Saint-Malo : la plus canadienne des villes françaises

Maison du Québec à Saint-Malo. | Photo par Pascal Guillonf

Maison du Québec à Saint-Malo. | Photo par Pascal Guillon

Plusieurs endroits en France sont des lieux de visite incontournables pour les Canadiens qui s’intéressent à l’histoire de leur pays. Vimy et Dieppe viennent tout de suite à l’esprit. Il convient d’ajouter Saint-Malo, la ville natale de Jacques Cartier.

Photo par Pascal Guillon

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Cette ville portuaire de Bretagne, entourée de murs pour se protéger des Anglais, a connu son heure de gloire à l’époque de la Nouvelle-France. La ville célèbre encore les corsaires qui ont fait sa richesse et sa renommée. René Duguay-Trouin, né à Saint-Malo en 1673, est un des plus célèbres. Les nombreux navires marchands saisis au large de l’Angleterre étaient ramenés à Saint-Malo et la revente des marchandises capturées enrichissait la région. C’est également à Saint-Malo que naquit, un siècle plus tard, Surcouf, le célèbre corsaire qui fut la terreur des navires anglais dans l’océan Indien. Après la guerre de Sept Ans et la perte de la Nouvelle-France, Saint-Malo a maintenu ses liens avec le Canada grâce aux bateaux qui quittaient régulièrement ce port pour entreprendre des campagnes de pêche au large de Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Photo par Pascal Guillon

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Août 1944 a sans doute été le pire moment dans la longue histoire de Saint-Malo. Alors que les alliés avaient débarqué en Normandie et que la libération de la France avait commencé, des soldats allemands étaient encore retranchés dans la ville fortifiée. Pour éviter de devoir les déloger en se battant maison par maison, l’aviation américaine a simplement bombardé la ville. Le vieux quartier historique de Saint-Malo a ainsi été détruit à 80%. D’autres villes côtières françaises détruites par les bombes ont été reconstruites au plus vite sans aucun égard pour le patrimoine architectural. Rebâtir le plus vite possible des villes comme Le Havre ou Saint-Nazaire relevait d’un impératif économique compréhensible. La reconstruction de Saint-Malo, économiquement moins importante, était donc moins urgente. Les fortifications ont été réparées et plusieurs vieux bâtiments historiques ont été reconstruits à l’identique en réutilisant les vieilles pierres d’époque. Les autres bâtiments situés dans l’enceinte fortifiée ont été reconstruits en s’inspirant de l’architecture d’origine, mais sans tenter d’en faire des copies exactes. Ce n’est que dans les années 70 que les travaux ont étés achevés.

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Cela semble satisfaire les touristes, de plus en plus nombreux à venir voir cette ville de 45 mille habitants, située à 400 kilomètres de Paris. En se promenant à pied dans le quartier historique, les visiteurs canadiens seront frappés par la ressemblance avec la vieille ville de Québec. Saint-Malo n’est cependant pas une ville musée. C’est une région qui continue à vivre de la mer. Certes, les corsaires ne partent plus chasser l’Anglais, mais l’activité portuaire, la pêche, l’aquaculture et les traversiers qui relient Saint-Malo aux îles anglo-normandes et à l’Angleterre emploient bon nombre de Malouins.

Sous un beau soleil d’été, Saint-Malo se donne des airs de ville de villégiature méditerranéenne. Personnellement, je la préfère sous la bruine hivernale, quand elle est plus authentique et que l’on ne croise que les fantômes lorsqu’on se promène sur les remparts qui encerclent la vieille ville.

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