IN MOTION, une belle invitation à la reconnaissance

NDN Way avec Brian Solomon et Mariana Madeleine Meinke. | Photo par David Meinke

NDN Way avec Brian Solomon et Mariana Madeleine Meinke. | Photo par David Meinke

Les 24 et 26 février prochains, le centre culturel Roundhouse accueillera In Motion, un spectacle inédit de danse contemporaine. Créée par deux grands chorégraphes d’origine autochtone, Brian Solomon et Byron Chief-Moon, cette production se présente comme une fenêtre ouverte sur l’excellence de la scène artistique des danseurs issus des Premières Nations. Révélations sur cette évolution remarquable de la danse contemporaine canadienne.

Le duo annoncé est un cadeau que nous offre le festival Talking Stick. Un festival qui, depuis 1992, met en relation artistes autochtones, écrivains, interprètes de toutes origines et toutes disciplines confondues. Il s’agit de créer une harmonie d’échange et de partage, d’idées et de collaboration autour de la réalité et de l’expérience des peuples des Premières Nations.

Byron Chief-Moon, chorégraphe autochtone. | Photo par David Meinke

Byron Chief-Moon, chorégraphe autochtone. | Photo par David Meinke

Brian Solomon est un jeune chorégraphe d’origine métis qui se passionne à aider les gens à se rebrancher à leur physique, à reprendre le contrôle de leur corps oublié. Il cherche le mouvement qui les guidera dans cette démarche. Trois fois nominé pour les Dora Mavor Moore Award (théâtre) et Gemini Award (Film), il a dansé avec plus de vingt chorégraphes et ses performances sont connues au-delà des frontières du Canada, aux États-Unis et en Europe.

Byron Chief-Moon est un chorégraphe autochtone ayant plus d’une vocation à son arc : acteur, danseur, fondateur de l’association Coyote Arts Percussive Performance et membre de confédérations autochtones. À 54 ans, son parcours est une survie culturelle dont font largement écho ses créations en danse. L’histoire de ses chorégraphies commence toujours par celle de son peuple, son attachement à sa terre et à sa communauté. La transmission orale et intergénérationnelle en sont les thèmes principaux.

Tandis que le premier innove en travaillant sur de nouvelles formes d’interprétation, le second, à travers ses chorégraphies, est le porte-parole de toute une culture.

Danse avec ta conscience !

Sur scène, deux danses seront mises à l’honneur. La première s’intitule GREED, ou la dénonciation de la cupidité des marchés financiers et des organisations qui pillent les ressources naturelles de notre environnement et affectent l’équilibre de la vie sur la Terre. La réponse ancestrale des peuples autochtones sur le maintien de cet équilibre se résume au crédo suivant : « prendre à la Nature seulement ce dont on a besoin ». Byron Chief-Moon et ses partenaires Jerry Longboat et Olivia C Davies transformeront sur scène cette spiritualité en un enchaînement de mouvements chimériques. Un débat fera d’ailleurs suite à cette représentation engagée, invitant le spectateur à faire face de manière honnête à ce phénomène et à prendre position.

La deuxième danse sera présentée par Brian Solomon en collaboration avec Mariana
Madellin Meike sous le titre NDN WAY. Le point de départ est une retranscription artistique des théories philosophiques de Ron Evans. Les mots ont une puissance physique que chaque spectateur sera invité à décrypter. « Brian est un danseur fantastique et aux talents variés, j’ai beaucoup de plaisir à le voir danser… L’aspect le plus intéressant de Brian est la symbiose intergénérationnelle qui ouvre de multiples perspectives » confie Byron. Il ajoute : « en tant que danseur autochtone, mon principal défi est de rester en relation avec la tradition orale de ma culture dans un monde virtuel auquel nous appartenons. Discuter de nos histoires, les partager et en découvrir de nouvelles. »

Ces deux soirées démontreront que la danse contemporaine autochtone réussit à s’élever au rang des grandes productions, à imposer son style et à prendre un virage très actuel quand l’art unit l’assistance et engage le public en stimulant la curiosité et le questionnement.

Renouer, s’engager, explorer : une nouvelle ère pour les jeunes danseurs autochtones

L’art de la danse contemporaine a pour vocation de surprendre. Depuis quelques années, il prend des airs différents à Vancouver. Son isolement face aux grandes scènes de Montréal et de Toronto est devenu sa marque de fabrique. Son environnement naturel, son histoire, et son patrimoine culturel sont des sources d’inspiration uniques et reconnues. Dans ce mouvement, la jeune scène artistique d’origine autochtone en devient une composante, elle est en pleine effervescence. Elle nous propose une créativité sans tabous, avec des pistes de réflexion ouvertes sur le monde. Cet anticonformisme bouscule les codes traditionnels et fait place à de nouvelles références poétiques. Les artistes contemporains métissent leur travail de composition avec les arts du théâtre et les arts plastiques ou visuels en y juxtaposant les valeurs et traditions ancestrales.

En s’affirmant avec brio, cette danse contemporaine met en lumière la mosaïque de ses influences culturelles et identitaires et n’hésite plus à nous proposer des concepts pluridisciplinaires, branchés et innovants qui s’exportent au-delà des frontières.