Réconcilier les injustices d’hier et d’aujourd’hui

Les membres Réconciliation Canada défilent le 4 août 2013. Photo par Kyler Storm, Flickr

Les membres Réconciliation Canada défilent le 4 août 2013. Photo par Kyler Storm, Flickr

En septembre 2012, le conseil municipal de Vancouver a voté à l’unanimité une Année de la Réconciliation s’étendant du 21 juin 2013, date de la journée nationale des Premières Nations, au 20 juin 2014. Le Centre pour le Dialogue de l’Université Simon Fraser sera l’hôte d’une série d’événements communautaires afin de faire avancer cette réconciliation. La conférence Reconciling Injustices in a Pluralistic Canada se tiendra ainsi le 23 janvier et réunira les acteurs majeurs de communautés touchées par les injustices en Colombie-Britannique.

Aller au-delà des regrets et des malentendus

Cette journée prendra comme point de départ les connaissances et les expériences des communautés touchées par ces injustices, qu’elles aient été passées ou qu’elles perdurent dans la société actuelle. L’idée est donc de comprendre les approches et les efforts qui peuvent soutenir la réconciliation dans la société canadienne. Plus de 120 dirigeants communautaires, responsables gouvernementaux, directeurs de grandes institutions et membres du public prendront part à cette série de discussions.

Pourquoi la Réconciliation ? Le Canada est fondé sur les relations entre les Autochtones et les non-autochtones, mais aussi entre toutes les communautés qui ont construit le pays et ses provinces. Comme le rappelle Rima Wilkes, sociologue à l’Université de Colombie-Britannique « les pensionnats indiens ont été une grande injustice. Ce serait une injustice supplémentaire d’agir comme si cela ne s’était pas produit, faire comme si on ne savait pas et ne pas écouter ce que les gens ont à dire. » Ces pensionnats indiens remontant aux années 1870, subventionnés par le gouvernement ont été établis pour effacer le rôle des parents dans l’épanouissement intellectuel et culturel des enfants autochtones. Plus de 150 000 enfants métis, inuits et membres des Premières nations ont été placés dans ces écoles, souvent contre la volonté de leurs parents. Nombre d’entre eux n’avaient pas le droit de parler leur langue et de conserver leur culture.

Mais comme tient à le souligner le chef Robert Joseph, « le moment est venu d’aller au-delà des “désolés” et des malentendus » Pour celui qui est à l’origine de Réconciliation Canada, il faut multiplier les efforts et renouveler les relations entre les peuples autochtones et non autochtones du Canada. Le chef multiplie d’ailleurs les casquettes : Chef Héréditaire de la Première nation Gwawaenuk, il est aussi l’ambassadeur de la société des survivants aux pensionnats indiens, ainsi qu’un membre de l’Assemblée du Conseil des Premières Nations pour ne citer qu’eux. Mais il insiste, les avancées ne seront possibles « que si elles sont construites sur une base d’ouverture, de dignité et de compréhension commune de nos histoires et de nos cultures ».

Un pont entre l’Histoire et l’actualité

Les participants à la conférence vont travailler collectivement et tenter de trouver des solutions pour relever les défis communs liés aux efforts de réconciliation. Les résultats permettront d’imaginer de nouvelles initiatives pour sensibiliser le grand public aux petites et grandes injustices et mettre en commun les connaissances des uns et autres. Car les injustices, ne font pas seulement partie de l’Histoire.

Robert Joseph, Chef de la Première nation Gwawaenuk. Photo de Reconciliation Canada

Robert Joseph, Chef de la Première nation Gwawaenuk. Photo de Reconciliation Canada

A différentes échelles, elles égrènent le quotidien vancouvérois comme le rappelle Dara Parker, directrice du centre Qmunity qui œuvre pour la communauté Lesbienne Gay Bi Transexuelle (LGBT). « Souvent les vancouvérois de longue date ont cette idée un peu naïve d’une ville parfaite, ouverte, accueillante pour tous. S’il est vrai qu’il y a eu beaucoup de progrès, la communauté reste malgré tout marginalisée. » Elle remarque le cas très actuel de l’Université Trinity Western de Langley, qui vient de recevoir le feu vert pour l’ouverture d’une école de droit malgré son positionnement officiel contre les relations homosexuelles. « De même, la semaine dernière, un jeune homme qui s’est vu refuser la location d’un appartement après avoir signé le bail et déposé la caution parce que le propriétaire avait découvert entre temps qu’il était gay. »

Dara Parker, directrice du centre Qmunity. Photo de Dara Parker

Dara Parker, directrice du centre Qmunity. Photo de Dara Parker

Ces situations ne devraient plus exister aujourd’hui mais la route est longue et l’éducation est le seul moyen de combattre l’ignorance. « c’est pour cela qu’il est très important pour moi de rencontrer ces personnalités qui font connaître l’histoire japonaise, autochtone ou d’autres communauté immigrantes. Car la communauté LGBT fait aussi un peu partie de toutes celles-ci. Le dialogue et l’éducation sont donc primordiaux pour avancer ».

Reconciling Injustices in a Pluralistic Canada
23 janvier à 9h
SFU Harbour Centre