageaient le même mantra : nous avions enfin le temps de faire toutes les choses que nous n’avions jamais eu le temps de faire.

Permettez-moi de vous ramener à une période plus harmonieuse, il y a de cela quelques mois, dans nos vies à tous. Vous souvenez-vous du temps où nous voyions des nouvelles plus positives surgir d’endroits comme l’Italie et l’Espagne ? Et quand tout le monde essayait la dernière mode culinaire trouvée sur l’Internet comme le café dalgona et préparait nonchalamment du pain aux bananes ? Oui, moi aussi. On passait alors de bons moments, mais qui semblent si loin derrière nous maintenant.

Alors que juillet s’est transformé en août, la vie s’est avérée plutôt banale. Demeurer à la maison et rester dans sa bulle de personnes semblait être la meilleure chose à faire. Mais nous devons également en convenir, ce n’était pas une période des plus excitantes. Même si cela pouvait nous garder en sécurité, notre santé mentale en a été détraquée. J’ai pu m’identifier fortement avec un dessin du magazine le New Yorker que j’ai vu récemment : « Dieu que le temps passe vite quand chaque jour est sans joie et exactement semblable au précédent. » En plein confinement on abandonne les passe-temps dans lesquels on s’était lancé. Les entraînements à domicile se sont lentement transformés en épisodes de gavage. Des achats effrénés en ligne ont été faits pour s’offrir des choses auxquelles nous n’attacherons peut-être plus d’importance lorsque la vie sera revenue à la normale.

Avant tout, il est peut-être plus juste de dire que la santé mentale est maintenant à son plus bas niveau. Que l’on vive seul, en famille, avec des colocataires ou des amis, la distanciation sociale en tant que nouveau mode de vie a trouvé différentes façons de s’insinuer dans notre esprit et de l’affaiblir lentement. Je commence lentement à détester chaque coin de ma chambre. Je suis lasse de mon lit car je travaille parfois dessus et c’est aussi mon espace de détente.

« Demeurer à la maison et rester dans sa bulle de personnes semblait être la meilleure chose à faire. Mais nous devons également en convenir, ce n’était pas une période des plus excitantes. »

Pourtant, en dépit de tout ce chialage, je me trouve tout de même dans une position très privilégiée. J’ai la chance d’avoir un toit, les moyens de m’acheter de quoi manger, d’avoir pu garder mon travail malgré l’incertitude qui plane autour de nous et dans un contexte économique aléatoire. Je suis dans une situation assez stable pour me permettre de faire du pain aux bananes, de préparer différents petits plats et de faire des achats en ligne. Il est effrayant de s’imaginer les nombreuses personnes qui se retrouvent sans emploi en raison de la COVID-19 ainsi que la classe des finissants de 2020 avec leurs diplômes durement gagnés qui se retrouveront dans une économie plus difficile que d’habitude, avec moins d’emplois auxquels postuler et beaucoup plus de concurrents. Et le chômage n’est que l’un des nombreux dominos qui tombent lentement à l’échelle mondiale.

Tout ce que nous pouvons espérer est que Shakespeare aura raison, et que « cela aussi passera ». J’espère aussi que, même si certains d’entre nous ne sont pas assez privilégiés pour obtenir une aide professionnelle au privé pour faire face à la situation mondiale de la COVID, nous avons au moins une forme de soutien à laquelle nous pourrons accéder, telle que les ressources offertes par le gouvernement du Canada. Renseignez-vous.