le Jeudi 21 août 2025
le Vendredi 25 juillet 2025 22:53 | mis à jour le 25 juillet 2025 23:02 Initiative de Journalisme Local

Une montée inquiétante de la maltraitance envers les aînés en C.-B.

Selon BC Seniors Advocate, les formes les plus répandues de maltraitance en C.-B. sont les abus financiers, psychologiques et de négligence | Unsplash, Matt Bennett
Selon BC Seniors Advocate, les formes les plus répandues de maltraitance en C.-B. sont les abus financiers, psychologiques et de négligence | Unsplash, Matt Bennett
Une montée inquiétante de la maltraitance envers les aînés en C.-B.
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Les atteintes envers les aînés en Colombie-Britannique ont connu une hausse importante au cours des cinq dernières années, notamment en matière d’abus financiers, psychologiques et de négligence.

Marie-Paule Berthiaume – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Quatre groupes de défense des aînés — Office of the Seniors Advocate, Seniors First BC, BC Association of Community Response Networks et Family Caregivers of BC — ont tiré la sonnette d’alarme lors de la Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des aînés, en juin dernier.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit la maltraitance des aînés comme « un acte unique ou répété, ou l’absence d’intervention appropriée, qui se produit dans toute relation où il existe une attente de confiance et qui cause un préjudice ou une détresse à une personne âgée ».

Selon l’OMS, la maltraitance peut prendre différentes formes, notamment « les violences physiques, sexuelles, psychologiques ou morales; les abus matériels et financiers; l’abandon, la négligence; et l’atteinte grave à la dignité ainsi que le manque de respect ».

Dan Levitt, défenseur des aînés chez BC Seniors Advocate | BC Seniors Advocate

Une tendance préoccupante

Dan Levitt, défenseur des aînés chez BC Seniors Advocate, explique que son organisme observe de près l’impact des politiques provinciales sur les personnes âgées en publiant chaque année un rapport sur les services de santé, le logement, les transports, les revenus et les services communautaires.

Il affirme que la maltraitance envers les aînés touche l’ensemble des régions de la province. « Entre 2019 et 2024, le nombre d’appels reçus par la ligne téléphonique Seniors Abuse and Information Line (SAIL) a connu une hausse de 28 %. Cette augmentation est particulièrement préoccupante, car les signalements d’abus ont également augmenté, en l’occurrence de 92 % », indique-t-il, précisant que les organismes voués à la cause ont enregistré une hausse de 21 % des signalements de négligence ou d’autonégligence par rapport à 2019, soit plus de 2 300 cas.

Le défenseur des aînés précise que cette hausse est multifactorielle. « D’une part, la population vieillit rapidement, ce qui accroît le nombre potentiel de victimes. D’autre part, la pandémie de COVID-19 a exacerbé l’isolement social, ce qui a rendu les personnes âgées encore plus vulnérables aux abus, notamment financiers. Les personnes âgées sont souvent considérées comme étant plus confiantes envers les autres, moins habiles avec la technologie, et donc plus faciles à tromper. »

Marie-Noël Campbell, directrice générale et avocate chez Seniors First BC | courtoisie

Des proches souvent en cause

Marie-Noël Campbell occupe les postes de directrice générale et d’avocate au sein de Seniors First BC, un organisme à but non lucratif qui chapeaute la ligne d’entraide SAIL et offre un soutien juridique en plusieurs langues. Elle indique que plus de 75 % des aînés qui contactent SAIL vivent encore de manière indépendante. 

Tout comme Dan Levitt, elle croit que, contrairement à l’idée reçue selon laquelle les arnaques proviennent principalement d’étrangers malveillants, les abus sont aussi perpétrés par des membres de la famille, des amis ou des personnes de confiance. 

La directrice générale ajoute que les aînés dépendent grandement de leur entourage, des aidants naturels qui traversent souvent eux-mêmes des crises. 

« Les membres de l’entourage, face à leurs propres difficultés — qu’il s’agisse de dépendances, de problèmes de santé mentale ou de précarité financière — deviennent, parfois malgré eux, une source de maltraitance envers les aînés dont ils ont la charge ou qu’ils côtoient au quotidien », indique l’avocate.

Marie-Noël Campbell, tout comme Dan Levitt, appelle à la vigilance et à l’action collective. « Nous avons tous un rôle à jouer en encourageant les aînés à parler ou à demander conseil, car la honte, la peur ou le désir de protéger un proche abusif freinent souvent les signalements. C’est pourquoi il est important d’avoir un environnement bienveillant et des ressources à portée de main. De rester attentif aux signes pouvant révéler une situation de maltraitance tels que d’abus physiques, comme les ecchymoses, d’isolement social, de changements dans la gestion financière ou encore de perte progressive d’autonomie.  »

Dan Levitt plaide quant à lui pour une ligne téléphonique provinciale semblable à celle qui existe pour la protection de l’enfance et un meilleur suivi des données recueillies.

« Les services offerts sont de qualité, mais ils sont également insuffisants face à la demande croissante. Nous devons améliorer les mécanismes de signalement et la coordination entre les groupes de défense des aînés. Et surtout, s’assurer d’envoyer un message clair : la maltraitance des aînés est inacceptable », conclut-il.

Pour joindre la ligne d’entraide SAIL : 604 437-1940 (Grand Vancouver) ou 1 866 437-1940 (numéro sans frais, Amérique du Nord).