Eurostar : l’histoire d’un succès

Eurostar. Gare de Saint-Pancras à Londres. | Photo par Pascal Guillon

L’idée de construire un tunnel sous la Manche n’est pas nouvelle. Dès 1802, Napoléon avait fait étudier la question alors qu’il rêvait d’atteindre ses ennemis retranchés sur leur île, protégée par une marine de guerre sans égale. Ce n’est qu’en janvier 1986 que François Mitterrand et Margaret Thatcher ont annoncé le lancement du projet Eurotunnel. La première ministre britannique d’alors avait exigé que le projet soit financé entièrement par le secteur privé. Six ans et demi, et 15 milliards d’euros plus tard, la Grande-Bretagne n’était plus tout à fait une île. Comme tous les grands projets de ce type, celui-ci aura coûté beaucoup plus cher que prévu et a pris plus de dix ans avant d’être faiblement rentable. La compagnie Eurotunnel (rebaptisée Getlink l’année dernière) reçoit un paiement pour chaque train qui emprunte le tunnel et opère les navettes ferroviaires qui transportent les voitures et les camions sous la mer.

Eurostar dans la gare de Saint-Pancras à Londres. | Photo par Pascal Guillon

Eurostar est une autre compagnie de chemin de fer qui emprunte le tunnel reliant Londres à Paris et d’autres villes d’Europe continentale. Eurostar appartient à 55 % à la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) et à 5 % aux chemins de fer belges. Les 40 % restants étaient détenus par le gouvernement britannique mais celui-ci a préféré vendre ses actions au secteur privé. Elles ont été rachetées par la Caisse de dépôt et placement du Québec et la société Hermès Infrastructure.

Traverser la Manche à travers ce tunnel d’un peu plus de 50 kilomètres de long est devenu une affaire de routine pour beaucoup d’Européens. En fait, dans les 20 premières années du tunnel, 330 millions de passagers sont passés par ce tube sous-marin. Chaque année, la seule compagnie Eurostar transporte plus de 10 millions de passagers.

Pendant la construction du tunnel, la presse à scandale rivalisait d’imagination sur les désastres à venir. Les tabloïds londoniens, populistes, nationalistes et alarmistes à souhait, se spécialisaient dans les fake news bien avant l’Internet. Ils prédisaient que la rage, disparue en Angleterre depuis 1922, allait revenir à cause des renards continentaux qui allaient emprunter le tunnel. En fait, aucun renard européen n’a eu l’idée saugrenue de parcourir 50 kilomètres de tunnel pour aller goûter aux lapins anglais. De nombreux articles citaient des « experts » douteux prévoyant des infiltrations d’immigrants illégaux ou de terroristes par ce dangereux tuyau de béton armé. Rien de tout cela n’est arrivé. Le tunnel sous la Manche est un immense succès et alors qu’il est de plus en plus déplaisant de prendre l’avion, il attire chaque année de plus en plus de passagers.

Notre collaborateur Pascal Guillon signe dans cette édition sa dernière chronique. Notons que le premier article de Pascal datait du 10 septembre 2013 et il portait le titre provocateur de Saint-Pierre et Miquelon, l’archipel des subventions. La Rédaction de La Source tient sincèrement à le remercier pour ses riches et intéressantes contributions et pour sa collaboration au cours de toutes ces années.