Sport de haut niveau et école obligatoire : le parcours du combattant

L’équipe de hockey à l’entraînement à l’école des Pionniers-de-Maillardville.

L’équipe de hockey à l’entraînement à l’école des Pionniers-de-Maillardville.

Le concept de « sport-études », cantonné dans sa version officielle à la seule province de Québec, est pris en étau entre un plébiscite fort de la population et une absence d’encadrement généralement constatée au niveau des gouvernements provinciaux.

Au-delà des défis propres à de jeunes athlètes qui doivent concilier sport de haut niveau et études académiques, c’est l’ensemble du secteur éducatif qui doit innover, avec en ligne de mire une prise en charge adaptée des élites sportives canadiennes de demain.

L’intégration de programmes du genre sport et études n’est pas chose acquise au sein des provinces canadiennes, où cette question est traitée souvent au niveau des districts et des écoles.

L’absence de statut « sport-études » en Colombie-Britannique

Ainsi, le ministère de l’Éducation de Colombie britannique ne reconnaît pas de statut officiel
« sport-études ». Ces dix dernières années ont vu éclore un nombre important de programmes pour tous les âges, aussi bien à l’initiative d’établissements d’enseignement classique que par la création de centres spécialisés et d’académies – même si, à ce jour, Hockey Canada reste la seule organisation nationale de sport à avoir développé un programme officiel à l’échelle nationale avec des établissements primaires et
secondaires.

L’enjeu est aujourd’hui de taille pour des écoles qui se trouvent en position de devoir elles-mêmes subvenir à leurs besoins.

« La création d’un programme de Concentration Sport a répondu en premier lieu à un objectif :
la rétention des élèves, notamment les 8e et 9e années », nous explique Eric Leclerc, directeur des Pionniers-de-Maillardville, l’unique école du réseau Conseil scolaire francophone de la Colombie britannique à proposer un tel cursus. Et ce n’a pas été chose facile, puisque l’école a dû élaborer son propre programme et nouer des liens avec la ville de Port-Coquitlam, les infrastructures locales et un équipementier pour pouvoir rejoindre la ligue compétitive A de la Greater Vancouver Independent School Sports Association.

Écoles classiques et centres spécialisés : même combat

Les questions sont les mêmes dès lors que l’on s’intéresse aux structures consacrées à l’élite sportive, qu’elles soient spécialisées ou multi-sports, à l’image du Canadian Sport Institute/Pacific Sport et de son programme d’entraînement IGNITE, qui dispose de trois campus en Colombie-Britannique. Ces derniers connaissent une très forte croissance dans la province, qui compte plus de 70 écoles et 110 programmes académiques consacrés au sport de
haut niveau.

« Notre mandat est de former et accompagner les jeunes athlètes de 10 à 12 ans et de 14 à 17 ans vers les équipes nationales junior, senior ou encore vers l’université. Notre programme a été développé en concertation avec le district scolaire local pour l’obtention par nos élèves des crédits académiques obligatoires », nous indique Jennifer Joyce du Canadian Sport Institute de Victoria, qui ajoute que ce programme a certes été validé et reçoit des financements du gouvernement provincial, mais que le volet technique et pédagogique leur incombe entièrement.

Pour les élèves : un équilibre à trouver entre études et sport

Selon le rapport Sport Schools in Canada : The Future is Here du Canadian Sport Centre Pacific (2010), les jeunes athlètes atteignent leur plein potentiel après 10.000 heures d’entraînement et de pratique sportive, dont la majeure partie s’inscrit durant le second cycle (entre 13 et 18 ans) – soit conjointement à leur formation académique obligatoire.

Les élèves concernés doivent ainsi concilier des programmes intenses qui les responsabilisent très tôt et peuvent à la fois les décourager et nuire à leur intégration avec leurs camarades des courants académiques traditionnels.

Des aménagements peuvent être envisagés, au cas par cas. « Notre programme scinde les journées d’études en deux : les élèves consacrent une demi-journée au sport sur notre campus et l’autre demi-journée, dans leur école, à un enseignement académique réduit à deux cours obligatoires par semestre au lieu de quatre », explique Jennifer Joyce.

Mais si des initiatives et des efforts sont menés au niveau des districts pour répondre à la demande, les questions du financement, l’absence d’uniformisation des standards de qualité au niveau des provinces et les difficultés que connaissent souvent les académies à tisser des liens avec les organisations sportives provinciales et nationales ne permettent pas encore d’accompagner sereinement les élites sportives à long terme.