Pierre Grenier : « Le français est avant tout une culture »

Pierre Grenier a débuté sa carrière dans l’audiovisuel avant de choisir l’enseignement dans un programme d’immersion. Il est à la retraite depuis 2014.

Pierre Grenier a débuté sa carrière dans l’audiovisuel avant de choisir l’enseignement dans un programme d’immersion. Il est à la retraite depuis 2014.

La rubrique Espace francophone s‘intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous nous intéressons à Pierre Grenier. Professeur à la retraite, bourlingueur et artiste, ce Québécois qui a construit sa vie en Colombie-Britannique nous parle de sa vision de la communauté et du français.

La première fois que Pierre Grenier a mis les pieds à Vancouver, c’était au terme d’une longue traversée du Canada en auto-stop. C’était en juillet 1970, il avait 17 ans et se préparait à explorer l’Amérique du Sud. Il alternera ensuite longues périodes de voyages et petits boulots à Vancouver pour mieux repartir avant de poser définitivement ses bagages dans la métropole de l’Ouest, au début des années 80, pour y suivre des études de cinéma.

Ce sera le point de départ de la première partie de sa vie professionnelle qu’il passera dans l’univers de l’audiovisuel. Au début des années 90, il opère un changement de cap. Pierre Grenier choisit la voie de l’enseignement et devient professeur en sciences humaines et en production vidéo à la Vancouver Technical Secondary School, un établissement d’immersion. Il occupera ce poste jusqu’à sa retraite en juillet 2014. Depuis, il s’adonne à sa passion, la photographie.

À 62 ans, Pierre Grenier qui a passé plus de la moitié de sa vie dans l’Ouest sur les bords du Pacifique n’en a pas pour autant perdu son attachement à la langue française, au contraire.

« Pour moi le français est une culture et mes liens avec la langue sont des liens culturels car le français c’est avant tout une clé pour accéder à tout un monde », explique-t-il. Pour autant, il n’est pas très à l’aise avec le terme de communauté. « La minorité francophone comme on l’appelle, c’est un concept vague selon moi. Il existe certes des institutions francophones mais c’est justement le problème, la francophonie est parfois un peu trop institutionnelle et j’ai l’impression qu’on force un peu le concept de communauté, analyse Pierre Grenier. Personnellement je vis ma francophonie à travers les individus que je rencontre et à travers les médias. »

Dans les années 80, il a d’ailleurs collaboré avec le journal Le Soleil de Colombie, aujourd’hui disparu et dit garder un excellent souvenir de cette expérience dans le journalisme. Il est également l’auteur d’un documentaire sur la communauté francophone de Maillardville réalisé en 1986.

Il n’hésite pas en revanche à égratigner le fonctionnement de certaines institutions, « obsédées par la recherche de fonds à court terme » et à qui il reproche « un manque de liens entre elles parfois. Cela les rend moins fonctionnelles et moins diversifiées et, pour les francophones, c’est parfois difficile de s’y retrouver », estime-t-il.

Mais malgré son franc-parler, Pierre Grenier ne tarit pas d’éloges sur certaines de ces organisations. C’est notamment le cas de la troupe de théâtre de La Seizième « qui fait venir beaucoup de jeunes », indique celui qui se réjouit de ce vent nouveau dans la communauté francophone. Il lève aussi son chapeau pour le centre culturel francophone de Vancouver, qui lui aussi continue de faire « de grandes choses pour la jeunesse » selon lui.