« Chante ton bac d’abord », une chronique de la jeunesse française et du rêve

Une scène du film Chante ton bac d’abord.

Une scène du film Chante ton bac d’abord.

Le documentaire Chante ton bac d’abord est l’histoire de Gaëlle, Rachelle, Caroline, Nicolas et Alex pendant leur dernière année de lycée à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Sur le point de quitter leur ville natale et leur famille, cette bande d’amis et d’amoureux a des envies et des rêves plein la tête. Mais ils se trouvent confrontés à une économie en crise et à des parents inquiets pour leur avenir.

C’est une chronique de la jeunesse française et du rêve que le réalisateur David André a tenté de faire. Ce documentaire se singularise par ses pastilles musicales. David André a en effet co-écrit et composé onze
« moments suspendus, qui sont des moments poétiques, avec des violons et des lycéens qui se mettent à chanter ».

Dans le cadre du VIFF, Chante ton bac d’abord sera projeté à deux reprises : le 5 octobre au Vancity Theatre et le 7 octobre au SFU Woodwards.

Sociologie musicale

Comment des territoires économiquement sinistrés alliés à un discours morose sur la noirceur de l’horizon peuvent-ils empêcher les jeunes de rêver ? Que peut-on raconter d’une jeunesse qui grandit dans ce milieu ? Ce sont les questions qui animent le documentaire.

David André, originaire du Pas-de-Calais et père d’adolescents, est personnellement touché par ces thématiques. Il décide d’aller interroger des jeunes et leurs parents à Boulogne-sur-Mer, ville portuaire en crise. Pour éviter de présenter des portraits croisés avec des archétypes sociétaux, il se lance à la recherche d’une bande de copains. C’est au lycée Mariette qu’il rencontre Gaëlle, Rachelle, Caroline, Nicolas et Alex.

En parallèle, il veut faire la synthèse de son amour du reportage et de sa passion de jeunesse pour la musique et la composition. Il a en effet longtemps composé, chanté, fait chanter les autres… C’est quelque chose qu’il adore, « passionnément et simplement ». Il réalise ce projet de longue date avec Chante ton bac d’abord. Emmanuel François, producteur, explique que David André veut « toucher l’intime ». Les chansons rythment des moments de vie et abordent des thèmes qui n’auraient pas été abordés autrement. La sensibilité se retrouve mise à nu.

Depuis le départ, il est clair pour le réalisateur que le documentaire s’appellera Chante ton bac d’abord, mais il attend quatre mois avant de dévoiler son idée à la bande de copains. « Ils sont tous tombés de leur chaise car ils ne chantaient pas. En travaillant avec un entraîneur vocal et en ayant un texte intime en bouche, on obtient des instants de grâce. C’était très important de garder leur fragilité. Ce film a fonctionné car les jeunes ont trouvé leur voie, leur place dans le documentaire. Ce film est un instant de grâce », s’enthousiasme
Emmanuel François.

Un concept touchant et surprenant

David André réussit l’exploit de présenter un documentaire singulier en faisant chanter des lycéens. Les interludes musicaux apportent une légèreté à la thématique du documentaire qui demeure relativement plombante. La première fois, le spectateur s’étonnera tout de même de voir Gaëlle se mettre à chanter dans le bus… Mais ensuite il se prendra au jeu.

Le message universel que transmet ce documentaire est touchant. Il a la capacité de faire réagir tout le monde : enfants, parents et grands-parents. Ce qu’il provoquera chez les spectateurs sera de l’ordre de l’intime, ils passeront du rire aux larmes pour certains. Chacun se reconnaîtra dans un des personnages, repensera à des passages de sa propre vie. Cela fera forcément résonner quelque chose. Il est d’ailleurs possible de se demander si finalement le documentaire n’est pas tombé dans la banalité du sujet : le quotidien d’une bande de lycéens et de leurs parents confrontés aux inquiétudes engendrées par la dernière année de lycée.