Don de cellules souches : les « Caucasiens » plus susceptibles de trouver des donneurs

Anthony Codrington est passé par une belle porte. Originaire de la Barbade, l’homme choisit de quitter le soleil des Caraïbes pour s’installer en Nouvelle Ecosse il y a plus de quinze ans où il rencontre celle qui deviendra bientôt sa femme. Hélas, Anthony apprend alors qu’il a la leucémie. Commence alors un compte à rebours contre la mort pour trouver son seul espoir de survie : un donneur de cellules souche compatibles. Présentes dans la circulation sanguine et la moelle osseuse, ces cellules permettent de guérir d’affections pouvant être fatales. Pour que la greffe puisse prendre, un donneur de la même origine ethnique qu’Anthony devait être trouvé du fait des caractéristiques génétiques, les groupes sanguins étant héréditaires. Après bien des recherches, ce fut chose faite et Anthony a pu reprendre une activité normale, conscient d’avoir était chanceux : « Les chances de trouver un donneur noir compatible étaient encore plus minces. Je suis un des rares privilégiés qui ait pu trouver le bon donneur. » Une chance qui demeure en effet bien inégale selon l’ethnie d’origine.

Un manque de donneurs non caucasiens

A l’échelle du Canada, ce sont environ 330 000 donneurs potentiels qui sont enregistrés dans la base de données du réseau de moelle et de cellules souches UniVie (OneMatch en anglais) appartenant à la Société canadienne du sang. En dépit d’une augmentation significative du nombre de donneurs (220 000 en 2007), l’organisation relève que cette population n’est pas représentative de la diversité ethnique croissante du pays. En effet, moins d’une personne inscrite au réseau UniVie sur six a des caractéristiques autres que caucasiennes. Conséquence, si les probabilités de découvrir un donneur approprié sont de 75 % pour les patients de type caucasien, elles ne sont en revanche que de 10 à 30 % pour les Noirs, les Philippins, ceux originaires du Sud de l’Asie et ceux d’origine chinoise. Un pourcentage qui tombe même à 0,9% pour les autochtones.

« Les différentes ethnies ont des pratiques culturelles qui peuvent parfois les amener à se demander si le fait de devenir un donneur de cellules souches est compatible avec leurs croyances culturelles », explique Olga Pazukha, en charge des communications chez Univie Vancouver. « Une fois qu’ils réalisent qu’ils ont le pouvoir de sauver la vie d’un patient dans le besoin, ils n’hésitent alors souvent pas à s’enregistrer en tant que donneurs. »

L’objectif : optimiser la variété des donneurs. Photo par UniVie

Egaliser les chances et sensibiliser les jeunes

Outre l’origine ethnique, les études scientifiques ont révélé que les greffes de cellules souches et de moelle osseuse provenant de jeunes donneurs offrent de meilleures chances de survie à long terme. Hors, seul 15% des donneurs potentiels enregistrés par UniVie ont entre 17 et 30 ans, ce qui explique les efforts de communication développés depuis quelques années pour sensibiliser cette tranche d’âge et l’ensemble des communautés.

« Désormais, notre travail consiste à optimiser la variété de donneurs, en particulier les jeunes hommes de 17 à 35 ans issus de différentes communautés que nous essayons de toucher par le biais de nos événements et de nos campagnes médiatiques », commente Olga Pazukha. « Get Swabbed University Challenge est une de nos opérations les plus importantes pour accroitre le nombre de donneurs. Il s’agit d’une campagne nationale où les étudiants organisent des évènements pour récupérer des prélèvements. » L’an dernier, plus de 7500 nouveaux donneurs potentiels se sont ainsi enregistrés alors que la campagne passera notamment par UBC ce 26 novembre.

UniVie continue également d’éveiller les consciences chez les communautés en travaillant avec des groupes comme the OtherHalf Chinese Stem Cell Initiative et the Aboriginal Nurses of Canada Association.

Des initiatives qui devraient à terme porter leurs fruits, d’autant que comme le rappelle Olga Pazukha, s’enregistrer est une démarche facile : « Il suffit de remplir un formulaire de santé (disponible en ligne ou envoyé par la poste) et de nous retourner un échantillon de prélèvement buccal (une trousse de prélèvement est envoyée par voie postale). Toutes les personnes enregistrées ne sont pas appelées pour donner, cela dépend des besoins. Encore une fois, l’origine ethnique est importante pour la compatibilité entre le donneur et le patient. »

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Pour plus d’informations et pour s’enregistrer :

www.blood.ca (section OneMatch en anglais et Univie en français)