Du privilège…de faire partie d’une plus grande communauté

Photo par Ann Hung

Photo par Ann Hung

En considérant la ville de Vancouver comme étant une des villes les plus diverses et multiculturelles du pays, nous devons examiner comment cette diversité se reflète dans le tissu urbain et social de la ville.

Ayant grandi à Vancouver j’ai appris à distinguer les quartiers selon leur ethnicité dominante. Je pouvais expliquer mon cadre culturel simplement en dénombrant les activités auxquelles je participais. Il y a une entente tacite entre les résidents du Grand-Vancouver, semblable à l’attitude bien connue des New-yorkais, qui veut que le quartier où vous vivez en dit long sur qui vous êtes.

En 2011 le quotidien Vancouver Sun a créé une carte en ligne interactive qui traçait le contour des enclaves ethniques de la région, notamment les Chinois à Richmond, les Asiatiques du Sud à Surrey et les Philippins à Burnaby. Il existe des quartiers semblables à Vancouver aussi, soit Little Italy le long de Commercial Drive ou l’enclave grecque le long de West Broadway.

En tant que tel, le concept de la diversité à Vancouver m’a toujours paru paradoxal pour la raison suivante: Vancouver est bel et bien le foyer de plusieurs ethnicités et cultures, mais celles-ci restent isolées dans leurs propres enclaves et quartiers.

Cela m’amène à me demander si cette mosaïque culturelle, comme on la dénomme fréquemment dans un contexte canadien, peut offrir plus qu’une assimilation culturelle ou un creuset de la diversité.

Bien que je sois née et aie grandi à Vancouver, ma famille paternelle a immigré de la Croatie, et du côté maternel, de l’Allemagne et de la Pologne. Lorsque je considère les expériences de ma famille et d’autres familles européennes similaires, je suis convaincue que la « mosaïque » est préférable.

Délaisser son foyer en quête d’une vie meilleure à l’étranger est, à juste titre, une des choses les plus difficiles et admirables qu’une personne puisse entreprendre. Arriver dans un lieu tel que Vancouver, qui abrite une multitude de communautés culturelles, simplifie la transition. Vous êtes immédiatement accueillis au sein d’une entité par des gens sur la même longueur d’onde que vous et qui comprennent votre mode de vie et ce que vous éprouvez.

Lorsque mon père est venu au Canada avec sa soeur et ses parents, ils ont eu beaucoup de mal à s’adapter. Heureusement une famille croate les a pris en charge…leur offrant une place chez elle…chose qui n’aurait pas eu lieu en l’absence d’une identité culturelle commune. Faire partie de la communauté croate déjà établie autour de l’église, du centre culturel et de l’équipe de soccer, entre autres, a facilité leur transition à la vie canadienne.

Cet état des choses démontre le côté bénéfique qu’offre la mosaïque culturelle que nous avons à Vancouver. Elle permet aux immigrants de garder leur propre identité culturelle au sein du groupe tout en accordant à leurs enfants nés au Canada la chance d’en faire partie aussi. Quand j’étais petite je redoutais les vendredis soirs car je devais aller à l’école croate. Je me rends compte aujourd’hui du privilège qui m’était alors offert de faire partie d’une plus grande communauté.

Certains peuvent avancer qu’assimiler les immigrants au sein de la plus vaste identité culturelle canadienne serait préférable aux regroupements ethniques définis par la géographie, les églises, les centres communautaires, les écoles et les clubs athlétiques. En revanche, cela soulève la question complexe de la définition de l’identité culturelle canadienne.

En plus du fait qu’il est quasiment impossible de définir ce que signifie être Canadien – à part des stéréotypes tels que le hockey et les chemises à carreaux – tous les immigrants et enfants d’immigrants que je connais n’aimeraient pas être classés comme simples Canadiens. La mosaïque culturelle de Vancouver permet aux familles d’immigrants de maintenir leur identité ethnique et culturelle et d’être fiers de leur héritage.

 

Traduction par Barry Brisebois