Minorité linguistique, de l’Est à l’Ouest

L’histoire du Canada a toujours été marqué par les rapports, tantôt tendus tantôt cordiaux qu’entretiennent francophones et anglophones. Si la situation des francophones de Colombie-Britannique nous est assez familière, qu’en est-il de la minorité anglophone au Québec ? Nous avons décidé de dresser un portrait de la situation de ces deux minorités linguistiques en interrogeant la Fédération des francophones de Colombie-Britannique (FFCB) et la Quebec Community Group Network (QCGN).


Sommaire :


 

Communauté anglophone du Québec

Population
A peu près 990 000 personnes, dont 591 000 ont l’anglais pour langue maternelle, le reste provenant d’autres pays : Amérique du Sud, Europe et Asie principalement. Les anglophones forment donc environ 12,5 % de la population provinciale. Si un léger déclin de leur nombre s’était fait sentir dans les années 2000, la communauté semble aujourd’hui croître de nouveau.

Compétences linguistiques
Si la plupart des membres de la communauté parlent couramment les deux langues, il y a de grandes disparités entre les générations. Les anciens pratiquent moins la langue de Molière que les jeunes qui la parle à plus de 70%. Principale raison avancée à ce développement du français chez les anglophones ? Les facilités pour trouver un emploi sont bien plus importantes pour les personnes bilingues que pour celles qui ne pratiquent que l’anglais. Néanmoins, il est possible de vivre entièrement en anglais dans la province, principalement dans la région de Montréal, mais aussi parce que plus de 70% des québécois francophones parlent aussi l’anglais.

Organisation et défis.
Organisée autour du QCGN, la communauté anglophone fait entendre sa voix au niveau provincial et fédéral grâce à ce réseau qui regroupe 41 organismes de langue anglaise dans la province. Sa mission : encourager et faire vivre la communauté anglophone du Québec. Pour Sylvia Martin-Laforge, directrice générale du QCGN, le principal défi de cette communauté est de faire partie d’une minorité au sein d’une autre minorité, et d’arriver, par le dialogue, à faire reconnaître le rôle important des anglophones dans la vie de la province. Son principal handicap ?

D’être perçue comme une menace pour la survie du français et de faire accepter les besoins de la communauté anglophone par les francophones majoritaires.

Inquiétudes
L’une des principales inquiétudes de la communauté concerne l’accès aux services de santé dans sa langue maternelle. Qu’il s’agisse des opérations courantes ou du sort de ses ainés, la QCGN pointe du doigt le déficit de structures anglophones pour l’accès aux soins, dans leur langue, de ses membres. L’autre inquiétude concerne la “missing generation” des jeunes adultes qui décident de faire leur vie dans d’autres provinces en raison de leurs difficultés à trouver un emploi lorsqu’ils ne maîtrisent pas assez le français. A cause de ces départs, près de 25 % des anglophones de la province sont remplacés par des immigrants anglophones d’autres pays tous les 5 ans.

Le saviez vous ?
Les anglophones sont proportionnellement plus nombreux à créer leurs propres entreprises au Québec. Pourquoi ? Parce qu’il est plus facile pour certains d’entre eux de créer leurs propres emplois que d’apprendre le français.

Communauté francophone de la Colombie-Britannique

Population
361 000 locuteurs dont 70 000 personnes ont le français pour langue maternelle. La grande majorité des nouveaux venus francophones viennent du Québec, de France et d’Afrique. Ils représentent 10 % de la population de la province. La communauté croît régulièrement.

Compétences linguistiques
A une écrasante majorité, 95 %, les francophones de C.-B disent pratiquer les deux langues. Une nécessité pour trouver un emploi, mais aussi pour la vie de tous les jours dans une province où la quasi-totalité des habitants éprouve de grosses difficultés à communiquer en français.

Organisation et défis.
Articulée autour de la FFCB, l’organisation regroupe 39 membres et partenaires et parle pour la communauté francophone avec le pouvoir provincial et fédéral. Son but : faire la promotion du français et accroître les possibilités de services en français dans la province, principalement au niveau de l’éducation et de la santé, mais aussi sur le marché du travail et de l’entreprenariat. Comme le souligne M Réal Roy, président de la FFCB, les principaux défis de la communauté sont de faire entendre sa voix au niveau de la province, mais surtout de rassembler les francophones dont beaucoup ignorent tout des activités de la fédération. Son principal handicap ? Son manque de visibilité au niveau du pouvoir provincial, en grande partie par manque de mobilisation mais aussi par le fait que la minorité arrive loin derrière les communautés sinophones et germano-saxonnes en terme de population.

