Cécile Girard, Directrice générale de L’Aurore boréale : « Voir le journal comme une entreprise »

Entrevue: Cécile Girard, Directrice générale de L’Aurore boréale

Cecile Girard | Photo par Photo :  Claudiane Samson

Cecile Girard | Photo par Photo : Claudiane Samson

Elle a beau avoir une belle plume, c’est avec le crayon qu’elle a commencé. En décembre 1983, c’est en effet en tant qu’illustratrice que Cécile Girard a commencé à l’Aurore boréale, journal francophone du Yukon dont elle est aujourd’hui la directrice générale. Un long chemin qui l’aura amenée à fêter en mars dernier le 30ème anniversaire de ce média isolé au sein d’une population d’environ 1500 francophones. Une situation à priori peu évidente mais dont le journal arrive à tirer parti comme elle l’explique en marge du congrès de l’Association de la Presse Francophone qui se tenait du 11 au 13 juillet à Whitehorse, la capitale territoriale.

 

Qu’est-ce-que cela représente d’accueillir l’APF au Yukon ?

Le congrès annuel de l’APF représentait un grand défi autant pour l’APF que pour l’Aurore boréale. Ici tout semble coûter plus cher et de nombreux écueils ont marqué l’organisation. Finalement tout est rentré dans l’ordre et le programme offert a été riche et diversifié. Quelques points en litige tiraillaient les membres depuis des années et plusieurs appréhendaient les résultats de cette rencontre. Ces points ont été réglés avec la création d’une nouvelle catégorie de membres : les journaux offrant du contenu bilingue2.

Quel état des lieux faites-vous de votre journal ?

Le journal a mis en ligne un nouveau site web cette année. Ce site est convivial et actualise davantage l’information. Les commentaires à son sujet sont élogieux. Mais il faut plus qu’un site pour survivre dans ce nouvel univers. La viabilité d’un journal dépend de ses revenus financiers. La grande difficulté de l’Aurore boréale est aussi celle de la majorité des journaux : la migration du budget publicitaire des gouvernements vers Internet. Une diversification des fonds et un nouveau regardsur le journal comme petite entreprise s’imposent de façon urgente.

Depuis la fermeture de l’Express du Pacifique il y a un an et demi en Colombie Britannique, vous sentez-vous un peu isolé en tant que journal francophone sur la côte ouest?

La disparition de l’Express du Pacifique nous attriste. Il était le seul journal uniquement francophone de la province. Toutefois, notre nordicité nous a toujours un peu isolé mais cet isolement est aussi une source de grande satisfaction. Ainsi, la nature même du journalisme doit s’adapter à la géographie, au climat nordique et aux gens qui ont choisi de s’y établir. Le journal poursuit donc son mandant dans le Nord.

Quel regard portez-vous sur le journal la Source qui se veut bilingue et axé sur la diversité ?

Nul ne peut être aujourd’hui contre le bilinguisme et encore moins contre la diversité. La communauté franco-colombienne a toujours été très diversifiée. Ce qui m’importe est que les francophones puissent posséder un journal qui les représente et les informe dans leur langue.

2 Plus de détails dans l’entretien avec Luc Rainville.