Danser le bhangra pour valider son diplôme

Après avoir lancé le programme Post-secondary pas de deux qui permet aux danseurs amateurs de combiner apprentissage de la discipline et cours universitaires, l’Université Simon Fraser de Vancouver (SFU) réaffirme son goût pour la danse. Cette fois, ce sont des cours de bhangra, danse traditionnelle de la région du Pendjab en Inde, qui sont dispensés aux étudiants dont la plupart ne font pas partie de la Faculté des Arts Contemporains. Matière au même titre que les sciences ou l’économie, le bhangra permettra la validation de crédits universitaires, points qui compteront pour l’obtention des diplômes.

Un succès étonnant

Ils sont cinquante à avoir troqué leurs crayons et abandonné les amphis, non pas pour le ballet mais pour danser pieds nus, comme le veut le bhangra, dans l’une des salles de danse du Centre artistique Goldcorp. Trois jours ont suffi pour que la classe affiche complet. Une vingtaine de personnes figurent toujours sur la liste d’attente. « La popularité de cette matière est hallucinante. Nous en avions déjà fait l’expérience à l’automne 2010 et au printemps 2011 où les places étaient aussi parties très rapidement », se réjouit Gurpreet Sian, le professeur de bhangra qui l’enseigne encore cette année à SFU.

Les étudiants sont à 90% des femmes, 95% sont d’origine asiatique mais aucun ne vient d’Inde ni des régions environnantes. Autre chiffre intéressant : plus de la majorité, environ 75%, font des études de commerce ou suivent une licence en lettres, des parcours qui peuvent aussi bien inclure la criminologie, la sociologie, la psychologie, la littérature étrangère ou encore l’économie. Rien donc qui les destinait à choisir une telle matière!

Une danse populaire

Depuis le début de l’année, ces étudiants se réunissent deux fois par semaine, les mardis et jeudis pendant deux heures, pour apprendre cette danse venue du Pendjab, région étalée entre l’Inde et le Pakistan. A l’origine, le bhangra était dansé par les fermiers pour célébrer les bonnes récoltes : les gestes effectués au champ se retrouvaient dans les chorégraphies et chansons folkloriques. Aujourd’hui, le bhangra mêle instruments traditionnels tels que le tambour dhol à l’influence de la musique occidentale, et se danse aussi bien par les hommes que les femmes.

Une première en Amérique du Nord

Photo par Brendan Lally.

Photo par Brendan Lally.

Jusqu’à présent, les étudiants amateurs de danse qui souhaitaient obtenir des crédits universitaires en vue de l’obtention de leur diplôme, devaient s’illustrer en danse classique ou contemporaine. Rares sont en effet les danses ethniques proposées dans les facultés. Avec le bhangra comme matière, SFU peut se targuer d’être la première université nord-américaine à incorporer cette danse dans son programme de cours. Un choix de discipline qui s’explique pour plusieurs raisons. « A l’extérieur de l’Inde, Vancouver est considéré comme la capitale du bhangra. Un statut dû à l’importante population punjabi qui se retrouve autour de cette danse et à l’existence depuis dix ans du Bhangra Festival. Enseigner le bhangra ici a donc tout son sens. D’autre part, c’est une danse culturelle pour tous qui véhicule des valeurs de joie, d’amour, d’énergie, et pleine de couleurs ! Les pas de base ne sont pas compliqués lorsqu’on a un minimum de rythme » explique Gurpreet. Parfait pour des étudiants novices.

Une clé vers de nouveaux horizons

Au-delà de l’aspect sympathique et original de cette nouvelle matière, le bhangra est un moyen pour les étudiants de s’ouvrir à de nouveaux horizons, de s’aventurer sur des terrains inconnus et de développer de nouveaux talents. « J’adore danser. Pour une femme, le bhangra est un vrai défi, c’est pour cela que je voulais l’essayer » témoigne Tianyi Cui, étudiante en commerce et amatrice de danse traditionnelle chinoise.

Pour elle, comme pour les quarante-neuf autres élèves, les cours se termineront le 8 avril. Il faudra alors passer avec succès les différents examens, danser sur les chorégraphies imposées, pour pouvoir valider des crédits pour l’obtention finale du diplôme. « Certains vont exceller mais, c’est pareil avec tout, que ce soient des maths ou de la danse. Ce que nous recherchons vraiment, ce sont des étudiants enthousiastes. La plupart des notes seront donc basées sur la participation », conclut Gurpreet Sian.