Les omissions

Le Festival international du film de Vancouver bat son plein. Son plein étant une façon de parler. Car, en jetant un coup d’œil au programme, tout bon cinéphile découvre immédiatement que ce festival est plein de films omis. Des films qui devraient être à l’affiche et qui malheureusement, pour des raisons obscures, n’y figurent pas. Dommage. Pour vous faire une idée de ce que vous avez ou allez manquer j’ai cru bon de dresser une petite liste de certaines œuvres, avec explications et commentaires à l’appui, qui aurait dû être mises à l’honneur.

Dans la catégorie Découvertes n’a pas été présenté le tout dernier film de Jésuis Agacé À l’eau Houston, vous m’entendez ?. Suivant les traces de son grand frère Tintin, Toto, héros de cette aventure, atterrit sur Mars pour découvrir une fontaine où il déclare à qui veut bien l’entendre « Fontaine je ne boirai pas de ton eau ». Ce message, capté par la NASA, agence de voyages spatiaux organisés qui, jusqu’alors, tentait de faire la sourde oreille, fut accueilli avec scepticisme. Mais, comme l’enjeu en valait la chandelle, les responsables de l’agence décidèrent tout de même d’envoyer une équipe rejoindre Toto afin de vérifier les faits. À savoir : y-a-t-il de l’eau sur Mars ? L’un des astronautes pressentis, Suisse d’origine, mais peu enclin à partir si tôt à l’aventure, crut bon d’avertir ses supérieurs en les prévenant qu’il n’y avait pas le feu au lac. Ce film à vrai dire n’apporte pas beaucoup d’eau au moulin, mais il a le bénéfice de nous faire rêver, nous qui, cet été, avons été obligés de nous rationner en H2O.

De l’eau sur Mars. | Photo de NASA/JPL-Caltech/MSSS

De l’eau sur Mars. | Photo de NASA/JPL-Caltech/MSSS

Dans la catégorie Il était une foie, section Astuces et religions, n’a pas été programmé le film Fie-toi à ma Fiat des cinéastes Piémontais Pierre Cèsurtoi-Quejbatirai-Monéglise et Ella Questcequetufella. Ce documentaire de génie s’apparente à une longue « pose » commerciale et possède une valeur publicitaire très prometteuse. Nous suivons le nouveau Saint-Père, François de son état papal, à sa descente d’avion, certains diraient aux enfers, alors qu’il foule le sol américain. Un cortège de lourds véhicules officiels l’attend. Arrive une petite Fiat noire de fabrication italienne dans laquelle il monte. Le contraste est saisissant pour ne pas dire ridicule mais le pape sait que cela ne le tuera pas. Faire preuve de modestie et d’humilité demeurent sa marque de commerce. À l’exception de Donald Trump, qui oserait le lui reprocher ? Le film toutefois ne nous dit pas si le souverain pontife a reçu ou recevra une commission ou un pourcentage des revenus de la marque italienne, histoire de renflouer les coffres du Vatican.
Honni soit qui mal y pense.

Dans la catégorie Guerre et pets, à signaler l’absence du film J’irai cracher sur vos bombes de l’apatride Victor Finale. Cette œuvre d’actualité met aux prises différents pouvoirs qui ne savent plus où donner de la tête. Ennemis jurés (Crimée, Ukraine, Syrie, Iran), ils finissent par trouver provisoirement un terrain d’entente. L’affrontement entre Poutine le sournois et Obama l’ingénu, pour ne pas les nommer, semble avoir tourné à l’avantage du Russe qui, une fois de plus, marque des points en trompant son rival américain. Ce dernier, comme le changement radical et rapide de la couleur de ses cheveux l’atteste, aujourd’hui tous gris, doit avoir hâte de quitter la Maison Blanche. Bien qu’il ait le mérite d’avoir obtenu un accord avec l’Iran sur la question de la fabrication d’armes nucléaires, le président américain éprouve des difficultés à admettre qu’il s’est trompé sur la question syrienne. Il n’est pas seul dans son camp. Les Européens et Harper se sont aussi mis le doigt dans l’œil. Bashar al-Assad peut continuer ses méfaits. Il n’est plus la priorité. DAECH ou le prétendu état islamiste devient désormais l’ennemi commun avec lequel il faut en finir, nous dit-on. L’Iranien Hassan Rouhani, Poutine et bien sûr Assad, doivent se frotter les mains, après se les être lavées évidemment. Un film à ne pas rater en attendant la suite qui devrait nous réserver quelques mauvaises surprises.

Dans la série Canada en couleur ou, comme certains auraient aimé l’intituler Canada en douleur, retenons l’omission flagrante du court métrage Des hommes et une femme du jeune réalisateur Jean Aihassé. Ce film tourne autour des différents débats qui se sont tenus depuis le déclenchement des élections. Après un premier débat haut en couleur – bleu, rouge, orange et vert – les autres se sont succédé dans la douleur et ont trop souvent manqué de panache. Ce document m’a beaucoup fait réfléchir et m’a particulièrement marqué. L’absence des verts, donc d’Élizabeth May, à mon goût, a rendu les débats peu savoureux. Un affront à la démocratie, sans compter le manque de respect envers une partie de l’électorat qui a l’intention de voter Vert. J’en veux particulièrement aux candidats de l’opposition qui auraient dû, selon moi, exiger la présence de madame May aux débats. Harper, n’en parlons pas. Être juste et courtois ne correspond pas à son profil. C’est en dehors de son registre. Je n’avais pas l’intention de voter Vert, mais après ce visionnement, offusqué, révolté, il est fort possible qu’Élizabeth May soit mon choix. Elle mérite bien ce pied de nez aux partis établis.