David Bouchard, le chantre de la lecture et des traditions autochtones

David Bouchard a découvert qui il était métis à 45 ans. | Photo d’International Children’s Festival

David Bouchard a découvert qui il était métis à 45 ans. | Photo d’International Children’s Festival

Réputé pour être l’un des champions de l’alphabétisation, l’auteur David Bouchard participera au Festival international des enfants qui se tient du 21 au 23 mai à Surrey. Fransaskois et métis, rien ne le prédestinait à une telle carrière. Portrait d’un écrivain pas comme les autres.

« Mon but est que les jeunes sachent que pour trouver le succès dans notre société canadienne, il faut lire, déclare David Bouchard qui souffre de dyslexie, un trouble aigu de la lecture. N’importe qui peut devenir lecteur, il suffit seulement d’un livre qui fasse un déclic ». Avant l’âge de 27 ans, David Bouchard n’avait jamais réussi à lire un livre du début à la fin. Quand on lui demande s’il aime écrire, il est catégorique : « Pas du tout ! ». David Bouchard a pourtant écrit, en français et en anglais, une cinquantaine de livres ; les récompenses et les succès littéraires foisonnent sur son passage. Si tu n’es pas de la plaine a été vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires. Sa renommée a franchi les frontières et il est désormais connu aussi bien à Paris qu’aux confins de la Chine, où ses livres sont traduits en mandarin.

Ce grand sexagénaire à la barbe blanche et à la chevelure abondante, est un personnage drôle et fascinant. David Bouchard commence sa carrière en tant qu’enseignant enSaskatchewan où il a grandi et étudié – notamment au Collège Mathieu de Gravelbourg qui forme la future élite francophone. Fidèle à son caractère, sur un coup de tête, après une longue carrière dans l’éducation, il prend une décision radicale. « J’en avais assez de l’hiver. J’ai donc décidé d’aller en Colombie-Britannique ». C’est sur cette terre d’accueil que le destin et le succès lui donnent rendez-vous. Il s’installe d’abord dans l’Ouest de Vancouver puis dépose définitivement ses valises sur l’île, à Victoria.

En 1998, lorsque sa fille naît, elle a des traits étranges. Après quelques investigations auprès de son père, il fait une découverte qui va donner une nouvelle impulsion à sa vie : ses ancêtres étaient autochtones. David
Bouchard est métis. Un choc existentiel. Il a 45 ans et choisit d’épouser cet héritage. Une décision qui fera son succès. « Avant d’être métis, quand j’étais blanc, je faisais des plans : un plan sur dix ans, un plan sur cinq ans, un plan sur un an. Mes journées étaient planifiées, journée professionnelle, journée personnelle. Tout devait être logique… Aujourd’hui, je n’ai aucun plan ». Comme ses ancêtres, les coureurs des bois, il se laisse porter par le courant à travers les rivières et les vallées de la vie.

« J’ai hâte de rencontrer le public de Surrey. J’arrive avec un tas d’histoires ».

Conformément à la tradition des ses origines autochtones, il ne se fie plus seulement à son intelligence, mais aussi et surtout « à sa direction génétique ». Et à sa grand-mère, Odile Allard, ou sa Kokum, comme il l’appelle. Il entretient avec elle une relation fusionnelle, même lorsque celle-ci a décidé de vivre une vie de religieuse cloîtrée, après le décès de son époux. « J’ai dit, ‘Kokum je suis à toi, tu me mèneras où tu voudras’. Et tout d’un coup, j’ai commencé à écrire des livres sur les traditions autochtones et métis ».

Pour autant, David Bouchard ne se définit pas comme un écrivain. « Je suis un raconteur. Donc mes livres sont simplement des histoires à l’écrit. Je n’aime pas écrire, j’aime parler. J’écris parce que je ne peux pas être partout en même temps ». On comprend mieux ce mélange de prose et de poésie sur fond de flûte autochtone, dont il utilise parfois la mélodie pour envoûter son auditoire au début de ses conférences. « J’ai hâte de rencontrer le public de Surrey, dit-il. J’arrive avec un tas d’histoires ».

Aujourd’hui, il arpente les routes du Canada, pour conter ses histoires, partager sa vision du monde et sa philosophie de l’éducation. En août 2013, dans le gymnase de l’École canadienne française de Saskatoon, il expliquait ceci à un public captivé : « Maria Montessori [célèbre pédagogue, NDLR] nous a dit que lire est aussi naturel que marcher et parler. Ce qu’il faut à l’enfant, c’est le temps et un héros, quelqu’un qui va lui tenir la main. Être un modèle, ce n’est pas une façon d’aider nos jeunes à lire, c’est la seule façon. Si vous voulez que vos enfants lisent, lisez vous-mêmes ».
International Children’s Festival
Du 21 au 23 mai à Surrey
www.surrey.ca/childrensfestival