Le récit graphique se penche sur les expériences des réfugiés

De la première apparition de Superman dans un Comic en 1938 à aujourd’hui, les récits racontant l’expérience de réfugiés ou migrants continuent de marquer les esprits, et le début de la guerre civile en Syrie en 2011 a amené une nouvelle vague de bande-dessinées et Comics retraçant le parcours et l’histoire de ces personnes obligées de quitter leur pays dans un contexte de migration forcée globale, que ce soit pour des raisons politiques, climatiques ou économiques.

Et c’est dans ce contexte que l’Université Simon Fraser (SFU) a organisé une conférence intitulée Comic & Graphic Novels on the Refugee Crisis en ligne, par Zoom, le vendredi 26 février 2021 de midi à 13 h 30. Tenue par Elizabeth (Biz) Nijdam, professeure adjointe de langues et civilisations germaniques à la SFU, cette conférence analyse le pouvoir des bandes dessinées et des romans graphiques à traduire l’expérience des réfugiés en s’intéressant plus particulièrement à la longue histoire de justice sociale et d’activisme politique liée aux récits graphiques pour adultes.

Sensibiliser

Threads from the Refugee Crisis | Photo de Biz Nijdam

« Le plus souvent, ces bandes dessinées et romans graphiques ne sont pas écrits par des réfugiés, mais par des artistes et des bénévoles travaillant dans des camps de réfugiés ou des groupes d’activistes. » indique Biz Nijdam. Pour La Grieta (la Fissure), la bande dessinée couverte de prix et d’éloges de Carlos Spottorno et Guillermo Abril, il s’agit de reporters couvrant la crise des réfugiés de 2014 à 2016. Pour Threads from the Refugee Crisis, Kate Evans, auteure-dessinatrice et activiste britannique née à Montréal, s’est rendue dans la « jungle » de Calais comme bénévole, avant de publier une bande-dessinée très travaillée. Mais parfois c’est l’engagement d’auteurs de bande-dessinées renommées comme l’Allemand Reinhard Kleist racontant la désormais célèbre histoire de Samia Yusuf Omar, athlète somalienne ayant participé aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 avant de disparaître dans la mer Méditerranée en cherchant à atteindre l’Europe, seulement quelques mois avant les Jeux olympiques de Londres, dans Rêve d’Olympe.

« Bien qu’il y ait ici des problèmes quant à savoir qui parle au nom des migrants et comment représenter l’expérience des réfugiés, ces projets visent généralement à sensibiliser aux problèmes auxquels les réfugiés font face. Ils réfléchissent aussi très souvent à leur processus artistique ainsi qu’à leurs inquiétudes quant à la représentation de ces expériences en tant qu’artistes et non réfugiés eux-mêmes. Je pense que ces actes de réflexion sur les structures de pouvoir intégrées dans leur art sont une partie très importante de ces projets », développe la professeure.

Threads from the Refugee Crisis | Photo de Biz Nijdam

Empathie
Et c’est cette empathie des auteurs et dessinateurs qui permet à ces projets de prendre vie sous forme de roman graphique ou de bande-dessinées, au style parfois hyperréaliste ou parfois plus personnel. Le graphisme lui-même permet de rendre le lecteur plus sensible aux émotions des protagonistes tout en créant un certain filtre pour éviter une représentation trop crue de la violence. Les bandes dessinées peuvent également raconter des histoires différemment et atteindre un public plus large. Les plus jeunes peuvent préférer ce support plus accessible que des rapports ou articles officiels sur la crise des réfugiés. « La bande dessinée peut faire beaucoup pour sensibiliser les gens à des sujets difficiles en rendant les problèmes complexes et les enjeux superposés lisibles par la combinaison du texte et de l’image, tout en n’aliénant pas le lecteur par des représentations vraiment graphiques de la violence ou de l’expérience traumatique (comme dans, par exemple, Maus d’Art Spiegelman) », explique Biz Nijdam. Pour mieux ressentir une crise de telle ampleur, encore une fois, une image vaut mille mots.

Humanité
Car les bandes dessinées, les romans graphiques et les nouveaux médias abordant la migration forcée cherchent à démontrer l’humanité de ces individus dans des positions vulnérables et souvent terrifiantes, quand il serait plus facile de fermer les yeux et de les considérer comme une menace par défaut. « Je pense que [lire et écouter les] histoires sur l’expérience des réfugiés est extrêmement important dans les pays où les migrants demandent l’asile. […] Sans ces histoires sur l’expérience vécue des réfugiés et des migrants, il sera plus difficile d’obtenir un soutien pour leur protection dans les pays où ils cherchent une protection […]. Ces gens sont nos semblables : sur cette seule base, ils méritent notre aide », conclut Biz Nijdam.

Pour plus d’informations visitez le : www.sfu.ca/sfu-community/events.html