Inquiétudes
La survie de la langue reste le souci numéro 1 des francophones, devant tous les autres. Le français a failli perdre son statut de langue officielle dans l’éducation récemment, du coup la communauté met en avant l’excellence des programmes d’immersion en français pour attirer l’attention sur l’importance de sa sauve-garde. La seconde inquiétude porte sur l’accès des services à l’emploi en français qui a récemment été supprimé par la province et dont la FFCB souhaite le rétablissement. Ces tensions sur le français pourrait par ailleurs baisser l’attractivité de la province pour les immigrants francophones et priver la communauté d’un apport de sang neuf.

Le saviez vous ?
Les listes d’attentes pour inscrire les enfants dans des programmes d’immersion française peuvent atteindre jusqu’à 6 ans dans certaines écoles. Pourquoi ? Parce qu’il sera plus facile pour un étudiant bilingue de décrocher un poste à responsabilité politique ou économique s’il parle les deux langues, en conséquence de quoi leurs parents veulent mettre tous les chances possibles du coté de l’enfant.

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Consultation linguistique, faites entendre votre voix !

Cet été, le ministère du patrimoine canadien lance une grande consultation sur l’avenir de la dualité linguistique en milieu minoritaire. En effet, la feuille de route lancée en 2008 prend fin le 31 mars 2013 et l’avenir donné à la franco-phonie en milieu minoritaire va se jouer en grande partie sur les réponses que donneront les citoyens francophones à ce questionnaire. Doté d’un budget de 1,1 milliard de dollars sur 5 ans, ce programme permet de nombreux services en français, le financement de crèches, d’écoles, d’événements et de festivals francophones. Elle accorde aussi des ressources financière pour la formation de personnel de santé en français à travers des organismes comme Réso-Santé.

Répondez !
La Fédération des francophones de Colombie-Britannique et le journal La Source appellent les citoyens francophones à répondre à ce questionnaire. Pour M Réal Roy, président de la FFCB interrogé par Radio-Canada le 3 juillet dernier, il est important de montrer au gouvernement canadien que le français et les francophones sont présents, et forment une richesse inhérente au patrimoine canadien. M. Roy a par ailleurs insisté sur le fait que des groupes de pression peu favorables envers la francophonie existent, et qu’il est donc important de contrebalancer leur influence en répondant à ce questionnaire pour montrer la vitalité de cette communauté.

Vous pouvez répondre au questionnaire de Patrimoine Canadien à l’adresse suivante :
www.pch.sondages-surveys.ca/

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Collège Éducacentre, 20 ans de diplômes !

 

Remise des prix à l'École Jules Verne. Photo par Éducacentre.

Remise des prix à l'École Jules Verne. Photo par Éducacentre.

« J’ai toujours poursuivi mes études, sans jamais les rattraper » : C’est sur cette citation d’Alphonse Allais que s’est ouverte la remise des diplômes du collège Éducacentre, le 29 juin dernier à Vancouver. Au coordinateur M. Capraro de préciser que justement, les étudiants auxquels il s’adressait avaient eux, fini par les rattraper. C’est ainsi que 96 finissants, dont une trentaine avait pu se déplacer, ont reçu les diplômes validant les formations les préparant aux réalités du marché de l’emploi de Colombie-Britannique.

A travers des programmes comme Jeunes au travail, “d’intégration canadienne” ou “se lancer en affaire” et de nombreux autres, le collège forme actuellement près de 2000 personnes. La structure récompense aussi les plus méritants de ses étudiants par un système de bourses dont une dizaine sont distribuées chaque année récompensant les élèves les plus assidus, les plus brillants ou les plus courageux.

Une structure unique, 3 campus.
A l’origine une petite école lancée en 1992 avec un budget de 40 000 $, le collège dispose aujourd’hui d’un budget de 3 millions de dollars et de 3 campus : Vancouver, Victoria et Prince George. Son président depuis 10 ans, M. Thomas Godin, était particulièrement fier de nous rappeler que “le collège éducacentre est la seule structure qui forme en continu des étudiants en français depuis 20 ans, et nous fêtons aussi cet anniversaire aujourd’hui” avec une structure de bénévoles au conseil d’administration et de professeurs de tous les horizons. Certains professeurs enseignent aussi leurs matières à UBC ou à SFU.