L’intelligence au service du recyclage

Cette année, le « continent de plastique » présent dans tous les océans (l’Atlantique, le Pacifique, l’océan Indien, l’Arctique et l’Antarctique) a atteint la taille phénoménale de plus de 1,6 millions de kilomètres carrés, soit plus de 1 900 milliards de déchets de toute sorte.

Cela représente presque deux fois la taille de notre province en termes de superficie, et il est possible que ces chiffres soient la fourchette basse des estimations.

Pour faire face aux défis que représente le recyclage de nos déchets, la 9e édition de la Zero Waste Conference se tiendra le 30 et le 31 octobre au Vancouver Convention Centre East. Elle regroupe les experts de tous les horizons, tant politiques que scientifiques et entrepreneuriaux. Car des solutions existent à tous les échelons pour réduire nos déchets à un niveau absorbable par notre planète, et ce sont ces solutions qui seront abordées et présentées pendant deux jours.

L’économie circulaire

Le sujet principal portera sur l’économie circulaire. Le constat avait été fait dès 2010 par la fondation Ellen MacArthur qui démontre dans ses études que le modèle économique actuel de transition basé sur les énergies renouvelables et l’efficacité des méthodes de production est une base incomplète. L’économie circulaire vise en effet à découpler la croissance économique de la consommation finale des ressources (circuit linéaire en termes de modèle) pour aller vers une économie dans laquelle le recyclage et la réutilisation des biens produits engendre un cycle qui se veut vertueux.

C’est le combat d’Arthur Huang, un des participants à la conférence. Il est le PDG fondateur de Miniwiz, une compagnie basée à Singapour dont le but est de démontrer qu’une compagnie peut fonctionner dans cette économie circulaire. Il le démontre au moyen du projet du Jackie Chan Stuntman Training Center, un ancien complexe cinématographique abandonné à Tianjin (considéré comme le port de Beijing). Le défi posé était de restaurer le monument à partir de matériaux recyclés, un projet porté par l’acteur qui lui a donné son nom. Il aura fallu deux ans pour y arriver, mais le contrat a été rempli fin 2018. Des sacs en PVC et des DVD recyclés, ainsi que bien d’autres matériaux réutilisés, auront servi pour refaire tant les murs que les sols, la façade et l’isolation.

Mieux gérer les plastiques

Mais le combat contre le gaspillage et les déchets ne s’arrête pas là. Il s’agit également de gérer le plastique produit et consommé partout dans le monde, et cela passe aussi par ici, comme le démontre la mairesse de l’arrondissement de Lachine à Montréal, madame Maja Vodanovic. Dans son entrevue elle explique le sens de son intervention à la conférence.

Maja Vodanovic

« Actuellement, le plastique consommé au Canada contient presque 0% de plastique recyclé, » explique-t-elle. « Or, le Canada a signé la Charte Plastique Océan en 2018. Le but est d’atteindre des plastiques constitués d’un minimum de 50% de produit recyclé d’ici 20 à 30 ans dans tout le Canada. »

Arthur Huang

Elle explique également que chaque province gère le ramassage et le recyclage des plastiques de façon différente. Le système au Québec n’est pas le même qu’en Colombie-Britannique. Dans certain cas, ce sont les villes qui paient pour le ramassage des plastiques, et des entreprises privées qui le recyclent, quand dans d’autres ce sont les entreprises elles même qui payent pour le ramassage et la province qui récupère le plastique. Il serait souhaitable selon Madame Vodanovic que les trois échelons décisionnels impliqués dans le processus (municipal, provincial, fédéral) décident de s’harmoniser pour rendre cohérent, logique et efficient le travail de recyclage à l’échelle du pays.

« Il est étonnant de voir que la filière de l’emballage du plastique vierge est subventionnée au niveau fédéral, plus que ne l’est le recyclé, » décrit-elle. « Si autant de millions étaient consacrés à cette dernière, il serait bien moins cher à utiliser par l’industrie de l’emballage.»

Interrogée sur un geste citoyen qui pourrait aider à faire changer les choses, Mme Vodanovic offre une solution.

« Il faut que les citoyens eux-mêmes écrivent aux grandes marques comme Costco, Wal-Mart ou Canadian Tire pour réclamer que les emballages contiennent des plastiques recyclables, » conseille-t-elle. « Cela pourrait les pousser à faire des efforts dans ce sens afin de donner une meilleure image d’elles-mêmes. »

Il ne s’agit là que de quelques-uns des thèmes qui seront abordés pendant la conférence, car c’est l’ensemble du modèle social actuel qui est à adapter afin d’éviter que le continent de plastique ne détruise l’ensemble de la faune des océans, avec des conséquences encore impossibles à mesurer.

Pour en savoir plus, veuillez visiter le www.zwc.ca.