Le Président de toutes les couleurs

Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Vraiment ?

Cela fait maintenant quinze jours que Barack Obama a été élu, ou plutôt, devrais-je dire, réélu. Précision qui s’adresse à ceux et à celles qui pensaient m’avoir pris les culottes à terre alors que je m’apprêtais à changer de pantalon et à retourner ma veste. Avec le recul, quelques réflexions s’imposent, suite à ce succès plutôt serré mais néanmoins mérité. Obama, quatre ans encore de présidence ! Il y a de quoi se réjouir, non ? Fallait le faire. Face à une meute de fous furieux, composée principalement d’éléments du Tea Party (Le Parti Tété comme aime gentiment l’appeler ma nourrice), des individus en grande majorité xénophobes, homophobes, misogynes, incapables de mettre en veilleuse leur rage et de camoufler leur haine, face à cette meute de fous furieux donc, les Etats-Unis d’Amérique ont choisi la voix de la raison. Bravo.

Barack Obama : quatre ans de plus. Photo par the White House, Flickr

L’Afro-Américain l’a emporté sur l’affreux Américain. En d’autres termes, le noir a battu le blanc. Échec et mat. La partie est jouée, la partie est gagnée. Ou perdue. Romney et son parti d’amers républicains ricains sont réduits à essuyer, en essayant de le faire du revers de la main, leur échec. Ils doivent panser leurs plaies et repenser à ce qui déplaît. Je ne suis pas docteur, mais, à la lumière des résultats de cette élection, je ne pense pas trop m’avancer en disant que le Parti républicain doit se refaire une santé. Une bonne cure de sommeil lui fera du bien. À moi aussi d’ailleurs. Rien de plus pénible que d’écouter cette lamentable rhétorique ultra conservatrice qui, sans cesse, me casse les oreilles, les pieds, les c….. c…, la tête, alouette. Les échos de cette rancœur désagréable et nauséabonde me parviennent quotidiennement, au delà de la frontière qui nous sépare, et m’étonnent à chaque fois.

Est-ce possible d’avoir une vision aussi perverse du monde, je me demande parfois? Faut croire que oui puisque, malgré leur défaite, ils font encore parler d’eux. Eux qui n’ont pas compris que leur pays, en dépit de leurs convictions primaires, avait changé. Les goûts et les couleurs ne sont plus les mêmes. Les femmes ne goûtent guère la position des Républicains sur l’avortement. Surtout, elles ne la digèrent pas. Quant à l’électorat ? Au grand désarroi des partisans de Romney, l’Amérique a pris les couleurs de l’arc-en-ciel. Le noir, le jaune, le vert, le basané, le rouge et le blanc féminin, ensemble, ont donné la victoire à Obama. Ce dernier a su de nouveau gagner, mais avec plus de difficultés, la confiance de son peuple. Car n’en déplaise aux blancs pur coton qui, en majorité, ont préféré Mitt Romney (question de couleur ?) à Barack Obama (question de goût ?), les électeurs ont su faire preuve de bon sens. Ils ont choisi un président qui les invite à aller de l’avant (Forward était son slogan de campagne) et non vers l’inconnu annoncé par les constants changements de position du candidat républicain. Loup dur et féroce pendant les primaires. Agneau doux et sensible pendant les débats avec Obama. À se demander quelle était la face cachée du pasteur mormon ? Berger ou chasseur ?

Mais tout cela importe peu maintenant que les jeux sont faits. Espérons toutefois que les Etats-Unis ne sont pas au bord de l’abîme économique en gardant en mémoire ces mots malheureux attribués, à tort ou à raison, à Camil Samson, ancien leader du Parti créditiste du Québec qui aurait dit : « Le Parti Libéral nous amène au bord du précipice, votez pour moi et ensemble faisons un grand pas en avant ». Cher président, faites bien attention où vous mettez les pieds et surtout ne loupez pas la marche.

Avant de conclure ce chapitre électoral, j’aimerais approfondir cette question de la couleur. Cela fait des années que je me pose la même question. Pourquoi le rouge symbolise-t-il aux USA le parti le plus à droite, le plus conservateur (le GOP en l’occurrence ou, si vous préférez, le Parti républicain) alors qu’au Canada, c’est le Parti libéral qui porte cette couleur. Tandis que le Parti démocrate américain d’Obama, plus libéral, plus à gauche, s’habille en bleu, couleur portée par notre Parti conservateur d’Harper ? Surtout que le rouge est mondialement la couleur de la gauche. Si quelqu’un connaît la réponse, qu’il ou elle me le dise. Peut-être que ça ne s’explique pas. Peut-être qu’il n’y a pas de raison, car comme chacun le sait, « La raison a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Tout ce que je sais, c’est que les Américains ont eu raison. Nos voisins du Sud, même si trop souvent ils l’ignorent, n’ont pas perdu le Nord.