L’acceptation tranquille des particularismes de chacun

J’ai choisi de venir passer mon année de PVT Canada (permis vacances-travail, un visa d’un an avec permis de travail ouvert) à Vancouver pour une raison principale très simple : le climat. Je viens du Sud de la France et je fais partie des gens qui, s’ils apprécient d’aller occasionnellement (et j’insiste sur occasionnellement) passer quelques jours « à la neige » comme on dit, se retranchent chez eux avec thé, couvertures et feu de cheminée au premier flocon. Bien sûr, j’ai aussi très envie de visiter le reste du Canada, et je compte bien le faire – quand ce sera le printemps là-bas aussi.

Ça ne fait pas longtemps que je suis arrivée et, pour l’instant, un des endroits où je passe le plus de temps est la bibliothèque de mon quartier ; j’ai vu qu’ils avaient des romans de Fred Vargas (une auteure française de romans policiers), des DVD de Doctor Who (une série télévisée britannique), des revues sur le tricot, et c’est devenu mon nouvel endroit préféré. J’étais très contente quand j’ai remarqué qu’ils avaient aussi une section « journaux étrangers » et j’espérais trouver Le Monde, mais le quartier étant majoritairement peuplé de gens d’origine asiatique, ils n’ont que des journaux en chinois. Ça se comprend. Tant pis. Mais il y a un feu de cheminée dans le coin lecture (comme ça, je sais où me réfugier en cas de neige).

La section chinoise de la Vancouver Public Library, Central Branch. | Photo par Laura R. Copes

La section chinoise de la Vancouver Public Library, Central Branch. | Photo par Laura R. Copes

Comme la plupart des nouveaux arrivants, je suis épatée par la diversité des restaurants et je joue souvent à deviner l’origine des gens avec qui j’ai l’occasion de converser. Quand je dis que je suis Française, la question « de France ou du Québec ? » me laisse un peu perplexe, mais j’imagine que cela traduit l’attachement des Québécois à leurs « cousins » de l’autre côté de l’Atlantique (attachement réciproque, y compris dans mon cas, car j’ai de la famille au Québec).

En allant à différentes réunions ou ateliers, j’ai pu rencontrer beaucoup de monde : d’autres Français, des Anglais, des Américains, des Mexicains, des Australiens, des Espagnols, des Belges, des Japonais, des Chinois… (j’en oublie sûrement) et évidemment, des Canadiens qui viennent des quatre coins du pays. Quand je tombe sur un Canadien ou une Canadienne nés à Vancouver, j’ai l’impression d’avoir trouvé la perle rare !

Tous ont leurs raisons pour être venus ici, mais beaucoup se rejoignent sur l’attrait d’une ville tournée vers la nature, où il fait bon vivre et où la diversité culturelle est vue comme un atout. Venant de France, où l’origine des gens est un sujet souvent épineux, je trouve que l’approche canadienne, en proposant des services en langues étrangères et en s’occupant activement de ses nouveaux arrivants, fait preuve de pragmatisme et semble donner d’excellents résultats.

Je suis aussi agréablement surprise par l’acceptation tranquille des particularismes de chacun ; par exemple, la caissière du supermarché a changé trois fois de couleur de cheveux (et par couleur, je n’entends pas blond, roux ou brun mais bleu, vert et orange) depuis que j’y vais et les seules remarques des clients que j’ai pu entendre ont été pour la complimenter. J’ai du mal à imaginer cette situation dans le supermarché de ma ville d’origine…

Bien sûr, je ne suis pas naïve, et je suis consciente des difficultés et des problèmes sociaux que rencontre la ville, mais dans l’ensemble, et surtout après avoir vécu presque deux ans à Paris où la tension des relations sociales est presque palpable, je trouve l’ambiance cosmopolite et détendue de Vancouver très agréable.