Louis Anctil se bat pour garder le livre francophone à la page

L’éditeur Louis Anctil. | Photo de Louis Anctil.

L’éditeur Louis Anctil. | Photo de Louis Anctil.

« Ouvrir un livre, c’est ouvrir sa curiosité à d’autres mondes », s’enthousiasme Nicole Leblanc, adjointe de direction au Centre culturel francophone de l’Okanagan. Des ouvrages, petits et grands ont justement eu l’occasion d’en découvrir par dizaines au Salon du livre Kelowna qui se tenait du 19 au 20 octobre. Organisé depuis une bonne douzaine d’années par la petite structure, le salon qui attire à chaque édition une centaine de curieux ne serait probablement rien sans Louis Anctil, directeur de Rencontres inattendues, une maison d’édition francophone basée à Vancouver.

« Louis, c’est un peu l’âme du salon du livre », insiste d’ailleurs Nicole Leblanc. Et pour cause. Depuis la naissance du salon dans le sous-sol de l’ancienne église qui constitue aujourd’hui le Centre, le Québécois d’origine effectue chaque année les quatre heures de route qui séparent Vancouver de Kelowna pour y offrir ses livres et son savoir. « J’emporte avec moi des bouquins de Montréal, de France, de Belgique et d’autres pays francophones », précise-t-il. Des œuvres variées pour les enfants, adolescents et adultes qu’il renseigne en fonction de leurs attentes en sa qualité de représentant de différentes maisons d’édition. Si le choix reste large, il l’était toutefois davantage auparavant grâce au support de librairies francophones aujourd’hui disparues. « Organiser ce salon de Kelowna n’est pas chose aisée mais tant que je rencontrerai des gens passionnés, je continuerai. Je crois que le salon a une vraie raison d’être avec la communauté francophone qui vit là-bas », soutient Louis Anctil. Un contexte qui pose la question de l’existence même du livre francophone en milieu minoritaire et sur laquelle le parcours et les activités de Louis Anctil apportent un éclairage.

Un parcours non prédestiné

Arrivé à Vancouver en 1980, Louis Anctil connaît bien le milieu du livre et de l’édition parce qu’il travaille dans le domaine depuis maintenant plus de 20 ans. Un secteur dans lequel il s’est pourtant retrouvé un peu par hasard. Employé tout d’abord dans les relations industrielles, le nouveau Britanno-Colombien subit les conséquences du déclin économique de l’époque et trouve finalement un nouvel emploi dans une librairie.
« J’ai travaillé au sein de cette librairie pendant trois ou quatre ans et cela m’a donné envie de poursuivre ma carrière dans ce domaine », se rappelle-t-il. A partir de 1987, il devient alors représentant de marketing pour des maisons d’éditions canadiennes et françaises comme Les Editions du Seuil, La Martinière ou encore Les Editions de minuit. Fort de son expérience, il ouvre sa propre maison d’édition francophone à Vancouver en 2013. « La création de Rencontres inattendues correspond à la réalisation de mon rêve en m’offrant la possibilité de faire mes propres choix de livres », se réjouit-il. Des choix qui se doivent tout de même de répondre à un besoin. « Je suis passionné de lecture mais dans les affaires, il faut aussi savoir composer avec les réalités commerciales », insiste-t-il.

Une demande ciblée

S’il avoue lire beaucoup de romans et être particulièrement fasciné par la capacité des auteurs à imaginer des histoires « parfois puisées dans leurs vies personnelles », Rencontres inattendues ne propose pourtant pas beaucoup de romans. « Évoluer en milieu minoritaire est assez compliqué, nous avons donc des choix éditoriaux à effectuer », note Louis Anctil. Des choix qui portent essentiellement sur les livres jeunesse écrits en français et très demandés par les écoles francophones, les écoles d’immersion et les bibliothèques. Une offre également complétée par des ouvrages qui reviennent sur l’histoire locale et notamment sur l’implantation des premières communautés francophones dans l’Ouest canadien. Quant au développement des lectures disponibles sur supports numériques, elles ne semblent pas être considérées comme une menace pour la survie du livre papier traditionnel. « Je ne regrette pas l’utilisation de ces nouveaux outils », précise Louis Anctil avant de poursuivre : « C’est même quelque chose que nous proposerons peut-être au cours de nos prochains développements. En attendant, les livres papier continuent à bien marcher. »

Rencontres inattendues
604 266 7645
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