Portugal, mon amour, où te caches-tu ?

F_p9_portugal1La Vancouver Foreign Film Society va chercher les communautés immigrantes avec la projection d’un film franco-portugais présenté pour la première fois dans la métropole. Rendez-vous fixé le 16 novembre au Théâtre Rio.

Le premier des deux films programmés le 16 novembre, La Cage dorée, va surement trouver écho parmi les membres du public, puisqu’il traite de la vie immigrante, réalité indubitable à Vancouver. C’est le premier long métrage de Ruben Alves, réalisateur et acteur français d’origine portugaise. Cette comédie raconte la vie d’une famille immigrante portugaise haute en couleur, qui vit à Paris depuis trente ans. Les clichés sont au rendez-vous: le père, José, est maçon tandis que la mère, Maria, est concierge dans un grand immeuble haussmannien. Ils sont appréciés de tous pour leur amabilité, leur discrétion et leur éthique de travail. Mais leur quotidien est bouleversé le jour où ils reçoivent une lettre du notaire leur annonçant un héritage : la maison familiale au Portugal. La nouvelle se répand vite dans leur entourage, et ne plaît pas à tout le monde, surtout pas à leurs employeurs respectifs, qui dépendent d’eux et vont conséquemment tout faire pour les empêcher de quitter Paris. L’intrigue se corse, avec en trame de fond une histoire d’amour à la Roméo et Juliette qui traduit un mal-être lié au conflit de classes sociales.

L’immigration, une réalité universelle

Extrait du film La Cage dorée.

Extrait du film La Cage dorée.

La présence de nombreux clichés donne à cette histoire un aspect universel, dans laquelle des immigrants du monde entier peuvent se retrouver. C’est d’ailleurs une des raisons citées par Ian Merkel, président de la Vancouver Foreign Film Society, pour expliquer son choix de faire projeter ce film. Il dit que les thèmes abordés ne se limitent pas à la communauté portugaise, donc que la projection ne s’adresse pas uniquement à celle-ci. « L’idée n’est pas d’exclure une communauté ou une autre, puisque les valeurs de ce film sont universelles. On veut créer un espace dans lequel plusieurs communautés différentes se rassemblent. » En effet, selon Ian Merkel, le but de la Vancouver Foreign Film Society est de promouvoir le multiculturalisme à travers la projection de films étrangers qui n’ont jamais été diffusés dans les cinémas à Vancouver. La double projection va être la quatrième organisée par la société, depuis sa création en mai dernier. Le film sera projeté en français et en portugais avec des sous-titres anglais. Ian Merkel dit s’attendre à voir de nombreux membres de la communauté latino de Vancouver, mais surtout beaucoup de Français. En effet, La Cage dorée a connu un grand succès en France, avec plus d’un million d’entrées au compteur.

Un écho à la communauté portugaise de Vancouver

La communauté portugaise de Vancouver est relativement petite, en comparaison avec les autres communautés culturelles de la ville. Selon Victor Mansinho, secrétaire au Club Portugais de Vancouver, il y aurait actuellement entre 7 000 et 8 000 personnes d’origine portugaise dans la vallée du Bas-Fraser. Bien qu’éparpillée dans la région, une partie de cette communauté serait principalement regroupée dans la banlieue de Surrey. Selon lui, c’est sous le régime fasciste de Salazar, dans les années 1950 et 1960, que beaucoup ont émigré et choisi de s’installer au Canada. Aujourd’hui, l’immigration a chuté considérablement, et la population d’origine portugaise ne fait que diminuer à Vancouver.

Le dilemme auquel sont confrontés les personnages du film La Cage dorée est une réalité au sein de la communauté portugaise de Vancouver. Victor Mansinho témoigne : « Beaucoup d’immigrants portugais ont encore un lien avec leur pays d’origine. Nombreux se retrouvent à hériter d’une maison ou d’un terrain lorsque leurs parents restés sur place décèdent. » Ils se retrouvent alors à devoir choisir entre le retour aux racines ou la vie qu’ils ont construite au Canada. Lorsqu’on lui demande s’il pense, lui, un jour retourner au pays, Victor nous répond en riant : « Pourquoi pas. »