À quatre mains dans l’année écoulée

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2014 prend déjà ses jambes à son cou : il fallait au moins quatre mains pour la retenir, le temps de cette Une rétro(spective). Notre tandem de journalistes Anne-Diandra Louarn et Gary Drechou se renvoient la balle façon jeu de paume, commentant une sélection (non exhaustive) d’articles rédigés avec passion par nos collaborateurs. Retour sur quelques-uns des sujets marquants de 2014 !

On s’est transporté « Sur les traces de la période hippie vancouvéroise. »

Anne-Diandra : Liberté, égalité, sexualité ! Cet article traite du Dollartown Pleasure Faire, une exposition singulière consacrée au travail du photographe Bruce Stewart pendant les années Peace & Love à Vancouver…

Gary Drechou : Comme un retour aux sources, une piqûre d’utopie ! Ce désir d’évasion, d’émancipation, d’autonomie, il n’est pas étranger aux « nouveaux arrivants », encore aujourd’hui. Pour beaucoup de ceux qui y posent pied, Vancouver est à la fois le bout et le début de quelque chose. La « géopoétique » des lieux (objet d’un autre article dans le sillon de Kenneth White) est en effet « singulière ». Elle inspire toutes sortes de mouvements. En aparté, pour illustrer, on se souvient du choix difficile parmi la foisonnante collection de clichés de Bruce Stewart… L’album publié sur Facebook a d’ailleurs été l’un des plus populaires, cette année. L’utopie (ou la mise à nu) ferait-elle encore rêver ?

On a ouvert une fenêtre avec « L’islam féminin s’exprime sur la toile. »

GD : L’idée du International Museum of Women (IMOW), espace Net dédié aux femmes « sous-entendues », à leurs voix, idées et débats, était déjà originale en soi. Y présenter une exposition virtuelle sur les femmes musulmanes porteuses de changement, de Shirin Ebadi, première musulmane à avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, à Laleh Bakthiar, première Américaine à avoir traduit le Coran en anglais, c’était un pari risqué. La Source ne pouvait que tendre la perche, qui plus est à quelques jours du ramadan.

AD : Un sujet qui fait du bien : il prouve que l’on peut dépasser les clichés sur l’islam et ceux sur le féminisme dans un seul et même article !

On a mis une voix sur le Nunavut avec « Jesse Zubot et Tanya Tagaq : quand les cordes de l’ouest se mêlent au chant de gorge inuit. »

AD : Quand le producteur vancouvérois Jesse Zubot et la chanteuse gutturale du Nunavut Tanya Tagaq font de la musique ensemble, ça donne rien de moins qu’un prix Polaris pour l’album Animism. La Source a eu le privilège, cet automne, de s’entretenir avec Jesse Zubot.

GD : Aucun doute que ces deux-là savent donner vie aux choses ! L’objet disque ou album, que l’on dit souvent en voie de disparition, retrouve des couleurs et du sens grâce à des projets comme celui d’Animism. Tanya Tagaq y chante un Nunavut qui titille l’imaginaire. On suivra sa voix, au-delà de l’album.

On s’est interrogé avec « Réfugiés : “Le parcours du combattant”. »

GD : Le Canada, terre d’accueil ? Notre rencontre avec David Starr, auteur du best-seller From Bombs to Books, a confirmé un fait : trouver refuge ne met pas à l’abri des écueils. L’ancien directeur d’école de Burnaby s’indigne en particulier contre le « cadeau de bienvenue » que le gouvernement fédéral offre à ces réfugiés « qui ont connu l’horreur » : la facture pour leurs frais d’examens médicaux et de transport. Est-ce la meilleure façon d’encourager leur intégration ? La Source pose la question.

AD : Un article malheureusement intemporel, qui trouve un écho tout particulier en cette période de fêtes. D’autant que le Programme alimentaire mondial a annoncé début décembre qu’il était contraint de mettre fin – faute de budget suffisant – au système de bons d’achat alimentaires dont bénéficiaient 1,7 million de réfugiés syriens. Jusqu’à quand allons-nous continuer à fermer les yeux ?

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On a découvert le « mahjong, l’art du poker à la chinoise. »

GD : Jouer au mahjong est une « tradition » au sein de nombreux foyers asiatiques, y compris ici à Vancouver, et en plus c’est « bon pour la santé ». Mais comment se fait-il qu’on en sache aussi peu sur ce « jeu mythique et mystérieux » ? La question valait bien que l’on chausse nos bottes de sept lieues.

AD : Heureusement qu’au Community Center de Dunbar on ne joue pas pour de l’argent comme dans la tradition chinoise. Je serais ressortie totalement ruinée de ce reportage ! Car même si les joueurs de mahjong sont chaleureux, on ne badine pas avec l’art du poker chinois, surtout dans les clubs privés de Chinatown. Mais pour y pénétrer il me faut encore pratiquer mon mandarin… Rendez-vous l’année prochaine.

On a mis « La presse chinoise à la une. »

AD : Le Sing Tao et le World Journal ne vous disent peut-être rien et pourtant ce sont les deux grands quotidiens de langues chinoises présents en Colombie-Britannique depuis 1983 et 1992. Incontournables pour les quelque 400 000 personnes que compte la communauté chinoise de Vancouver, ces deux titres font – eux-aussi – face à la mutation du secteur des médias. Plongée au cœur d’une industrie méconnue et aux enjeux surprenants.

GD : Aller à la rencontre des équipes de ces deux journaux fut mon premier mandat vancouvérois. Des premiers pas qu’on n’oublie pas. Ouvrir les portes de sa salle de rédaction au représen-
tant d’un autre journal, ça ne coule pas nécessairement de source ! Pourtant, aussi bien Victor Ho, rédacteur en chef du Sing Tao, que Yuan Ho, responsable des assignations au World Journal, m’ont fait faire un vrai tour du propriétaire. Et nous avons pu parler à bâtons rompus. J’y ai admiré, en particulier, leur force de frappe en matière de suppléments !

La Source est un flot. Un forum vivant. Sans cesse en mouvement. Ça bouillonne dans nos colonnes ! Si la diversité est un caractère (de ce qui est divers, varié, différent), notre journal est un original. Il propose gratuitement, deux fois par mois, des sujets, des angles et des liens qui le distinguent du flot principal (ou du mainstream). Pour faire sens, soulever, éveiller. Au moment de boucler cette année 2014, en plus de tous les collaborateurs, de passage ou réguliers, nous saluons donc tous ceux qui travaillent en coulisses pour que vous l’ayiez entre les mains (ou sous les yeux).

Merci enfin à vous, chers lecteurs, et rendez-vous en 2015 (presque demain) !