le Jeudi 21 août 2025
le Jeudi 17 juillet 2025 3:19 | mis à jour le 18 août 2025 10:51 Initiative de Journalisme Local

La Kootenay Co-op de Nelson fête 50 ans d’économie circulaire

La Kootenay Co-op a fêté ses 50 ans en juin dernier | Kootenay Co-op
La Kootenay Co-op a fêté ses 50 ans en juin dernier | Kootenay Co-op
La Kootenay Co-op de Nelson fête 50 ans d’économie circulaire
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La  Kootenay Co­-op (KC) de Nelson, créée en 1975 par vingt familles de la région, a su développer un modèle solidaire de magasin d’alimentation. Elle compte aujourd’hui plus de 17 000 membres et affiche un chiffre d’affaires annuel de plus de 28,4 millions.

Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source 

Sur les étalages du marché de producteurs de Nelson, les légumes d’été de la ferme Bent Plow forment une palette de couleurs variées. Choux, navets, carottes et salades romaines se côtoient. Emma Sowiak et Scott Humphries ont emménagé dans les Kootenays en 2018 et cultivent plus de 50 variétés de légumes biologiques sur leur petite exploitation de trois acres. En plus de la vente directe, leurs produits sont également disponibles à la KC.

Scott Humphries, copropriétaire de la ferme Bent Plow, vend ses légumes au marché des producteurs de Nelson | Ferme Bent Plow

La coopérative a célébré son demi-siècle d’existence le 20 juin dernier, lors d’une journée festive et musicale. En créant une économie circulaire où le profit est réinvesti et partagé au sein de la communauté locale, la coopérative s’est imposée comme une alternative durable et viable au commerce de masse. 

Local et biologique

« Tous les ans, notre chiffre d’affaires augmente à la Co-op. Non seulement ils nous passent des commandes hebdomadaires, mais ils récupèrent également nos excédents de production, comme la bette à carde », explique Emma Sowiak, copropriétaire de la ferme Bent Plow. 

Tout comme elle, cent trente-cinq producteurs locaux y vendent leurs produits. Le programme du magasin, « True Local » (100 % local), atteste que ces fermes sont situées dans un rayon de 160 kilomètres autour de Nelson. D’après le dernier rapport d’impact de la coopérative, 3,7 millions de dollars ont été redistribués à ce réseau de fermiers pendant l’année financière 2023-2024.

Emma Sowiak, copropriétaire de la ferme Bent Plow à Nelson, porte fièrement l’un de ses choux-fleurs violets | Ferme Bent Plow

Amanda Verigin, la directrice du marketing de la KC, souligne que son entreprise a à cœur de soutenir le réseau local. « Nous essayons d’agir en tant qu’incubateur pour les producteurs locaux, en maintenant  des marges minimales de profit sur leurs produits. »

La condition pour y vendre ses produits : être certifié en agriculture biologique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la coopérative a été créée. Un groupe d’amis a décidé d’acheter en gros des produits biologiques à Vancouver, ce qui leur a permis de bénéficier de tarifs avantageux. Le groupe s’est agrandi depuis et le magasin a changé trois fois de lieu. 

« Si des petites fermes comme les nôtres réussissent à prospérer dans cet environnement de montagne, peu favorable à l’agriculture, c’est en partie grâce à la Co-op », fait savoir Emma Sowiak. « Ça nous permet d’entretenir une communauté soudée et en osmose. »

Pas de PDG

Aujourd’hui, la KC génère 28,4 millions en ventes annuelles. Les profits sont réinvestis directement dans la coopérative, soit par le biais des salaires du personnel, des produits offerts, de dons aux organismes locaux ou encore par la réduction des prix pour les membres. 

En moyenne, l’épicerie emploie entre 145 et 155 personnes. « Être un bon employeur est une valeur qui nous tient à cœur. Nous avons des employés qui sont avec nous depuis 30 ans, ce qui montre que notre culture et notre modèle fonctionnent bien », souligne Amanda Verigin. 

La KC n’a pas de président-directeur général, mais plutôt un comité de direction élu parmi ses 17 000 propriétaires. L’adhésion, qui coûte 50 dollars, est valable à vie. Les membres peuvent ainsi profiter de rabais sur certains articles et participer aux décisions prises en assemblée générale.

Bien que son modèle économique ait fait ses preuves, la KC doit constamment s’adapter pour faire face aux défis qui se présentent. Selon la directrice du marketing, la coopérative devra, dans les prochaines années, réévaluer sa distribution en tenant compte des aléas météorologiques extrêmes, comme les feux de forêt.

« Au-delà de vendre de bons produits, l’enjeu principal est de renforcer la distribution. Nous pouvons très rapidement être isolés ici, alors l’idée est de continuer à investir pour développer notre résilience alimentaire », affirme Amanda Verigin.