Quelle publicité pour les idéologies racistes ?

Nalla Faye

Nalla Faye

Voilà un beau casse-tête médiatique. Le 22 juillet dernier, un Norvégien Anders Behring Breivik tue 77 personnes au nom de son idéologie. Ultranationalisme, rejet du multi-culturalisme, islamophobie etc… Problème : comment relater le contexte idéologique dans lequel se trouve le tueur d’Oslo sans faire le jeu de la publicité de ses idées ? Car conformément à son plan, son geste avait pour but de faire de la publicité pour son manifeste de 1518 pages, qui jette les fondements de son passage à l’acte.

Lors de la première journée du procès, mi-avril, le poing levé, la larme à l’œil, lors de la projection de sa vidéo propagande, Breivik semble avoir atteint son but : faire parler de lui. Pour autant aura-t-il réussi à propager sa haine ? Seul l’avenir nous le dira.

Le Canada n’est pas en reste. En Colombie-Britannique, des néo-nazis, les Whites supremacistes, font régulièrement parler d’eux dans la presse pour meurtre, violence, intimidation et racisme envers les populations minoritaires. Le Vancouver Sun publiait notamment en décembre une interview de Kevin Goudreau, président du White Nationalist Front, qui est contre l’immigration et pour la prédominance de la race blanche de type européen… au Canada.

Oui les médias doivent décrypter avec précaution ces idées et essayer de comprendre ceux qui en sont animés.

De nos jours les thèses du nazisme, fondées notamment sur la supériorité de la race aryenne sont largement décortiquées par tous. Certains ont pourtant voulu brûler Mein Kampf, tant ce livre annonce la naissance d’un projet au dessein redoutable. Mais qui regrette aujourd’hui les procès de Nuremberg et l’audition des grands chefs du IIIe Reich? Rendus publics pour la simple et bonne raison qu’en 1945, le monde entier a les yeux rivés sur l’Allemagne et les explications se font attendre.

Aujourd’hui le compte-rendu des procès-verbaux, ainsi que les documents sont étudiés et réétudiés. Par les étudiants, les chercheurs, mais aussi par ceux qui souhaitent propager ces idées haineuses.

De la même manière que les attentats du 11 septembre et l’idéologie incarnée par Oussama Ben Laden a fait des petits. Et que des entraînements djihadistes continuent de se dérouler au Mo-yen-Orient. Jusqu’à transformer des Mohamed Merah en tueur.

En 2012, si un jeune homme peut trouver notamment sur internet autant de ressources et de contacts pour devenir djihadiste, ce ne sont pas les médias, qui en faisant de la rétention d’information, l’empêcheront d’en devenir un. Par ailleurs, le manifeste de Breivik est entièrement téléchargeable sur internet. Car dans un monde de l’internet ouvert et mondialisé toutes les ressources sont partagées.

En revanche le rôle des médias demeure l’information et l’analyse de l’information. Le rôle des médias est de rétablir des vérités erronées parce que idéologiques, parce que irrationnelles, parce que folles et haineuses. L’éducation des esprits demeure le rôle de la société.