L’Union européenne fait son cinéma

Scènes du La Vie sauvage (au gauche) et Tous les chats sont gris (au droit).

Scène du La Vie sauvage.

Durant treize jours, l’Europe s’invite à la Cinémathèque de Vancouver, pour le plus grand plaisir des cinéphiles. Du 27 novembre au 9 décembre se tient en effet la 18e édition du Festival de l’Union européenne (FFUE).

L’originalité de ce festival réside dans sa programmation : chacun des 28 pays choisit le film qui le représente. Les films projetés sont pour la plupart inédits sur la côte Ouest du Canada et présentés pour la première fois à Vancouver. Nombre d’entre eux ont reçu des récompenses au niveau national ou ont été reconnus internationalement, comme le film Simshar proposé par Malte, sélectionné dans la catégorie « Meilleur film en langue étrangère » à la 87e cérémonie des Oscars.

À travers l’œil de la caméra, le FFUE offre un riche aperçu de la culture européenne. Comme une invitation au voyage, le festival nous annonce l’« Europe sans jetlag ». Depuis l’île grecque d’Andros dans les Cyclades (Little England) jusqu’aux rives de la mer Noire (The Sinking of Sozopol) en passant par Bruxelles (All Cats are Grey), Helsinki (The Grump), et des petites villes d’Autriche (Fever) ou de Lituanie (How Saul and Paul Robbed them all), la promesse de paysages diversifiés est tenue. Pas de décalage horaire, mais l’occasion de faire quelques sauts dans l’histoire du Vieux continent avec notamment Admiral, l’épopée retraçant l’âge d’or de la noblesse hollandaise du XVIIe siècle, Alias Loner, le docu-fiction letton au sujet de l’occupation soviétique de la Lettonie en 1945, ou encore Hostage, le film slovaque qui nous fait comprendre la situation politique de la Tchécoslovaquie communiste des années 1960 par le récit de l’enfance de Peter.

Scène du Tous les chats sont gris (au droit).

Scène du Tous les chats sont gris (au droit).

Jim Sinclair, directeur artistique de la Cinémathèque de Vancouver, explique que « les Canadiens ne sont pas conscients de la signification de l’Union européenne » et que ce festival « en promeut l’idée ». En effet, ce dernier a suivi l’évolution de l’Union européenne en s’enrichissant de nouvelles langues et cultures au gré des nouvelles adhésions. En 1984, lorsque le festival a été créé à Ottawa, l’UE comptait 10 États-membres, alors qu’elle en compte aujourd’hui 28. À l’initiative de cette célébration qui prend place dans trois villes canadiennes : la Délégation de l’Union européenne au Canada, l’Institut du film canadien à Ottawa, les missions diplomatiques et les consulats des États membres, en coopération avec les cinémathèques des villes de Toronto, Ottawa et Vancouver.

Deux films francophones

Les deux films francophones, présentés par la France et la Belgique, traitent de la famille. Inspiré d’une histoire vraie, La Vie sauvage est l’histoire d’un père (Mathieu Kassovitz) parti en cavale avec ses deux enfants, refusant que ceux-ci soient élevés selon les normes de la société. Leur vie illustre dès lors la polysémie du mot « sauvage » : un quotidien libre, dans la nature, en dehors des règles, mais également brutal, voire impitoyable. Le drame se structure autour du combat de la mère (Céline Sallette), rejetant une vie de nomade qu’elle avait d’abord choisie, qui cherche à retrouver ses enfants.

Le film belge Tous les chats sont gris questionne la filiation en mettant en scène Dorothy, jeune fille de 16 ans aux airs rebelles, à la recherche de son père biologique. L’expression complète « Tous les chats sont gris, la nuit » signifie qu’un individu commettant un méfait en pleine nuit ne pourra être distingué nettement et ne sera donc pas reconnu. Le rapport avec l’intrigue? Il sera compris à la fin des 90 minutes du film, au cours desquelles, avec délicatesse, on suit les nombreux rebondissements de cette quête et on s’attache aux personnages de Dorothy et de Paul, détective amateur de 43 ans. Pour son premier long métrage, Savina Dellicour a remporté le prix international de la réalisation au Festival du film de Santa Barbara.
Tous les films seront diffusés à la Cinémathèque de Vancouver. La Vie Sauvage sera diffusé le samedi 5 décembre à 18h30, alors que Tous les chats sont gris le sera le même jour à 20h30. Prix : 11 $ pour un billet, 14 $ pour deux.

Pour plus de renseignements sur la programmation :
www.thecinematheque.ca/eufilmfestival